dimanche 19 mai 2013

Les MOOCs (Massive Open On line Course) paraissent être une tendancelourde, resté à trouver un Business modèle

Apprendre à créer : un MOOC pour les (futurs) entrepreneurs

Emlyon Business School met en ligne un MOOC, cours gratuit en ligne, dédié à l’entrepreneuriat. Une approche qui met à l’honneur l’observation sur le terrain et l’expérience partagée entre entrepreneurs.



Le MOOC, une nouvelle manière d'apprendre à entrep
Crédits photo : EM Lyon
Le MOOC, une nouvelle manière d'apprendre à entreprendre



L'entrepreneuriat n'est pas réservé à une élite ayant fréquenté les écoles de commerce, ni aux fils et filles de chef d'entreprise. « Nous sommes tous capables d'entreprendre ! lance Philippe Silberzahn, professeur à̀ Emlyon Business School, une structure dédiée à l'apprentissage du management entrepreneurial et international tout au long de la vie.
Mais contrairement à ce que l'on peut imaginer, il ne suffit pas d'attendre l'idée géniale ou de construire le business plan imparable pour mettre en route un projet d'entreprise.». Cet expert de la création d'entreprise croit fortement à la force de l'exemplarité. Selon lui, celle-ci ne peut s'incarner que sur un mode collaboratif entre entrepreneurs déjà en activité et ceux en devenir.
Et c'est là que le MOOC entre en scène. Cet acronyme, qui signifie “massive open online course”, est éventuellement francisé sous l'appellation CLOM ou “cours en ligne ouverts et massifs”.
Il s'agit d'un nouvel outil d'apprentissage ouvert à tous et gratuit, où le savoir est partagé entre les participants sur le principe de l'interactivité.  Cette initiative consiste à rompre avec l'image figée de l'enseignant dispensant ses cours à une classe de cinquante élèves passifs. Elle vise au contraire à ouvrir la connaissance au plus grand nombre, qui peut alors atteindre des milliers de personnes.

L'entrepreneuriat, une matière vivante


L'effectuation et ses 5 clés pour créer
Cette méthode, basée sur l'observation – ou “effectuation”, dans le jargon entrepreneurial –, s'appuie sur le terrain et défend l'idée d'un entrepreneuriat accessible à tous. Elle invite les “élèves” à s'interroger sur leurs pratiques, et les créateurs d'entreprise ainsi que ceux qui les accompagnent à découvrir d'autres méthodes de pensée et d'action. « Elle permet d'affiner les idées, de les modifier, de les faire évoluer grâce à cet échange permanent. L'entrepreneuriat ne reste pas dans des concepts figés mais devient une matière vivante, prend vie dans la pratique du quotidien », promet Philippe Silberzahn.
Cette approche séduit. Elle ne donne pas un mode d'emploi mais montre, par l'exemple, une façon de faire que peuvent s'approprier les autres entrepreneurs et les appliquer à leur projet. Une véritable source d'inspiration !

Au programme, vidéos et interactivité

Comment cela fonctionne-t-il ? Les premiers cours en ligne concoctés par Emlyon Business School commencent dès le 4 novembre et durent cinq semaines. Ils débouchent sur l'obtention d'un certificat. Ce module comporte la formule classique de vidéos, découpées en sept à huit thématiques d'une durée de dix minutes, « temps maximal pour capter l'attention », précise le formateur. Un questionnaire permet, à la fin, de valider les acquis.
Le deuxième volet est ancré, lui, dans l'interactivité, un moment où les entrepreneurs vont se mettre en réseau, étudier des cas d'entreprises, se corriger mutuellement, se donner des conseils, et même soumettre leur projet afin d'obtenir le retour des participants. Du concret et rien que du concret !



Une formule souple qui renforce l'envie d'entreprendre

« C'est une démarche qui facilite et ne décourage pas l'envie d'entreprendre », complète Philippe Silberzahn. Également, une formule idéale, selon lui, pour tous ceux qui veulent monter un projet au sein de leur entreprise, même en tant que salarié, ou bien un projet associatif au cœur de leur quartier, et qui n'ont pas le temps de s'investir dans la création autrement que le soir ou les week-ends. Une souplesse qui plaît : même si elle ne garantit pas la réussite, elle augmente les chances d'y accéder.
Mais que devient alors la place du professeur dans ce magma de connaissances on-line ? Derrière l'anonymat de son écran d'ordinateur, il surveille le bon déroulement du processus, jette un œil aux échanges entre participants, intervient si nécessaire dans les corrections. « Les participants peuvent parfois commettre des erreurs d'appréciation : soit ils corrigent trop gentiment, soit trop sévèrement. J'interviens alors pour rectifier le tir, valider ou non certains retours. »
Si vous manquez le module de novembre, pas de panique ! Le prochain aura lieu en février. Car pour progresser, le principe reste l'assiduité... comme à l'école !Certains cours de Harvard, Stanford et du MIT sont désormais accessibles gratuitement sur Internet et esquissent la démocratisation de l'enseignement.

L'éducation n'a guère changé depuis cinq cents ans : le savoir se transmet essentiellement en classe, par l'intermédiaire d'un professeur, d'un tableau noir et de livres. A voir le débat qui est en train d'enflammer l'Amérique sur l'éducation en ligne, Internet pourrait néanmoins rapidement changer la donne : « Cette innovation a le potentiel de créer d'immenses opportunités pour les étudiants, les employeurs et les professeurs, quitte à compromettre le modèle économique des grandes universités », estime André Dua, directeur chez McKinsey à New York.
L'éducation en ligne connaît un essor phénoménal : créé il y a à peine un an, le site Coursera, qui offre gratuitement des cours d'une soixantaine d'universités (Stanford, Berkeley, Princeton, MIT, etc.) attire plus d'internautes que Facebook et Twitter ne l'avaient fait au cours de leur première année. Les étudiants qui se sont inscrits sur le site s'élèvent à plus de 3,5 millions. Sans rien dépenser, ceux-ci peuvent accéder aux meilleurs professeurs du monde. Polytechnique sera d'ailleurs la première école française à y proposer certains cours, à la rentrée prochaine.
Dans certains pays, l'éducation en ligne semble quasi salvatrice : «J'ai découvert que la plupart de mes étudiants n'avaient pas le choix entre un cours en ligne et une université traditionnelle, mais entre un cours en ligne et rien du tout », indique Mitchell Duneier, professeur de sociologie à l'université de Princeton. Aux Etats-Unis, l'éducation en ligne intéresse aussi les salariés qui veulent compléter leur formation, sans pour autant retourner sur les bancs de l'école.
Les enseignants, eux, trouvent une audience qu'ils n'auraient jamais pu espérer dans un amphithéâtre.
A Stanford, le cours du professeur Andrew Ng sur l'intelligence artificielle a ainsi réuni 160.000 étudiants, dans 190 pays différents. Diplômé de Supélec, Siamac Mirzaie y a participé, à raison d'environ dix heures de travail par semaine, pendant dix semaines : « Le cours est extraordinaire. Les points à apprendre sont présentés en séquence de dix minutes. Des quizz sont proposés entre chacun d'entre eux pour maintenir la concentration. » La formation ne donne pas droit à un diplôme de Stanford, ni même à l'un de ses crédits. Mais Siamac Mirzaie dispose d'un certificat de Coursera attestant son succès aux examens.
Un pari financier osé
Aux Etats-Unis, le marché de l'éducation en ligne se partage pour l'instant entre trois start-up : Coursera et Udacity sont nés en Californie, à l'ombre de Stanford. EdX, quant à lui, a été créé conjointement par le MIT et Harvard. A eux trois, ces sites comptent déjà près de 4 millions d'étudiants. Mais leur rentabilité est encore loin d'être assurée. « Nous ne prétendons pas être rentables dans les deux ans qui viennent », indique Daphne Koller, fondatrice de Coursera et professeur à Stanford. « La priorité est de bâtir la plate-forme d'enseignement la plus large au monde. » Financièrement, le pari est osé : les cours sont gratuits lorsqu'ils sont utilisés par des individus. Ils ne deviennent payants que lorsqu'une université - celle de San Jose par exemple - achète les cours d'une autre - Stanford ou Harvard - pour permettre à ses élèves de suivre un cursus en ligne.
On n'en compte qu'une poignée aujourd'hui : l'université du Colorado, par exemple, offre un crédit à ses étudiants pour un cours de programmation informatique de Stanford. Compte tenu de la rigueur budgétaire, d'autres universités pourraient néanmoins sauter le pas et faire l'économie de certains recrutements. « Toutes les universités peuvent s'y retrouver. Les seules qui vont souffrir, ce sont celles qui regardent passer les trains en pensant qu'il s'agit d'un simple effet de mode », estime Daphne Koller. ry Summers : « Les avantages pour Harvard compensent largement les risques »



Les universités américaines pionnières de l'éducation en ligne
Larry Summers est professeur d'économie à l'université Harvard et ancien président de cette université. Il a été secrétaire au Trésor de Bill Clinton et conseiller économique de Barack Obama. Il est l'un des plus fervents militants de l'enseignement sur Internet. Larry Summers préside le comité consultatif du projet Minerva, une université en ligne qui sera lancée en 2015 et qui prétend concurrencer à terme les plus grandes universités américaines. Elle disposera d'antennes physiques, partout dans le monde, et espère regrouper des dizaines de milliers d'élèves, parmi les meilleurs de tous les pays.

A votre avis, quelle sera l'influence de l'éducation en ligne dans les dix ans à venir ?
Je prends le pari qu'elle va devenir prépondérante. Les cours en ligne vont transformer l'éducation en profondeur, de toutes sortes de manières, à un point que nous ne pouvons pas encore imaginer. Beaucoup d'étudiants feront le choix d'étudier et de suivre des cours de chez eux. Sur les campus, les leçons se feront souvent par vidéo. Les classes, en revanche, feront la part belle au débat et au travail en équipe. Elles seront de moins en moins ce lieu où les élèves acquièrent le savoir, de manière passive. C'est ce qu'on appelle l'enseignement renversé. L'intégration des savoirs deviendra solitaire, par Internet, et leur application se fera par équipe, autour d'un professeur.
Pensez-vous que ces formations sur Internet soient reconnues par les employeurs ?
Ce n'est peut être pas encore le cas mais je pense que la logique des entreprises va rapidement changer : elles se concentreront bientôt sur les compétences des étudiants, et non plus sur le lieu et la manière dont ils les ont acquises.
Il n'y aura donc plus d'intérêt à payer des dizaines de milliers de dollars pour décrocher un MBA à Harvard…
Nos étudiants pensent que le fait d'appartenir à la communauté d'Harvard reste leur meilleur atout. La chance de pouvoir constituer un réseau exceptionnel, de faire des voyages d'étude, de rencontrer des professeurs de renom et des personnalités gouvernementales est irremplaçable. Cela demande une présence réelle, et non virtuelle.
Harvard ne prend donc aucun risque à offrir ses cours gratuitement ?
Il y a toujours un risque. Mais les avantages à répandre le savoir, à améliorer les méthodes d'enseignement, à étendre son influence bien au-delà de son campus compensent largement ces risques. Le modèle économique reste à trouver : je pense que beaucoup d'universités vont offrir leurs cours aux étudiants, mais feront payer les examens, la délivrance d'un certificat de réussite et la pédagogie directe.
Vous participez aussi au projet Minerva, un projet d'université en ligne qui aura des antennes physiques partout dans le monde et qui prétend concurrencer les plus grandes écoles américaines. Qu'en attendez-vous ?
Minerva a la capacité de créer un nouveau modèle d'enseignement supérieur, qui obligera les étudiants à voyager davantage, à mieux préparer leur carrière et à recevoir un enseignement moins passif qu'aujourd'hui. Le prix sera inférieur à celui des grandes universités américaines. A court terme, je ne pense pas qu'il puisse prétendre concurrencer les universités de l'Ivy League. Mais il aura l'avantage d'être accessible à des dizaines de milliers d'étudiants du monde entier, qui ne peuvent pas se permettre d'aller dans les grandes universités américaines, du fait de leur prix ou de leurs effectifs réduits.

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