vendredi 31 janvier 2014

Culture de l'innovation chez Google


Matin de l'innovation de l'Essec
 "A culture of innovation and impact on branding" était présentée par Frédéric Groussolles, enteprise sales, Head of telecom/media, Google.

www.youtube.com/watch?v=nKcnVzWypgA&feature=youtu.be

Coree; lancement de la 5 G











Thierry Bardy - tags: 5G , Corée

Le gouvernement Correen a annoncé mercredi le déblocage de 1,1 milliard d’euros (1 600 milliards de wons) pour la mise en place d’un réseau de cinquième génération. Si les moyens mis sur la table sont conséquents, l’initiative n’est pas très étonnante de la part d’un pays souvent en pointe dans les télécoms, et qui abrite deux des cinq principaux fabricants de mobiles au monde, Samsung et LG.
Premiers tests en 2017
« Nous avons contribué à la croissance du pays avec la 2G dans les années 90, avec la 3G dans les années 2000 et la 4G vers 2010. Il est temps à présent de se mettre en mouvement pour développer la 5G », a précisé le ministère des Sciences dans un communiqué.
L’Etat compte associer les principaux opérateurs télécoms du pays, comme SK Telecom et Korea Telecom, ainsi que les fabricants dans le projet. Les équipementiers nationaux, qui ont une part de marché limitée au niveau mondial, sont également invités à travailler sur ce nouveau réseau pour gagner en compétences et mieux s’exporter à l’avenir. Un service de test sera mis en place dès 2017 pour une commercialisation à partir de 2020.
Théoriquement, la 5G va pouvoir fournir des débits 10 à 100 fois plus rapides qu’aujourd’hui, permettant ainsi de dépasser facilement le Gigabit par seconde.
Actuellement, le débit théorique maximum en 4G s’élève à 150 Megabits par seconde.
L’objectif n’est pas simplement de pouvoir télécharger ou de surfer plus vite sur le web. La 5G sera surtout utile pour gérer les milliards d’objets connectés en usage à cet horizon, et la masse de données mobiles qu’ils supporteront, tout en consommant moins d’énergie.

L’Europe aussi sur les rangs
La Corée n’est pas la seule à s’intéresser au futur de l’Internet mobile. De nombreuses entreprises du secteur travaillent déjà sur la 5G. L’équipementier chinois Huawei avait fait sensation en octobre en annonçant une enveloppe de 600 millions de dollars d’investissements (442 millions d’euros), pour un lancement commercial en 2020 également. Samsung lui-même avait effectué, avec succès, ses premiers tests au mois de mai 2013.
Sur le Vieux Continent, les choses bougent aussi. Il s’agit d’un partenariat public-privé doté de 700 millions d'euros de budget, qui rassemble à la fois des équipementiers comme Alcatel-Lucent, NSN, Ericsson, et des industriels comme Thales et Orange.
Pour l’Europe, les enjeux économiques sont importants. Après avoir raté le coche dans la 4G, il n’est pas question de rater le train du futur des réseaux.
Le gouvernement coréen va investir 1,1 milliard d’euros dans la nouvelle génération de l’Internet mobile. Les premiers usages commerciaux ne débuteront pas avant 2020.
Alors que la bataille fait rage en France pour le déploiement de la 4G, de l’autre côté de la planète, en Corée du Sud, c’est la 5G qui est déjà au centre de toutes les attentions.
Le gouvernement a annoncé mercredi le déblocage de 1,1 milliard d’euros (1 600 milliards de wons) pour la mise en place d’un réseau de cinquième génération. Si les moyens mis sur la table sont conséquents, l’initiative n’est pas très étonnante de la part d’un pays souvent en pointe dans les télécoms, et qui abrite deux des cinq principaux fabricants de mobiles au monde, Samsung et LG.
Premiers tests en 2017
« Nous avons contribué à la croissance du pays avec la 2G dans les années 90, avec la 3G dans les années 2000 et la 4G vers 2010. Il est temps à présent de se mettre en mouvement pour développer la 5G », a précisé le ministère des Sciences dans un communiqué. L’Etat compte associer les principaux opérateurs télécoms du pays, comme SK Telecom et Korea Telecom, ainsi que les fabricants dans le projet. Les équipementiers nationaux, qui ont une part de marché limitée au niveau mondial, sont également invités à travailler sur ce nouveau réseau pour gagner en compétences et mieux s’exporter à l’avenir. Un service de test sera mis en place dès 2017 pour une commercialisation à partir de 2020.

Théoriquement, la 5G va pouvoir fournir des débits 10 à 100 fois plus rapides qu’aujourd’hui, permettant ainsi de dépasser facilement le Gigabit par seconde. Actuellement, le débit théorique maximum en 4G s’élève à 150 Megabits par seconde. L’objectif n’est pas simplement de pouvoir télécharger ou de surfer plus vite sur le web. La 5G sera surtout utile pour gérer les milliards d’objets connectés en usage à cet horizon, et la masse de données mobiles qu’ils supporteront, tout en consommant moins d’énergie. L’Europe aussi sur les rangs
La Corée n’est pas la seule à s’intéresser au futur de l’Internet mobile. De nombreuses entreprises du secteur travaillent déjà sur la 5G. L’équipementier chinois Huawei avait fait sensation en octobre en annonçant une enveloppe de 600 millions de dollars d’investissements (442 millions d’euros), pour un lancement commercial en 2020 également. Samsung lui-même avait effectué, avec succès, ses premiers tests au mois de mai 2013.
Sur le Vieux Continent, les choses bougent aussi. Il s’agit d’un partenariat public-privé doté de 700 millions d'euros de budget, qui rassemble à la fois des équipementiers comme Alcatel-Lucent, NSN, Ericsson, et des industriels comme Thales et Orange. Pour l’Europe, les enjeux économiques sont importants. Après avoir raté le coche dans la 4G, il n’est pas question de rater le train du futur des réseaux.

Réflexion sur la place de la famille dans un Monde connecté









Thierry Bardy - Tags: famille, écrans TV, relation é
changes ... 

Après les relations 2.0, thème traité lors de la 1ère table ronde, le Digital Society Forum s'est penché sur celui de «la famille connectée». Le 10 juillet 2013, la deuxième table ronde a réuni, autour de Christine Albanel, Directrice Exécutive Événements d’Orange, Partenariats culturels et institutionnels et Solidarité, Vivek Badrinath, directeur général adjoint, innovation, technologie et expérience client et Brigitte Dumont, directrice de la responsabilité sociale : Stefana Broadbent, anthropologue, Michelle Gilbert, directrice de la communication de Facebook France, Daniel Kaplan, cofondateur et délégué général de la Fing, Anne-Sylvie Pharabod, sociologue Orange Labs, Etienne Thierry, journaliste venu faire part d’une expérience de blog et Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, corédacteur du rapport de l’Académie des Sciences L’enfant et les écrans.
Animé par Arnaud de Saint Simon, directeur du groupe Psychologies, le débat s’est déroulé autour de trois thèmes : « l’organisation des écrans dans la vie de la famille», «l’éducation» et «la dynamisation des échanges au sein de la famille élargie».

Le débat s’est déroulé autour de trois thèmes :
« l’organisation des écrans dans la vie de la famille», «l’éducation» et «la dynamisation des échanges au sein de la famille élargie»

En préambule et en écho à l’interview donnée par François de Singly pour le Digital Society Forum, Anne-Sylvie Pharabod pointe les principales mutations de la famille contemporaine marquée, à la fin des années 60, par la fin de l’autorité patriarcale et, à partir de 1970, par le partage de l’autorité parentale entre les deux conjoints. L’émancipation des femmes introduit une force au sein des familles : la reconnaissance, pour chaque membre du foyer, d’une dynamique personnelle et d’une vie extérieure. Cette authenticité des rapports interpersonnels entraîne de facto une fragilisation des liens conjugaux et une centralisation sur le lien aux enfants. Ces mutations ont été ensuite amplifiées par l’arrivée, en deux phases, du numérique : dans les années 90, l’individualisation des terminaux avec notamment le téléphone mobile, puis, dans les années 2000, la déterritorialisation des connexions et la multifonctionnalité des outils entraînant une opacité de la vie personnelle menée au sein du foyer. Les sociologues qui se sont penchés sur la question montrent que les outils deviennent alors un prolongement du mode de relation : les couples fusionnels fusionnent plus, les couples indépendants sont plus indépendants et les foyers où l’on surveille beaucoup, surveillent encore plus…
Cette mutation de la famille contemporaine est également marquée par la baisse du temps collectif. En revanche, la famille est devenue élective et les outils numériques nourrissent ces moments de complicité. Cela dit, un chiffre important est à retenir : en France, 33% des foyers est composé d’une seule personne, 33% de deux personnes, 33% de trois personnes et plus. Ce qui signifie qu’un nombre important de personnes sont concernées par des liens forts qui ne se vivent pas à l’intérieur d’un foyer.
Enfin, il faut noter une autre tendance forte, celle de la désynchronisation des temps sociaux : les emplois du temps sont de moins en moins alignés notamment dans les familles les plus démunies, travaillant davantage en temps partiels. Les outils servent alors à y palier.

L’ORGANISATION DES ÉCRANS DANS LA VIE DE LA FAMILLE


Stefana Broadbent
« Avant, avec la télévision, c’était une lutte autour des contenus ; maintenant c’est une lutte autour de l’attention. Se donner de l’attention est un élément essentiel de l’équilibre social et par conséquent un point de conflit très fort. Je me suis intéressée à la constitution des espaces à l’intérieur de la maison, et, si on regarde leur évolution, on observe que la maison s’est vidée peu à peu de toutes les activités de travail, hormis le travail social qui est de donner de l’attention à l’autre. On a donc créé des espaces, des canapés… pour se donner de l’attention mutuellement, dans lesquels sont arrivés les outils numériques, ce qui a créé une tension entre l’attention et l’individualisation.
On voit aussi que l’espace de loisir – qui se joue de plus en plus dans le virtuel - devient l’espace de la maison parce que fondamentalement on ne peut pas s’y permettre autre chose. À la question : comment se fait-il que ce sont les personnes les moins privilégiées qui ont les écrans les plus grands ?, on ne peut que répondre : parce que la seule chose qu’ils font c’est précisément de rester à la maison ! » Du coup, la scission qu’on observera dans quelques années s’établira entre authenticité et virtuel, entre les personnes qui pourront avoir une expérience directe de la musique par exemple et ceux qui n’en auront que l’accès digital. L’authenticité va devenir un luxe. »

Vivek Badrinath
« Nous parlons en fait de la simultanéité : tout le monde, réuni dans un même lieu, fait la même chose dans le même temps. Ces trois dimensions, les outils numériques les séparent et créent trois dislocations : la désynchronisation, la dislocation de l’espace, et l’unicité des contenus : on peut être côte à côte à faire des choses différentes tout en ayant l’impression de partager un moment.
Par ailleurs, les technologies ont créé une intensification de la qualité de l’image et de l’expérience. On l’a vu notamment en entreprise avec la visioconférence. Elle est passée d’un gadget d’entreprise pendant des années à un vecteur de renforcement de l’intensité d’échanges. »

Serge Tisseron
« Dans l’ancien temps, on se réunissait pour essayer de créer les conditions d’être bien ensemble ; maintenant, c’est parce qu’on est bien ensemble qu’on se met dans la même pièce pour faire chacun des activités différentes. Cependant, dans les familles où les relations sont tendues, les technologies vont au contraire encourager l’isolement. Les outils numériques sont donc des accélérateurs de particularité : si vous vous entendez bien, vous allez multiplier les occasions d’être ensemble, si vous ne vous entendez pas bien, vous allez multiplier les occasions de ne pas être ensemble.
Par ailleurs, sur la question du patriarcat, il faut comprendre que les petits enfants d’aujourd’hui ont affaire à des parents qui admirent ce qu’ils ne savent pas faire. Du coup, les enfants grandissent avec l’impression qu’ils auraient des compétences que leurs parents n’ont pas, ce qui a des conséquences très importantes sur l’autorité : les enfants construisent la relation à l’adulte sur le modèle qui n’est plus de soumission à l’autorité, mais de domaines d’autorité. Ce qui a des répercussions dans le domaine de la construction de la subjectivité. Le fait que beaucoup de jeunes fondent leur entreprises est le signe que les angoisses œdipiennes – c’est-à-dire les difficultés à pouvoir penser qu’on pourrait faire mieux que le parent et notamment mieux que le père –sont très réduites aujourd’hui par rapport à ce qu’elle était par le passé. De plus, dans la mesure où Internet multiplie les figures identificatoires, les enfants ne grandissent plus avec des parents modèle masculin/modèle féminin. Cela dit, je ne pense pas que les enfants aient plus de compétences sur les technologies numériques mais ils ont une curiosité décomplexée qui les conduits à s’y engager beaucoup plus facilement. »

L’ÉDUCATION


Serge Tisseron
L’inquiétude des parents paraît exploser au moment de la préadolescence et de l’adolescence davantage vis à vis des jeux vidéo que des réseaux sociaux, ceux-ci induisant une relation. Ils craignent une addiction, un mot actuellement considéré comme très impropre pour définir la surconsommation d’écrans. Fréquemment, le basculement d’un jeune dans le jeu excessif correspond à de grands moments de crise familiale, un décès, l’annonce de la séparation des parents, une déception amoureuse ou des situations de harcèlement scolaire.
Mais souvent les parents ne font pas de relation entre la manière dont leur enfant tout petit a consommé les médias numériques, et la façon dont il a évolué. Toute la difficulté sera de leur expliquer qu’il sera très difficile de réguler le temps d’écran d’un enfant de 14 ans qui a eu la télévision dans sa chambre à 4 ans et un ordinateur relié à Internet à 8 ans. D’où la campagne « 3, 6, 9, 12 » qui sera lancée à l’automne, qui, en fonction de chaque tranche d’âge explique ce dont l’enfant a besoin et donne des conseils spécifiques et généraux : à tout âge, limiter le temps d’écran, surveiller et veiller à la qualité des programmes, discuter avec l’enfant de ce qu’ils regardent, chacun. On profite encore mieux des technologies numériques quand elles sont introduites au bon moment, et notamment après qu’un certain nombre de repères aient été acquis par l’enfant (spatiaux, temporels, culturels). Les ados qui sont perdus dans Internet, qui sont ultra dépendants du téléphone mobile n’ont pas ces repères ; les écrans sont pour eux un éternel présent.
C’est important de donner des conseils parce que les gens sentent bien qu’il y a trop d’écrans dans leur vie, mais ils ne voient pas comment résoudre ce problème. D’autant plus que beaucoup sont en surconsommation d’écrans pour échapper à des questions angoissantes : des souffrances de la vie quotidienne, l’angoisse du chômage, la précarité, etc.

Michelle Gilbert
« Pour Facebook, la pédagogie est vraiment une priorité. Avant tout, les enfants ne peuvent s’y inscrire qu’à partir de 13 ans et, de plus, Facebook a instauré des paramètres de sécurité de 13 à 18 ans. D’où l’importance d’indiquer son âge quand on s’inscrit.
C’est aussi la responsabilité de Facebook d’accompagner les parents, les enfants et les enseignants : nous avons mis sur le site des consignes et faisons des campagnes publicitaires pour promouvoir ces contenus. Mais je pense que c’est en travaillant les uns avec les autres et avec les experts que nous pourrons montrer la bonne utilisation de nos outils, comme partager les tableaux du Louvre avec n’importe qui, n’importe où et à n’importe quel moment, composer une chanson en créant un groupe constitué de personnes de pays différents, faire un journal de bord pour un enseignant en classe de mer… »

Stefana Broadbent
« Ce que nous constatons c’est une espèce de stéréotypisation des genres de communication – toutes les images se ressemblent, tout se ressemble – et ça va très vite.. Je pense qu’un certain genre de communications sur Facebook est peut-être davantage établi pour une population plus âgée, qui a plus à partager, qui veut partager des contenus et pas seulement des images de soi. C’est, avec la succession des générations – on n’a pas envie d’être sur le même réseau social que ses parents – ce qui explique la poussée d’autres réseaux sociaux comme Instagram. »

LA DYNAMISATION DES ÉCHANGES


Anne-Sylvie Pharabod
« Les outils permettent un continuum de la vie familiale entre les enfants et les parents séparés. Pour l’instant, il y a très peu d’études sur l’accompagnement éducatif d’un enfant partagé entre deux résidences, qui indiqueraient si des usages particuliers d’espaces communs hors des foyers ou pas se mettent en place et quelles sont les possibilités du numérique de maintenir des liens. Cependant, comme le rappelle François de Singly, aujourd’hui, pour un adolescent, ne plus avoir sa chambre n’est pas si grave à partir du moment où il a ses outils numériques. »

Stefana Broadbent
« De nombreuses études de familles transnationales ont permis d’observer que l’un des changements les plus importants de ces dernières années c’est Skype et la possibilité de maintenir un contact quotidien et très fort avec des enfants qu’on a laissés au pays pendant trois, quatre ou cinq ans. Il y a une illusion d’intimité très idéalisée, et tout d’un coup, quand ils se retrouvent, des questions de contrôle et d’autorité se posent. Cela s’accompagne souvent d’un phénomène qu’on oublie qui est le rôle de l’enfant qui reçoit de l’argent et qui perd ce « rôle économique » dès qu’il retrouve ses parents. Je trouve que ces cas d’éloignement extrêmes sont très importants pour comprendre les cas d’éloignement partagés. »

Serge Tisseron
« Toutes proportions gardées, c’est quelque chose qu’on a connu dans le passé avec les longues correspondances épistolaires. La littérature est pleine de gens qui communiquent longtemps par lettre et, quand ils se retrouvent, n’ont rien à se dire parce qu’ils ne correspondent pas du tout à l’image qu’ils ont l’un de l’autre… Internet et Skype permettent de communiquer très facilement mais dans une façon qui est de se conforter dans la représentation qu’on a de l’autre. Ce qui va demander de la souplesse psychique au moment de la rencontre réelle. »

Etienne Thierry
« Je peux témoigner de la manière dont Internet, et plus précisément la création d’un blog, a participé au dévoilement de l’intimité. J’ai une petite fille, mon premier enfant, qui est arrivée le 29 mars avec deux mois et demi d’avance. L’histoire se termine bien, mais les premiers jours, on ne savait pas si ma compagne allait s’en sortir. Les cinq-six premiers jours ont été assez compliqués à vivre sur le plan émotionnel car nous devions aussi rassurer la famille et les amis. On avait deux journées en une, l’autre commençant à partir de 18 h avec des appels où nous réexpliquions à chaque fois les choses. De plus, les gens avaient besoin qu’on les rassure, ce qui était totalement impossible puisque les médecins ne nous rassuraient pas. C’était très fatiguant nerveusement. Heureusement, la psychologue du service de néonatalogie nous a dit de trouver des relais familiaux ou amicaux. J’ai donc créé un blog non pas sur Facebook pour ne pas mélanger tous mes cercles d’amis, mais sur Tumblr avec un mot de passe. Nous nous sommes servis de cette médiation pour informer la famille et surtout la tenir à distance. Nous avons aussi choisi de ne pas publier leurs messages de sympathie et de ne publier que nos deux billets quotidiens. Mais la pression familiale perdurait : quand nous ne publions qu’un billet, les gens s’inquiétaient et nous appelaient, c’était très compliqué. Et puis on s’est aperçus que les photos et les vidéos marchaient mieux, je regardais les statistiques du blog pour voir quel était le meilleur moment pour diffuser. Au bout d’un certain temps, ce blog est devenu une contrainte. On a fini par l’arrêter le jour où ma fille est sortie du service de néonatologie le 31 mai : il fallait retrouver une vie ordinaire et une intimité. »

Stefana Broadbent
« Se pose aussi la question de l’intrusion de la vie privée au bureau. Tout a commencé il y a quelques années avec un panel autour des effets néfastes du Blackberry. Dans mes études, je constatais qu’il y avait énormément de communications personnelles au bureau : la journée était ponctuée d’échanges fondamentaux dans la routinisation du temps. Je constatais aussi les différentes réactions des entreprises en fonction des niveaux hiérarchiques : plus une personne avait un poste avec une autonomie de projet et de travail, plus elle avait accès à la panoplie Facebook/téléphone mobile ; et plus on descendait dans la hiérarchie, plus le contrôle apparaissait. Mais les gens trouvent de solutions : ils téléphonent aux toilettes ou disent qu’ils vont fumer alors qu’ils sortent pour téléphoner. Ces communications sont très brèves et ont lieu dans la sphère la plus intime. Elles ont aussi une fonction de ritualisation : elles viennent marquer des instants de pause et permettent alors de récupérer, ou, à la fin de la journée, permettent de passer du statut de « travailleuse » à « mère de famille » par exemple. Cela dit, ce surinvestissement des liens forts permet de se rassurer, de gérer son angoisse. »

Daniel Kaplan
« Notre discussion a lieu un mois après le débat sur le mariage pour tous, ce qui nous indique qu’a minima, nous ne sommes pas débarrassé de la famille, ni comme mythologie, ni comme aspiration. Le numérique n’a pas détruit la famille, il a appuyé des transformations attendues, engagées depuis longtemps.
Cette discussion m’a permis de pointer plusieurs questions : celle de l’apprentissage, bien sûr, mais aussi, pour un opérateur, celle du principe qu’un écran se consomme. Toute l’histoire de l’usage de l’Internet montre que c’est loin d’être vrai, mais il faut rappeler régulièrement aux grands acteurs des réseaux que leur métier de référence n’est pas la communication mais les médias. Et je pense qu’il est plus important de travailler sur la valorisation de la création et de la production plutôt que d’être juste là pour dire ce qu’il ne faut pas faire.
Autre question importante, celle de l’attention à l’autre. Ce sujet de responsabilité pour un opérateur qui invite les gens à communiquer entre eux pose la question suivante : à partir de quel moment commence-t-on à nuire de manière grave à l’attention à l’autre ? Car il y a un authentique conflit d’intérêt entre les métiers concernant les contenus et ceux concernant le contact : c’est le même temps qui est sollicité de la part des uns et des autres et peut-être qu’à un moment il faut « prendre parti ».
Une autre question invite à réfléchir – y compris du point de vue de l’offre et des technologies – sur l’avenir des réseaux sociaux. Je pense que la concentration autour de Facebook n’aura qu’un temps, et, si je me place du point de vue d’Orange, j’ai intérêt à ce que le réseau social soit le web, et pas seulement la plateforme Facebook avec laquelle je perds de la valeur et de la richesse relationnelle.
Enfin, on a beaucoup parlé d’écrans, mais, avec l’Internet des objets par exemple, Internet sort de l’écran. D’où la question d’un monde réel qui commence à adopter des comportements un peu mystérieux, magiques, et de notre capacité à devenir compétents dans cette magie. »



Apprendre à réapprendre, Thierry Bardy





Nouvelles formes d'apprentissage

Alors que la France vient de découvrir le rapport Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) commandité par l’OCDE, le Digital Society Forum se penche pour sa troisième édition sur les nouveaux apprentissages.
Le 3 décembre 2013, une nouvelle table ronde a réuni autour de Stéphane Richard, PDG d'Orange et Christine Albanel, Directrice Exécutive Événements d’Orange, Partenariats culturels et institutionnels et Solidarité, Dominique Cardon, sociologue Orange Lab - SENSE, Hubert Guillaud, rédacteur en chef du site Internet Actu, Claudie Haigneré, scientifique, spationaute et présidente d'Universcience, François Taddéi, biologiste, directeur de centre de recherche interdisciplinaire de Paris, Marine Plossu, créatrice de SensesSchool et Frédéric Bardeau, fondateur de Simplon.co. Le débat, animée par Arnaud de Saint Simon, directeur du groupe Psychologies, a porté sur trois thématiques : la plasticité cérébrale et des effets supposés ou connus des TIC sur notre cerveau, les nouvelles expériences qui redéfinissent le rôle du professeur et sa relation à l’élève ainsi que les rapports entre les étudiants, et enfin, la redéfinition de l’apprentissage grâce au numérique.

En guise d’introduction, Dominique Cardon explique en quoi la thématique de l’éducation est un cas d’école lorsqu'on aborde le sujet de l’impact du numérique dans la société. En effet, on est en droit de se demander si les nouvelles technologies dites « éducatives » ont un réel impact sur les performances scolaires. Le constat actuel est que malgré plusieurs années d’efforts destinées à équiper les élèves en matériel informatique, les résultats se font toujours attendre. Si 95% des professeurs utilisent Internet pour préparer leurs cours, seuls 11 % l’utilisent dans leurs rapports avec les élèves. C’est donc la formation des professeurs au numérique qui peut changer l’activité pédagogique. L’usage de nouvelles technologies à l’extérieur de la salle de classe joue cependant un grand rôle dans l’autonomie et l’appropriation de l’information par les élèves.
Le sujet reste toutefois délicat car il oppose conservateurs nostalgiques et révolutionnaires zélés. Si l’on peut apprendre avec le numérique, ce dernier peut aussi distraire et déconcentrer. Le bon usage des NTIC dans le cadre de l’enseignement est donc toujours en débat et les questions sont nombreuses. Ainsi, le déport de notre mémoire sur le numérique nous fait nous demander s’il faut encore emmagasiner des connaissances ou bien utiliser le savoir qui est déjà accessible sur les réseaux. Ne faudrait-il pas mieux apprendre ses cours chez soi et travailler de façon collaborative en salle de classe ?
Les nouvelles compétences sont aussi à remettre en question. Faut-il évaluer la mémoire ou bien la capacité à poser des questions, à faire des recherches et à résoudre des problèmes de façon innovante ? Autant de questions qui remettent en cause la place de l’enseignant. Son rôle n’est plus vraiment de faire apprendre des programmes mais plutôt de permettre à ses élèves de démontrer leur propre intelligence et de dévoiler leurs capacités. Reste que cette nouvelle voie tracée par le numérique encourage un apprentissage de plus en plus individualisé. Chacun doit trouver sa voie selon une logique très libérale. Quelle peut être la place de l’enseignement institutionnalisé dans ce nouveau contexte ? Ne risque-t-on pas de créer de nouvelles inégalités entre les personnes diplômées et désireuses d’apprendre et les personnes moins favorisées ? Ou bien entre ceux qui connaissent le code informatique et les simples utilisateurs de l’informatique ?
Les questions sont posées…

La plasticité du cerveau face à l’apprentissage du numérique

Hubert Guillaud
On peut reprendre les questions que posait Nicolas Carr dans son dernier ouvrage, Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté , Il faut reconnaître qu’il y a beaucoup d’études contradictoires […] On a de toute façon tendance à déléguer notre mémoire dans un tas d’objets techniques. Certaines études montrent aussi que l’on délègue aussi au niveau social : quand on veut se rappeler de l’anniversaire de sa femme, on utilise un petit code avec le reste de la famille par exemple ; on construit socialement notre mémoire.

Papiers versus écrans ?

Les neuroscientifiques comme Laurent Cohen ou Stanislas Dehaene précisent que pendant leur test, le support ne change absolument rien. La grande difficulté, c’est la connexion. L’univers du web est un petit peu plus compliqué à appréhender qu’une page de papier et il permet de se déporter ou de faire autre chose beaucoup plus facilement. Mais finalement, le manque de concentration n’est peut-être pas si mauvais que ça. On peut évoquer le test du chamallow réalisé sur des enfants : on les fait attendre dans une pièce pendant cinq minutes avec un chamallow et on leur promet une seconde friandise s’ils arrivent à ne pas le manger. En général, les enfants qui réussissent le test sont ceux qui se concentrent le moins possible sur le chamallow et les études ont montré que ces enfants avaient de meilleurs résultats scolaires.

Ecriture cursive ou clavier ?

Dans les premiers stades de l’apprentissage, le geste et le corps sont bien sûr primordiaux dans l’apprentissage du langage même parfois pour des trucs qui n’ont rien à voir. Quand l’enfant se met debout, c’est le moment où il se met à formuler des phrases plus compliquées. En Chine, des enfants ont appris à taper directement sur un clavier sans apprendre à écrire au préalable et leurs résultats ont dégringolé très rapidement. La question reste ouverte, mais le geste, la fonction motrice de l’homme va avec sa pensée et son cerveau.

François Taddéi
Ce qu’ont montré les bilans de l’OCDE c’est qu’en moyenne les enfants qui ont eu accès plus tôt que d’autres au web et au numérique ont plutôt de meilleurs résultats, mais que les écarts s’accroissent encore plus quand il y a des livres à la maison. Si vous avez une culture familiale qui vous apprend à gérer les masses d’informations, vous saurez plus facilement naviguer sur Internet et vous vous noierez moins dans un océan d’informations.

Les MOOC, leurs effets et leurs limites

Les universités ont une longue histoire car la dernière fois qu’elles ont fait l’objet d’une grande réforme c’était à la fin du siècle des Lumières. À cette époque, on voulait introduire trois libertés dans les universités : liberté d’apprendre, liberté d’enseigner et liberté de faire de la recherche. Il fallait que le professeur ne soit plus en situation d’enseignant mais de mentor et qu’il accompagne le projet des étudiants. Ce qu’on voit aujourd’hui c’est que cette triple liberté s’est réalisée dans très peu d’endroits. Le web en lui-même est un endroit où on a beaucoup de libertés mais où il est impossible de faire de la recherche ni de trouver un mentor. Et dans les universités il y a des mentors, il y a des potentiels humains mais il y a très peu d’occasions de donner de la liberté aux élèves. Donc on doit faire une nouvelle grande réforme, repenser complètement le système. Pour moi, cela va bien au-delà des MOOC. Il y a des choses que l’on trouve sur un campus que l’on ne trouve pas sur Internet. […] Les MOOC sont un produit d’appel qui apporte une vraie valeur ajoutée. Mais les études montrent que ceux qui n’ont pas les prérequis décrochent rapidement. Ceux qui réussissent dans ces cours en ligne ont déjà un diplôme universitaire. La grande force de ces cours en ligne réside dans les données qu’ils peuvent générer. On peut immédiatement voir combien d’élèves les suivent et à quel moment ils décrochent ou pas. Contrairement à un cours universitaire, les MOOC peuvent donc constamment s’améliorer.

Marine Plossu
Pour qu’un MOOC soit efficace, il doit délivrer de la connaissance mais il doit aussi pouvoir être mis en pratique dans la vie réelle. Avant de monter SensesSchool, j’ai travaillé quatre mois comme bénévole dans l’association MakeSense et j’y ai plus appris qu’en trois ans d’école car on pouvait agir sur le terrain. L’engagement est aussi un atout important. On travaille mieux quand le travail a été choisi. Nos étudiants se lèvent à 6 heures du matin le samedi pour travailler dans un Fablab. Un MOOC ne sera jamais aussi formateur sur ce qu’on appelle les compétences molles, à savoir les capacités à chercher l’information, à se socialiser, à générer des liens empathiques ; ce sont des compétences qui s’acquièrent par des échanges humains, ou bien en résolvant des problèmes concrets.

Claudie Haigneré
Si les MOOC ont un énorme potentiel, il ne faut pas non plus oublier de réorganiser les lieux où l’on enseigne et notamment l’université. Chez Universciences nous avons installé un Fablab dans lequel les étudiants peuvent développer leur créativité en concevant un objet et en ayant la possibilité de le construire avec l’imprimante 3D. Le tout fonctionne beaucoup à travers des séries d’essais et d’erreurs. Je pense que ces lieux sont indispensables pour l’enseignement et que les MOOC seuls ne suffisent pas.

Le professeur a-t-il perdu le monopole du savoir ?

François Taddéi
Aujourd’hui on voit un retour à l’encouragement de l’esprit critique et au questionnement chez les élèves. Sur cette position, il me semble impossible à présent d’être conservateur. Je vois plus de gens qui ont envie d’innover mais qui sont prisonniers d’un système conservateur hérité du 19e siècle, avec trop de niveaux hiérarchiques. C’est simple : l’instruction publique a été copiée sur l’instruction militaire avec des inspecteurs généraux. Comment on passe d’un système vertical à un système horizontal. Si beaucoup de profs sont novateurs, ils sont aussi amoureux de leur vieux système. Ils doivent donc se remettre en question et l’évolution doit venir d’eux et non pas du haut de la hiérarchie.

Marine Plossu
Aux Etats-Unis il existe une plate-forme de crowdfunding qui regroupe des projets très innovants de professeurs à l’échelle de leur école, et ce sont les parents d’élèves qui décident ou pas de le financer. On n’aura jamais ça en France, mais cela montre bien que l’éducation n’est plus le monopole de quelques têtes qui veulent appliquer une stratégie descendante ; cela devient l’affaire de tous. Le numérique démocratise les systèmes d’apprentissage.

Comment apprend-on à l’heure du numérique ?


Claudie Haigneré
Un article de la revue Nature indiquait que l’on apprend 90% de notre savoir en dehors de l’école. Michel Serres quant à lui dit que notre mémoire a été déposée dans les ordinateurs et qu’il ne nous reste plus qu’à être intelligent. Je vois ces outils numériques qui peuvent permettre d’apprendre mais aussi d’être créatif et pourquoi pas d’avancer avec une nouvelle culture qui est celle de l’essai/erreur. C’est celle de l’innovation. On sent qu’elle existe, mais il faut la faire essaimer. Cela veut dire que l’on doit avoir le droit à l’expérimentation et que l’échec doit être vu comme une source de progression. Mais on doit accueillir ces expériences pleines d’incertitude en dehors de l’école, dans des lieux parallèles.

François Taddéi
Le numérique permet de créer mais ce n’est pas parfait à tous les coups. En revanche, avec la collaboration des autres, on peut perfectionner progressivement son travail. Le web est un espace de co création où tout le monde grimpe sur les épaules de ceux qui les précèdent.
À l’université, on demande aux étudiants de consulter les pages Wikipedia correspondant à leurs cours et d’améliorer ce qui peut l’être. Ils recoupent les informations entre la page anglaise, la page française et le cours. À la fin, ils produisent quelque chose qui est disponible pour l’intégralité de l’humanité.

Frédéric Bardeau
L’école a eu à un moment un rôle d’ascenseur social. Il l’a de moins en moins, on a une reproduction assez formelle des élites. C’est à nous de faire en sorte que le numérique ne tombe pas dans les mêmes travers et ne se ferme pas. Pour cela, l’apprentissage du code est indispensable. Le code ne doit pas être une langue cryptique réservée à des scribes qui auraient seuls le pouvoir de parler aux machines tandis que le reste de la population serait de simples utilisateurs. Tout le monde n’a pas vocation à faire du C à l’école primaire et à devenir développeur, mais en revanche, tout le monde doit savoir qu’il y a un langage pour parler aux machines et que l’on n’est pas des utilisateurs mais aussi des créateurs. À Simplon, on utilise le code comme un moyen de prendre le pouvoir sur les machines et sur sa carrière. C’est un outil de récupération du pouvoir d’agir. On tourne autour depuis le début mais il faut le dire il y a une capacité émancipatoire du numérique que l’on a perdu. Il faut faire de la politique et pas seulement de l’éducation. Les gens qui savent coder ont dans leur main un savoir pratiquement magique dans la société. Comparé à 42 (l’école de développeurs ouverte par Xavier Niel), on ne propose pas une formation d’ingénieurs sur trois ans ; nos formations sont courtes et durent six mois. Nous n’avons pas une logique industrielle et élitiste. Tout le monde ne sera pas développeur après Simplon, mais tout le monde aura récupéré du pouvoir.

jeudi 30 janvier 2014

Thierry Bardy " l'Innovation : au detour de la Sérendipité et de la Zamblanité"



Intervention lundi 13  décembre 2014 de Thierry Bardy au MBA Essec marketing Innovation sur le thème 
" l'Innovation : au detour de la Sérendipité et de la Zamblanité"

Pierre Bellanger (Skyrock) : "L'internaute a le statut juridique d'un animal domestique"


souveraineté numérique Bellanger Skyrock 

Dans un ouvrage décapant, Pierre Bellanger, DG-fondateur de la radio Skyrock, dénonce la mainmise des géants du Net (Google, Facebook...) sur nos données, nos usages et ce qui fait notre vie hors et sur la Toile.

Un levier de conscience. C'est ainsi que Pierre Bellanger résume son ouvrage publié cette semaine : La Souveraineté numérique  aux Editions Stock.
Le dirigeant de la radio musicale Skyrock fait preuve d'une analyse qui détonne face à une approche souvent béate des opportunités offertes par le Net. "Internet est une bénédiction pour la déstabilisation politique d'un régime autoritaire ou la mise en cause, par de nouveaux services en ligne, de rentes imméritées, cette immunité est extrêmement dangereuse lorsqu'elle sert des intérêts étrangers", prévient-il.
Une conception qu'il a initié de longue date et qui prend évidemment une teinte particulière après les révélations d'Eward Snowden.
Il est rare qu'un patron français développe une telle réflexion sur les enjeux stratégiques d'Internet et sur les affrontements politiques, diplomatiques et économiques dont le réseau est désormais le cadre. On ne peut suspecter Pierre Bellanger, dont la plateforme Skyblog accueille chaque jour quelque 3,5 millions de contributions nouvelles de ne pas connaître ou apprécier les technologies numériques. C'est finalement parce qu'il en est un praticien averti qu'il s'inquiète de notre relative passivité collective face à l'appétit des poids lourds de l'Internet, qui se nourrissent de nos données et imposent leur droit.

"Les règles imposées et les traitements subis sont décidés ailleurs et nous privent des droits les plus élémentaires, puisque notre droit national n'y est pas reconnu et le droit de ceux qui nous dominent ne nous est pas appliqué".
 Aucun misérabilisme ou appel vindicatif à un retour à l'avant-Internet dans ces pages. Mais un vibrant plaidoyer pour une prise de conscience de ce que nous avons à perdre à n'être que des utilisateurs et non des producteurs de technologies. "Sur Internet, nous renonçons à être des sujets autogouvernés pour adopter le statut juridique de l'animal domestique" déplore-t-il.
Et le patron de radio de raconter la bataille entre les opérateurs de systèmes d'exploitation de nos terminaux. Là encore Google, Microsoft, Apple... sont à la manœuvre pour ensuite imposer leurs propres services, comme par exemples les systèmes de plan et de navigation. Les enjeux sont tels que certains nouveaux entrants tentent leur chance, à l'instar d'Amazon qui élabore son terminal Kindle avec une version libre d'Android. Mais sans la tutelle de Google.

Les marques traditionnelles n'ont pas pris la mesure de la révolution numérique

"Les marques considèrent l'Internet comme un nouveau canal plutôt que comme un futur centre de gravité", constate à regret Pierre Bellanger. Et c'est la raison pour laquelle des millions d'entreprises ont consciencieusement transféré à leurs frais chez des sites comme Facebook la communauté de leurs clients. "Elles découvrent, étonnées, qu'elles n'ont même pas accès aux adresses électroniques de ces fameux fans, que l'accès à leur propre communauté devient payant, qu'elles n'ont accès qu'à un minimum d'informations sur les membres et que leurs concurrents peuvent acheter des mots-clés pour faire des publicités ciblées sur leurs clients".
Un cauchemar ? Non. Mais la réalité crue que décortique sans fard Pierre Bellanger. Qui s'inquiète des actions possibles du complexe militaro-numérique étatsunien où Etat et entreprises travaillent en bonne intelligence. Et l'amène à s'interroger sur le fait de savoir si celui-ci n'a pas par le passé, même récent, procédé à des manipulations à distance des données numérisées que nous produisons chaque jour. "Aucune information stockée, traitée, émise ou reçue n'échappe à la possibilité de l'intervention malveillante, insiste-t-il. L'opération sera furtive, aléatoire, indétectable".

Loin de céder à un pessimisme tétanisant, ce livre permet d'identifier sous un format synthétique les principaux écueils qui existent au maintien de notre souveraineté dans un contexte de montée en puissance généralisée de la sphère numérique. C'est en ayant identifié les périls qui nous guettent que les entrepreneurs, les dirigeants politiques et les citoyens peuvent faire les choix qui les engagent et satisfont leurs intérêts. C'est bien cette connaissance qui permet à chacun d'adopter le comportement le plus éclairé possible. En toute responsabilité.

mardi 28 janvier 2014

Cegid Innovation Store 2 : ce que nous réservent les magasins du futur




L'éditeur lyonnais Cegid a ouvert la nouvelle version de son concept store. Plus d'une vingtaine de technologies contribuant à digitaliser les points de vente sont présentées.
Cegid vient d'ouvrir les portes de son Innovation Store 2, la nouvelle version de son magasin du futur inauguré à Lyon fin 2010. Pour l'occasion, l'éditeur français spécialisé dans les solutions à destination du secteur du commerce a totalement rénové les lieux. Objectif : mettre en avant les dernières avancées technologiques en termes de digitalisation des magasins physiques.
"Le secteur du retail connaît une révolution qui nous a amenée à réfléchir aux nouveaux besoins de nos clients en consacrant une partie de notre budget de R&D, de 33 millions d'euros en 2012, pour concevoir et construire un véritable magasin permettant de mettre en situation de nombreuses innovations", explique Nathalie Echinard, directrice des marchés verticaux chez Cegid.
En tout, pas moins de 24 solutions proposées par des partenaires de Cegid dans une grande variété de domaines sont réparties sur les 40 m2. Au programme : des solutions d'Aures (terminaux en points de vente), Ingenico (monétique), Linkfluence (e-réputation, veille et analyse des médias sociaux), EasyComptage (mesure et analyse des flux de clients) ou encore FidMe (carte de fidélité dématérialisée).


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Le concept de miroir social qui permet à un client de partager
 sur les réseaux sociaux son intention d'achat. © Cegid
"Nous avons fait évoluer le socle technologique de notre solution Yourcegid Retail afin de la rendre la plus interopérable possible et lui permettre de communiquer avec des apps tierces fonctionnant sur la base de services web de type SOAP et REST", indique Davy Dauvergne, responsable de l'innovation retail chez Cegid.
Le Cegid innovation Store 2 n'est cependant pas seulement un lieu servant de vitrine aux solutions Cegid et de ses partenaires. C'est également un endroit qui se présente comme un laboratoire présentant des pilotes de solutions plus ou moins abouties mais dont le fort potentiel a été détecté par l'éditeur lyonnais.
"Les projets d'omnicanal sont au centre de la stratégie des marques, comme le click & collect et le store to home", indique Nathalie Echinard. "Ce qui va émerger et que nous présentons dans l'Innovation Store 2 ce sont par exemple des solutions de mobilité pour les vendeurs qui vont permettre de récupérer sur leur tablette ou smartphone des informations clients en temps réel comme des préférences d'achat et l'état des stocks des articles souhaités, mais aussi procéder directement à l'encaissement".


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Ecran d'accueil d'un terminal de point de vente signalant une réservation
effectuée depuis le web. © Cegid
Autre exemple de technologie à venir présentée dans le cadre du Cegid Innovation Store 2 : le miroir interactif. Ce dernier, basé sur une technologie conçue par Dynamic View, un partenaire local de l'éditeur, permet à l'acheteur en magasin de se prendre en photo avec un ou plusieurs articles choisis et de faire remonter en direct des avis issus de ses contacts sur les réseaux sociaux. Objectif pour Cegid : "rendre le client acteur de son parcours d'achat". Tout un programme.
Les technologies relatives à la gestion des points de vente, à l'automatisation des tâches d'inventaire, au suivi des flux de marchandises sont également présentées dans le Cegid Innovation Store 2. En revanche, sur l'ensemble des solutions présentées, toutes ne seront pas logées à la même enseigne. "Certaines solutions sont ou seront commercialisées d'ici un ou deux ans, mais d'autres resteront peut-être à l'état de POC", prévient Nathalie Echinard.



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Prototype de tablette donnant en temps réel au vendeur l'état des stocks d'un produit. © Cegid

La vérité qui sort de la bouche de Nielsen n'est pas bonne à entendre - Thierry Bardy




Internet pèse-t-il seulement 4,5% du secteur de la publicité dans le monde ?


Internet part de marché publicité 
L'institut Nielsen concède à Internet une part de marché de moins de 5% des investissements, qui tranche avec les estimations d'autres acteurs.
Nielsen vient de publier son baromètre du marché de la publicité au 3e trimestre 2013. Le principal enseignement de cet état des lieux reste que, si les investissements dans la publicité online ne cessent de monter (+32,4% par rapport à l'année précédente), le canal pèse encore peu par rapport au secteur de la pub TV. Ce dernier a capté 57,6% des investissements sur l'année contre 4,5% pour Internet. Ce dernier connait toutefois la plus forte croissance, et de loin, mais reste encore derrière le secteur de la presse quotidienne (18,8%), magazine (9,9%) et radio (5,4%) en termes de parts de marché.
Si le marché publicitaire de la télévision, mass media par excellence, reste sans conteste le numéro 1, les résultats de Nielsen ne manquent pas d'interpeller. Selon un rapport publié par l'IAB fin août, Internet pesait près de 25% des investissements médias en Europe (lire l'article : Internet pèse un quart des dépenses publicitaires en Europe, du 29/08/2013). De même, de nombreuses études publiées par eMarketer ou Kantar Media, s'accordent à dire que le marché du online a dépassé, sinon égalé, celui de la presse (papier et magazine) en termes de parts de marché.

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La répartition des investissements pub au 3e trimestre 2013. © Nielsen

La Cnil et la DGCCRF rendent leur avis sur l'IP Tracking



La Cnil et la DGCCRF viennent de rendre les conclusions de l'opération menée conjointement pour contrôler des sites marchands sur leurs pratiques de modulation des prix, notamment en matière de transport. "Si les contrôles n'ont pas conduit à constater de pratique consistant à moduler les tarifs affichés en fonction de l'adresse IP de l'internaute, ils ont en revanche mis en évidence d'autres pratiques de variations des tarifs", indiquent les deux organismes. Ont ainsi été constatées des variations de prix parfois importantes dues à deux types pratiques :
 Le yield management, c'est-à-dire une tarification établie en fonction du nombre de places offertes ou restant dans l'avion ou le train concerné. Résultat : le prix du billet dépend de la date de son achat ou du taux de remplissage.
 La modulation des frais de dossier en fonction de l'heure à laquelle l'internaute effectue sa réservation. "L'internaute bénéficie ainsi de frais plus avantageux lorsqu'il achète un billet lors des 'heures creuses ' déterminées par le commerçant", précisent la Cnil et la DGCCRF.
L'enquête s'est également penchée sur les techniques de retargeting et le RTB. L'adresse IP des internautes n'étant prise en compte comme un élément déterminant dans aucun des deux cas et l'objectif de ces pratiques n'étant pas de moduler les prix, elles sont jugées conformes au code de la consommation.
La pratique qui a finalement retenu l'attention de la Cnil et de la DGCCRF est la modulation du prix proposé en fonction du site précédemment visité par l'internaute. "Ainsi, un internaute provenant d'un comparateur de prix se verra parfois offrir un prix d'appel plus attractif, mais avec des frais plus élevés, le prix total n'étant pas impacté de manière significative, précise le rapport. Cette opération est effectuée sans que la personne soit en mesure de connaître les mécanismes conduisant à moduler le tarif affiché."
Les deux institutions poursuivent actuellement leur examen de cette pratique, pour déterminer si elle contrevient à la loi Informatique et Libertés ainsi qu'au code de la consommation, qui condamnent les procédés "qui altèrent, ou sont susceptibles d'altérer de manière substantielle, le comportement du consommateur normalement informé et raisonnablement attentif et avisé, à l'égard d'un bien ou d'un service".

vendredi 24 janvier 2014

Comment jouer avec la dictature d'Apple , Thierry Bardy

La petite start-up française Stupeflix est devenue pendant une semaine la vedette de la boutique d’applications d’Apple dans le monde entier. Un énorme coup de pub. Retour d’expérience.

Lobbying en amont nécessaire ?
Applications : Apple et Google abusent-ils de leur force ?

Ce n'est pas totalement par hasard si Stupeflix a touché le jackpot. « Certes, l'équipe éditoriale Apple qui décide des mises en avant est intouchable en direct», affirme Nicolas Steegmann. Mais un travail de lobbying en amont peut influencer le choix final. « Il faut contacter des développeurs d'applications connus en Europe et aux Etats-Unis. Si ces derniers trouvent votre appli intéressante, ils peuvent en dire deux mots aux cellules marketing d'Apple. Lesquelles peuvent à leur tour la présenter à l'équipe éditoriale de l'App Store qui aura le dernier mot», résume-t-il. Une stratégie très aléatoire. Et si jamais votre application est sélectionnée, personne chez Apple ne vous avertit à l'avance, ni ne vous explique pourquoi vous avez été élu.
Au final, en partie grâce à cette mise en avant, l'application mobile de Stupeflix a déjà séduit un demi-million d'utilisateurs en trois mois. Désormais, la start-up s'attelle à une version pour Androïd qui devrait être disponible avant la fin de l'année



L'application Replay de Stupeflix en tête sur l'Ap
Crédits photo : Stupeflix
L'application Replay de Stupeflix en tête sur l'Appstore


C'est presque un conte de fée qu'a vécu, durant une semaine de décembre dernier, Stupeflix. Fondée en 2009, cette start-up de 15 personnes a crée un système simplifiant la création de vidéos à partir de photos et de musique. Après le lancement du site Web, elle a dévoilé l'an passé une application pour iPhone, baptisée Replay. Un projet qui a mobilisé six ingénieurs pendant 18 mois. Mais faire partie du magasin d'applications d'Apple était incontournable pour assurer le succès du service dans le monde entier.

Téléchargements multipliés par 1000

Puis, le 12 décembre 2013, divine surprise pour la start-up : l'application apparaît au sommet de la page d'ouverture de l'App Store dans 56 pays. Un privilège (Editor Choice) réservé à seulement une centaine d'apps chaque année. Sachant que la boutique d'Apple compte environ un million d'applications, cette mise en avant est une occasion rêvée de sortir du lot durant une semaine.

jeudi 23 janvier 2014

Pourquoi Google débourse 3,2 Md$ pour les thermostats de Nest

Thierry Bardy - tags ; domotique , automotion , investissement , capteurs , Google , Nest 
Larry Page, CEO de Google, avec les fondateurs de Nest, Matt Rogers (à gauche) et Tony Fadell, qui fut vice president de la division iPod d'Apple. (crédit : D.R.) Larry Page, CEO de Google, avec les fondateurs de Nest, Matt Rogers (à gauche) et Tony Fadell, qui fut vice president de la division iPod d'Apple. (crédit : D.R.)
En rachetant Nest, Google s'installe résolument dans l'univers de la maison connectée. Le fabricant de thermostats a été créé par deux anciens d'Apple, Tony Fadell, l'un des pères de l'iPod, et Matt Rogers, en 2010. Jusqu'où Google va-t-il aller sur ce nouveau terrain et pourquoi a-t-il offert un tel montant (3,2 milliards de dollars) à Nest ? Comment va-t-il utiliser les données qu'il pourra ainsi récupérer et avec quelles conséquences pour le respect de la vie privée des utilisateurs ?
Google pénètre chez vous. Hier, le groupe californien dirigé par Larry Page a annoncé qu'il rachetait Nest, un fabricant de détecteurs de fumée et de thermostats, pour prendre pied, de façon déterminée, sur le marché en plein développement de la maison connectée. L'objectif derrière tout cela, c'est de raccorder à Internet le chauffage central, le système électrique et les équipements ménagers (tels que les réfrigérateurs par exemple) pour améliorer leur efficacité et les contrôler à distance. Au passage, les entreprises récupèrent des données sur les habitants du domicile et leurs habitudes, une démarche de collecte d'informations que Google connaît bien et pratique d'autres manières depuis un certain temps.

Google rachète pour 3,2 milliards de dollars le fabricant de thermostat Nest
En rachetant Nest, Google se rapproche du moment où l'on pourra relever à distance la température de son domicile par une commande vocale à ses lunettes connectées.

Le prix déboursé pour Nest, 3,2 milliard de dollars, montre sans détour ce que Google veut faire avec cette acquisition : du business ! Si la transaction est menée à son terme (l'objectif est de pouvoir la finaliser d'ici quelques mois), ce sera l'un des plus importants rachats que Google a réalisé depuis ses acquisitions de Motorola Mobility pour 12,5 Md$ en 2011, de Doubleclick pour 3,1 Md$ en 2007 et de YouTube pour 1,6 Md$ en 2006. La société de Mountain View s'intéresse à Nest au moins depuis 2011. Cette année-là, il a conduit un tour de table pour le fabricant de thermostats, puis un deuxième, l'année suivante.

Une rampe de lancement pour aller plus loin


Les produits de Nest sont contrôlés par WiFi depuis un smartphone et ils peuvent se reprogrammer eux-mêmes en fonction du comportement des individus. Société non cotée, Nest a été fondée en 2010 par Tony Fadell et Matt Rogers, deux anciens d'Apple. Tony Fadell a été vice président de la division iPod et il fut l'un des pères du fameux baladeur. Nest compte aujourd'hui plus de 300 salariés sur trois pays et un grand nombre de ses collaborateurs sont également d'anciens employés d'Apple. Dans une interview à Business Insider, Matt Rogers avait confié qu'on lui avait dit en 2010 qu'il était fou de quitter la firme à la pomme pour créer Nest. Il a aujourd'hui décroché le gros lot.

On peut s'interroger malgré tout sur la raison qui pousse Google à proposer un tel montant pour racheter une si jeune entreprise. Pour commencer, celle-ci dispose à l'évidence d'un vivier d'ingénieurs talentueux qui vont aider le spécialiste de l'Internet à faire son trou sur ce nouveau marché si convoité. Elle pourrait aussi jouer le rôle de rampe de lancement pour lui faire jouer un rôle plus important dans la connexion de tous ces terminaux conçus pour la maison, qui commencent avec les thermostats et iront peut-être un jour jusqu'au grille-pain.

Les thermostats de Nest, société que Google vient de racheter pour 3,2 Md$
Aujourd'hui, les thermostats rachetés avec Nest. Et demain...

« C'est un nouveau domaine pour Google, et c'est tentant de vouloir tirer parti de tous ces terminaux », note Ben Bajarin, directeur des technologies grand public au sein du cabinet d'études de marché Creative Strategies. « Google veut sa propre plateforme pour ce monde d'objets connectés ». Certainement, la société de Mountain View a l'ambition d'augmenter sa présence sur ce secteur. On le voit à travers d'autres produits qu'il vient de lancer, comme son Chromecast, un équipement de 35 dollars pour afficher en streaming sur son téléviseur des films et d'autres contenus. C'est sa réponse à l'Apple TV. Sur les options divertissements, l'appareil permet aussi d'exploiter le Play Store.

Le timing de l'annonce ne doit rien au hasard


Sur son site web, Google propose toutes sortes d'astuces autour de ses services pour la maison. Il y explique par exemple comment utiliser Google+ pour communiquer en famille. La mise en relation des équipements ménagers est un marché émergent sur lequel Google n'a pas l'intention d'être à la traîne. Le timing même de l'annonce du rachat ne doit rien au hasard. Il intervient alors que le Consumer Electronic Show de Las Vegas, énorme manifestation internationale consacrée aux produits grand public, vient tout juste de fermer ses portes après avoir consacré une large place aux objets et à la maison connectés.

Parmi les acteurs qui se positionnent sur ce marché, Samsung a indiqué qu'il développait une plateforme logicielle pour raccorder les équipements ménagers. Il a déjà pris de l'avance d'une certaine façon puisqu'il est le principal fabricant de smartphones, ces derniers constituant justement les terminaux à partir desquels la plupart des équipements connectés du domicile vont être contrôlés. Et Samsung est lui-même un gros fabricant de réfrigérateurs et de machines à laver.

En rachetant Nest, Google met la main sur l'une des start-up dont on a le plus parlé dans le domaine des terminaux connectés l'an dernier, grâce en partie à son pedigree Apple. Cela dit, le géant californien fondé par Larry Page et Sergey Brin travaille déjà à la connexion d'autres types de dispositifs. Il a récemment présenté son Open Automotive Alliance qui embarquera les systèmes Android dans les voitures cette année, pour leur apporter toutes sortes de fonctions complémentaires.

Exploiter à des fins publicitaires les données ainsi récoltées


Mais si Google dispose de davantage d'informations sur la façon dont nous interagissons avec notre environnement ménager, on peut imaginer toutes les possibilités qui s'offrent à lui. Le foyer, c'est la pièce maîtresse du puzzle des objets connectés, souligne Roger Kay, président du cabinet d'études Endpoint Technologies Associates. On voit se profiler l'efficacité avec laquelle Google pourrait gérer ses publicités s'il récupérait des données sur les habitudes de vie d'une famille. La publicité, c'est avant tout l'un des principaux moteurs de son activité et la société récupère le plus d'informations possible, rappelle Ben Bajarin, directeur des technologies grand public au sein du cabinet d'études de marché Creative Strategies. Pour lui, c'est très logique que Google se rapproche de ce marché. Cela va lui permettre de construire cette relation avec le consommateur dans son environnement personnel, ajoute James McQuivey, analyste de Forrester Research.

Mais cette présence accrue au coeur du domicile va soulever d'autant plus de questions sur le respect de la vie privée. Peu après l'annonce du rachat, Matt Rogers, co-fondateur de Nest, s'est exprimé à ce sujet sur le blog de sa société. « Notre politique concernant la vie privée limite l'utilisation des informations sur les consommateurs à l'amélioration des produits et des services Nest ». Il assure que sa société a toujours attaché de l'importance aux questions de confidentialité et qu'elle ne changera pas sur ce point. Jusqu'à quel point Google va-t-il essayer d'étendre sa présence sur le marché des équipements ménagers connectés et comment va-t-il utiliser les données qu'il pourra ainsi récupérer, cela reste à voir.

5G : La Corée du Sud va investir 1,1 milliard d'euros dans son réseau


5G : La Corée du Sud va investir 1,1 milliard d'euros dans son réseau

La 5G c'est pour bientôt et la Corée du Sud s'active pour déployer un réseau à la connexion un millier de fois plus rapide que la 4G.
Alors qu'en France, les opérateurs télécom commencent à peine à s'activer pour déployer leur réseau 4G auprès des consommateurs, la course à la 5G est déjà lancée en Corée du Sud.
L'Etat vient ainsi d'annoncer qu'il allait investir 1,1 milliard d'euros dans la mise en place d'un réseau 5G.
Un service test sera déployé dès 2017, pour une commercialisation en décembre 2020. Le gouvernement estime que la mise en place du réseau apportera 331 milliards de won (229 millions d'euros environs) aux équipementiers télécoms. Le bond technologique provoqué par la 5G sera pour le moins significatif, avec une connexion un millier de fois plus rapide que la 4G. Autrement dit, télécharger un film prendrait moins d'une seconde. 

"Des pays en Europe, la Chine et les Etats-Unis ont redoublé d'efforts pour développer la technologie de la 5G (...) et nous pensons qu'il y aura une énorme concurrence sur ce secteur dans quelques années", a expliqué le ministère dans un communiqué. Reste que l'Union Européenne est loin de rivaliser avec les Sud-Coréens en termes de puissance financière, en consacrant un budget de seulement 25 millions d'euros à un projet similaire, baptisé Medis. 

mercredi 22 janvier 2014

Le bitcoin aura bientôt sa carte de paiement

Thierry Bardy-  tags ; monnaie virtuelle, Bitcoin , Loov 

Audition au Sénat, émission sur France Inter, consultation d'experts dans une grande banque américaine (le tout en une seule semaine)… Décidément, la monnaie virtuelle bitcoin continue d'agiter l'actualité et les esprits.

Au-delà de la perspective d'une disruption de mécanismes économiques et financiers séculaires (qui reste tout de même hypothétique, à ce stade), elle constitue également un indiscutable stimulant pour nombre de sociétés, jeunes et moins jeunes, qui rivalisent d'idées pour son utilisation. C'est le cas notamment de SmartMetric, dont la carte de paiement bitcoin qu'elle vient de dévoiler met l'intégralité de son savoir-faire au service de la cryptomonnaie.

L'objet est avant conçu comme un espace de stockage « offline » (hors connexion réseau) des avoirs de son propriétaire. Cette sorte de coffre-fort de poche, qui héberge aussi un micro-ordinateur complet (avec processeur ARM et 8 à 128 Go de mémoire), dispose d'interfaces aux standards des cartes de paiement, avec ou sans contact (EMV et NFC), et est protégée par un dispositif biométrique intégré qui en verrouille l'accès tant que l'empreinte digitale de l'utilisateur n'a pas été vérifiée.

Reliée à un PC ou à un smartphone via un connecteur USB ou une liaison NFC, la carte permet de gérer les bitcoins qu'elle contient et, par exemple, les transférer à travers le monde. En mode autonome, elle prendra en charge les échanges d'argent entre particuliers (« P2P »), grâce à sa puce sans contact. Ses concepteurs imaginent ainsi une utilisation dans le commerce de proximité, voire, dans une vision futuriste, le retrait d'espèces (et autres opérations) sur les GAB (« Guichets Automatiques Bancaires »).

Carte de paiement SmartMetric


Comme beaucoup d'autres, l'annonce de SmartMetric est essentiellement opportuniste : elle cherche à profiter de l'effet de halo du bitcoin pour mettre en avant une technologie qui peine certainement à convaincre sa cible prioritaire (les institutions financières). Elle a tout de même le mérite de présenter un cas d'usage intéressant, bien qu'il reste toujours surprenant de voir adapter à une innovation 100% numérique un concept historique (et probablement voué à disparaître un jour) tel que la carte de paiement.

Quel est le poids du drive ?



Quel est le poids du drive par catégorie de produits ?
Voici, plus précisément, la part de marché du Web dans les ventes des 25 sous-catégories de produits générant le chiffre d'affaires le plus important pour les grandes surfaces alimentaires (GSA), tous canaux confondus. Les produits élaborés de volaille, majoritaires dans la volaille libre-service, ressortent à 5,1%. Quant au lait, sous-catégorie apportant le plus gros chiffre d'affaires aux GSA, 3,1% des ventes sont effectuées en ligne.

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Les 25 sous-catégories de produits de grande consommation, classées en fonction de la part de la vente en ligne dans leurs ventes © Iri
L'Iri conclut que les marques de distributeurs sont celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Encore plus présentes dans les drives qu'en magasin, les MDD représentent 38,7% de l'offre et 41,1% du chiffre d'affaires e-commerce des grandes surfaces alimentaires, contre 26,1% de l'offre et 29,5% du chiffre d'affaires en hyper et supermarchés.