samedi 27 juillet 2013

Google Chromecast : streamez vos contenus avec une simple clé HDMI


Google a présenté Chromecast, une clé HDMI vendue 35 dollars et qui vous permet de streamer vos contenus depuis vos périphériques externes (smartphones, tablettes, PC, etc.) directement sur votre téléviseur via le WiFi.
Mercredi soir, Google tenait une conférence de presse dans ses locaux californiens. Entre autres produits, le géant du Web a présenté Chromecast. Il s’agit d’une clé HDMI qui se branche sur un téléviseur et qui permet par la suite de streamer tous vos contenus depuis d’autres appareils smartphones et tablettes Android, mais aussi iPhone, iPad, Chrome for Mac et Windows. A priori, les Windows Phone et BlackBerry ne sont pas (encore ?) concernés.



Le tout fonctionne donc soit via une application compatible (Netflix, YouTube, Pandora, Google Play, Chrome, etc.) soit via le navigateur Chrome.

La clé utilise une version modifiée de Chrome OS et se connecte donc en WiFi. Google a d’ores et déjà mis à disposition des développeurs une préversion du SDK baptisée Google Cast, et qui permet logiquement de rendre les applications compatibles.



Et pour couronner le tout, Google Chromecast est en vente pour 35 dollars seulement, assorti d’un abonnement gratuit de 3 mois à Netflix. Chromecast serait d’ailleurs déjà victime de son succès ; la promotion avec Netflix est déjà sold out !

Vous l’aurez donc compris : la clé est uniquement disponible aux Etats-Unis pour l’instant. Google n’a pas donné de précision supplémentaire quant à un futur lancement à l’international.



jeudi 18 juillet 2013

Les meilleures citations de Warren Buffett Thierry Bardy

Ces citations sont bien loin de l'innovation et de L'économie numérique , mais en cette période estivale, je fais exception à ma règle Thiery Bardy

Le milliardaire américain est autant adepte des bons mots que des beaux coups financiers.

Warren Buffett fait partie de ces rares milliardaires sympathiques aux yeux du grand public. Son look de grand-père débraillé ("J'achète des costumes chers. C'est juste qu'ils font bon marché sur moi !") n'y est pas pour rien, tout comme son engagement philanthropique. Mais le génial investisseur est aussi... très drôle. Et son sens de la formule a trouvé dans le monde de la finance un terrain fertile. Découvrez quelques unes de ses meilleurs citations (et n'hésitez pas à nous en suggérer d'autres en commentaire).

"C'est quand la mer se retire qu'on voit ceux qui se baignent nus."
Avec la crise des subprimes, cette prédiction a pris tout son sens. Les grands groupes bancaires américains, qui semblaient solides, se sont révélés largement exposées aux défauts massifs de remboursements des emprunts à risques.

"Wall Street est le seul endroit où les gens montent dans une Rolls Royce pour obtenir des conseils de ceux qui prennent le métro."
Le milliardaire américain n'a jamais fait grand cas de Wall Street. Le siège de Berkshire est installé à Omaha (Nebraska), ville où il est né.

"A la Bourse, il y a deux règles fondamentales à respecter. La première est de ne pas perdre, la seconde est de ne jamais oublier la première."
C'est une maxime que Warren Buffett a dû respecter à la lettre. Au début de sa carrière, dans les années 60, le taux de rentabilité de ses investissements dépassait ainsi 30% quand la moyenne du marché tournait plutôt autour de 10%.

"Notre but est de découvrir des compagnies extraordinaires à des prix ordinaires et non des compagnies ordinaires à des prix extraordinaires."
Warren Buffett a l'habitude d'investir dans des entreprises qu'il juge sous-évaluées mais disposant d'un potentiel de croissance important.

"Quand des gens intelligents expliquent leurs idées à un orang-outang, cela améliore la qualité de leur prise de décision."
Warren Buffett s'est toujours efforcé de s'exprimer dans une langue simple et compréhensible pour le plus grand nombre. Dans les lettres annuelles, qu'il adresse à ses actionnaires, il se révèle particulièrement friand des explications imagées.

"Il faut 20 ans pour construire une réputation et cinq minutes pour la détruire. Si vous gardez ça à l'esprit, vous vous comportez différemment."
En plus de sa fortune, Warren Buffett s'est patiemment bâti une réputation d'investisseur génial et d'homme intègre.

"Dans le monde des affaires, le miroir arrière est hélas toujours plus clair que le pare-brise."
Même s'il se méfie des prévisions des autres, "l'oracle d'Omaha" anticipe plutôt bien les tendances à venir. Dès mai 2006, lors de sa grand-messe annuelle devant ses fidèles à Omaha, ville où il a toujours vécu, il mettait en garde contre l'existence d'une bulle immobilière et une possible multiplication des défauts de crédit.

"Si jamais vous vous retrouvez dans un bateau qui coule, l'énergie pour changer de bateau est plus productive que l'énergie pour colmater les trous."
Avec cette phrase, l'homme d'affaires signifie qu'il ne sert à rien de persister dans une activité en déclin.

"La plupart des gens s'intéressent aux actions quand tout le monde s'y intéresse. Le moment d'acheter est quand personne ne veut acheter. Vous ne pouvez acheter ce qui est populaire."
Warren Buffett aime prendre le contre-pied des spécialistes de la finance. Exemple : PetroChina.

"Tout va très bien pour les riches dans ce pays, nous n'avons jamais été aussi prospères. C'est une guerre de classes, et c'est ma classe qui est en train de gagner"
Avec près de 60 milliards de dollars, Warren Buffett fait partie des hommes les plus riches du monde. Ce qui ne l'empêche pas de militer pour une meilleure redistribution des richesses.

"Si vous ne connaissez pas les bijoux, connaissez le bijoutier"
Warren Buffett n'investit que dans les secteurs, comme l'industrie, dont il connaît les entreprises, le modèle économique et les dirigeants.

"Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs."
Warren Buffett aime prendre le contre-pied de la tendance générale des marchés. Il a récemment investi.... dans le train et la presse papier.

"Achetez seulement des choses que vous serez parfaitement heureux de posséder si le marché s'effondre pendant 10 ans."
Dans le choix de ses acquisitions, Warren Buffett raisonne en général sur la longue durée, à l'instar de sa participation dans Coca-Cola. Il se méfie des retournements conjoncturels de marché et mise sur une valorisation de ses investissements sur le long terme.

"Vous n'avez pas raison parce que d'autres sont d'accord avec vous. Vous avez raison parce que vos faits sont exacts et que votre raisonnement est juste."
Ce principe, Warren Buffett l'a hérité de son mentor dans la finance, Ben Graham. Et c'est d'ailleurs à son encontre que le jeune investisseur l'a appliqué pour la première fois. En 1951, Ben Graham lui conseillait d'attendre avant de se lancer dans la finance. Warren n'en a fait qu'à sa tête, avec le succès qu'on lui connait.

"Quand on est dans un trou, la pire chose à faire est de continuer de creuser."
Il ne sert à rien de persister quand la situation s'aggrave.

"Les bons jockeys obtiennent des résultats sur les bons chevaux, mais aucun sur les canassons."
La première chose que regarde Warren Buffett lorsqu'il s'intéresse à une entreprise, c'est son modèle économique. Même avec les meilleurs dirigeants, une société aux fondements instables ne pourra jamais obtenir de résultats probants.

"Quand vous cherchez des gens à recruter, vous devez rechercher trois qualités : l'intégrité, l'intelligence et l'énergie. Et s'ils ne possèdent pas la première, les deux autres vous tueront."
Depuis des années la succession de l'oracle d'Omaha à la tête de Berkshire alimente les conversations.

"Dans la nouvelle théorie de gestion de portefeuille, il y a beaucoup de petites lettres grecques et toutes sortes de choses qui vous font croire que vous êtes en avance. Mais il n'y a pas de valeur ajoutée."
Pour réaliser ses investissements, Warren Buffett se méfie des concepts et maintient ses analyses à l'ancienne en recherchant des entreprises sous-évaluées.

"Une personne très riche doit laisser suffisamment à ses enfants pour qu'ils fassent ce qu'ils veulent mais pas assez pour qu'ils ne fassent rien."
De la fortune de leur père, les trois enfants de Warren Buffett ne toucheront qu'une partie. Le milliardaire s'est engagé à faire don de la majeure partie de sa fortune.

"Le prix est ce que vous payez. La valeur est ce que vous gagnez."
Une phrase simple qui résume parfaitement la stratégie de Warren Buffett. Ses investissements concernent en général des entreprises dont le prix est bas mais auxquelles le financier accorde un potentiel de croissance qui fera grimper sa valeur.

"Le système des impôts a complètement dévié en faveur des riches aux dépens des classes moyennes. C'est dramatique."
En plus de s'en prendre à la rémunération des grands PDG, Warren Buffett défend le principe de redistribution et soutient les candidats démocrates à l'élection présidentielle.

"Je veux pouvoir expliquer mes erreurs. C'est pourquoi je ne fais que des choses que je comprends."
Le gourou de la finance s'est notamment toujours méfié des valeurs technologiques, ce qui lui a permis de traverser la bulle Internet sans encombre.

"Les prévisions vous en disent beaucoup sur ceux qui les font, elles ne vous disent rien sur l'avenir."
Warren Buffett considère que l'ensemble des intermédiaires et les courtiers bénéficient de la multiplication des échanges, aux dépens des investisseurs.

lundi 15 juillet 2013

Des Fab Labs en entreprise ?


Ateliers ouverts dédiés au prototypage rapide, les Fab Labs se multiplient et s’interconnectent partout dans le monde (voir le "Tour d’horizon des Fab Labs", rapport de la Fing ou le livre de Fabien Eychenne, auteur de ce même rapport Fab Lab : l’avant-garde de la nouvelle révolution industrielle). On les rencontre aussi bien dans les capitales de pays en développement que sur des campus universitaires, ou des quartiers branchés des villes californiennes. Les pratiques à l’oeuvre dans ces différentes formes d’espaces intéressent de plus en plus les entreprises : innovation ouverte, collaboration entre pairs, prototypage rapide en mode “essai-erreur”, documentation ouverte des projets, partage de savoir faire, communautés d’innovateurs, management horizontal, etc.
Plusieurs entreprises envisagent ainsi de s’appuyer sur un dispositif de type Fab Lab pour explorer et tester de nouvelles formes d’innovation plus ouverte, plus agile, plus inattendue.
Dans le cadre de l’expédition ReFaire lancée par la Fing, le Groupe Seb et Renault ont saisi l’opportunité d’expérimenter l’ouverture de Fab Labs en leur sein. Dans quel but, de quelle manière, avec quels (premiers) résultats ? Cette synthèse conclusive de ce travail prolonge le témoignage de ceux qui ont lancé ces premiers espaces en fournissant un premier “guide” à ceux qui souhaiteraient explorer la possibilité de créer à leur tour un Fab Lab au service de leur entreprise.
Un Fab Lab en entreprise, comment faire ?
Si de nombreuses entreprises disposent de moyens de prototypage rapide, peu d’entre elles les ont encore mobilisés dans le cadre d’un dispositif ouvert et souple tel qu’un Fab Lab. On dispose donc de très peu de recul sur leur expérience. Cependant, de l’observation des différents Fab Labs ouverts dans le monde, ainsi que de l’échange entre les participants de l’expédition ReFaire, émergent à la fois une première typologie des Fab Labs en entreprise, et des conditions de réussite.
Trois modèles de Fab Labs d’entreprise
Une entreprise peut développer son propre Fab Lab, collaborer à un projet commun avec différents partenaires, ou même faire le choix de participer à un Fab Lab totalement ouvert.
Le Fab Lab “interne”
Un Fab Lab interne reprend la configuration, outils, pratiques et savoirs d’un Fab Lab classique tel que le définit le MIT, mais se destine en priorité à des collaborateurs de l’entreprise. D’autres participants – partenaires, chercheurs, clients… – peuvent y être conviés, mais dans des contextes et à des fins précises.
Ce choix facilite le contrôle de la circulation des idées et des projets. Il présente en revanche l’inconvénient de ne pas inviter des énergies et des idées venues d’ailleurs à s’y exprimer et à questionner les certitudes de l’entreprise. Le succès repose alors :
- Sur la capacité d’attirer des collaborateurs très divers (y compris tout en bas de l’échelle), d’organiser le croisement des métiers et des statuts et de donner une vraie chance aux projets de se développer – y compris, pourquoi pas, lorsqu’ils ne sont finalement pas retenus par l’entreprise elle-même (essaimage, publication…) ;- Sur la construction d’une “communauté” d’utilisateurs réguliers, qui peuvent considérer le Fab Lab comme un lieu d’expression, de respiration, d’échanges conviviaux et professionnels à la fois.
Le “Creative People Lab” de Renault Lomig Unger et Mickaël Desmoulins sont les deux porteurs de l’espace de créativité “Creative People Lab” ainsi que sa composante “Fab Lab” interne, en vidéo, ils reviennent sur les apports de cet espace pour Renault : 1ère partie, 2nde partie.
Le Fab Lab “coopératif”
Le Fab Lab “coopératif” est un Fab Lab semi-ouvert vers l’extérieur, souvent créé et exploité en commun par plusieurs partenaires : les entreprises d’une filière ou d’une zone industrielle, les acteurs (entreprises, enseignement, recherche…) d’un campus universitaire, etc.
Du point de vue de l’entreprise, un tel lieu doit favoriser la rencontre avec son écosystème, la collaboration avec la recherche, la conception collaborative (avec ses prestataires et sous-traitants par exemple), l’innovation ouverte (collaboration avec des startups ou des entreprises d’autres secteurs), voire le “prototypage ouvert”. Chacun des participants à cet espace porté par plusieurs acteurs mobilisant son propre écosystème, le Fab Lab coopératif peut produire des interactions riches et des résultats inattendus.
La collaboration du Groupe Seb avec le Master IDEA et la création du Fab Lab Karim Houni du Groupe SEB revient sur la collaboration entre le Master IDEA et leur contribution à la création d’un Fab Lab en son sein, en vidéo.
La collaboration avec des Fab Labs “externes”
Dans ce troisième cas, l’entreprise choisit de travailler avec des espaces existants à proximité de ses centres de R&D, de design ou de production, plutôt que de créer son propre Fab Lab.
Cette collaboration peut prendre deux formes distinctes :
- Un partenariat construit entre l’entreprise et le Fab Lab. L’objectif est de se frotter à d’autres formes de collaboration et d’innovation, de rencontrer la communauté des makers (les bricoleurs “pro-amateurs” de l’ère numérique), voire d’en faire partie. L’entreprise peut par exemple accompagner certains projets, apporter son expérience et le savoir faire de ses salariés, mettre à disposition certaines capacités techniques, etc. En retour, elle peut s’appuyer sur la communauté présente pour chercher la réponse à des questions difficiles, explorer avec elles certaines idées nouvelles, y détecter des talents et des projets…
- Il peut s’agir plus modestement d’offrir à certains employés de l’entreprise du temps pour développer leur projet, dans un lieu différent de l’entreprise et propice à l’expression de leurs capacités.
Des entreprises comme Ford et Airbus s’intéressent à ce type de partenariat.
__ Ford et le TechShop de Detroit : accélérer l’innovation de l’extérieur Sortes de Fab Labs commerciaux, les TechShops sont de grands espaces privés (environ 1500 m²) dont le principe fondateur est de rendre accessible et à bas coût un ensemble de machines, d’outils et d’équipements dédiés à la fabrication personnelle. Ils s’adressent aux inventeurs, aux bricoleurs, aux entrepreneurs, aux artistes, aux designers, etc. qui ne disposent pas d’ateliers de fabrication, de matériels, voire des compétences nécessaires pour réaliser leurs projets.
Le premier TechShop a été ouvert en 2006 à Menlo Park (Californie) et accueille plus de 500 membres qui règlent une adhésion mensuelle, bien qu’il existe également un forfait à journée. L’adhésion permet d’utiliser toutes sortes de machines ainsi que tout le petit matériel (oscilloscope, fer à souder, perceuse, etc.). Le TechShop est ouvert 7 jours sur 7 de, 9h à minuit. Il offre également divers services : du conseil pour réaliser ses projets, des cours d’utilisation des machines, ainsi que la réalisation de projets personnels par des professionnels.
A Detroit, capitale de l’industrie automobile Américaine, le constructeur Ford a cofinancé l’ouverture d’un Techshop, pour en faire bénéficier la communauté de makers très actives dans cette ville, mais également ses propres salariés. L’objectif est de permettre aux salariés de s’exprimer, de développer des pratiques innovantes et des projets parfois en rupture, que les modèles organisationnels des grandes entreprises ne savent pas détecter. Selon Ford, le nombre propositions innovantes issues du personnel aurait augmenté de 30% depuis le démarrage de cette initiative.

mardi 9 juillet 2013

Esprit de service & Innovation managériale


Le groupe La Poste et l’Anvie, organisme de promotion des sciences humaines et sociales, viennent de créer le club Esprit de service & Innovation managériale. L’ambition de ce nouveau club : coconstruire, avec l’appui de chercheurs, un modèle de management « esprit de service ».

Fondés sur la conviction que la démarche « esprit de service » constitue le moteur de la performance, les travaux de réflexion du club en 2013 porteront sur la culture de service, la coconstruction, la symétrie des attentions, l’intensité relationnelle, la marge de manœuvre, les attitudes de services, le design de l’expérience client.

Des travaux qui prennent toute leur dimension au moment où le Comité européen de normalisation (CEN) a mis en place un groupe de travail dont la mission est de rédiger un texte normatif sur l’excellence de service. La commission française, intégrée au comité « Management et services », piloté par Xavier Quérat-Hément, directeur de la qualité du groupe La Poste, est parvenue à intégrer dans le projet de texte nombre de principes du modèle « esprit de service », notamment la symétrie des attentions et le caractère central de l’expérience client. Un enjeu de poids pour les entreprises françaises qui pourront arborer les mêmes caractéristiques que les entreprises européennes reconnues pour leur excellence de service et leur capacité
à générer l’enchantement de leur client. Une contribution directe à la reconnaissance de la compétitivité de nos entreprises.

Xavier Quérat-Hément, directeur de la qualité du groupe La Poste
xavierquerat-hement@laposte.fr

Imprimantes 3D : prévenez Bercy !

Imprimantes 3D : prévenez Bercy !
Les révolutions industrielles commencent toujours par le petit bout de la lorgnette. Les Américains ont commencé à pomper du pétrole pour remplacer la graisse de baleine dans leurs lampes. Lors du premier appel téléphonique de l'histoire, en 1876, Graham Bell demanda à son assistant Thomas Watson, qui était dans la pièce d'à côté, de le rejoindre. Et, en 1943, un autre Thomas Watson, qui dirigeait IBM, estimait que le marché mondial de l'informatique pourrait atteindre un jour cinq ordinateurs. L'histoire plus récente de l'impression en trois dimensions commence elle aussi modestement. En 1981, le Japonais Hideo Kodama raconte la toute première expérience. En 1984, l'Américain Charles Hull fabrique une machine. Leur but est de fabriquer des prototypes. Une génération plus tard, les imprimantes 3D débordent largement cet objectif. Elles savent forger des objets en plastique, en métal, bientôt en cuir ou en bois. Leurs prix baissent aussi vite que leur rapidité augmente - les premiers prix commencent aujourd'hui à 1.000 dollars. Associées aux ordinateurs et à Internet, elles constituent le fondement d'une nouvelle révolution industrielle, la numérisation de la production. Avec deux axes forts : petites séries (et donc sur-mesure) et proximité (et donc relocalisation). General Electric, Boeing et Ford s'y mettent déjà. Autant dire que de larges pans de l'industrie basculent dans le recours intensif à cette technique de production.
En France, l'impression en 3D a longtemps été considérée comme un gadget. Il y a bien sûr des pépites tricolores, comme Sculpteo. Il y a aussi des grandes entreprises bien placées pour devenir des champions mondiaux du secteur, comme Dassault Systèmes avec ses logiciels 3D. Mais l'intérêt du grand public date à peine d'un an, à en croire les recherches faites sur Google. Au gouvernement, Fleur Pellerin, la ministre déléguée chargée de l'Economie numérique, a tenté de mobiliser les énergies autour des « fablab », ces laboratoires de fabrication organisés autour d'imprimantes 3D. Mais ses collègues ne semblent guère concernés. La numérisation de la production va pourtant bouleverser les stratégies de localisation des entreprises, et donc jouer un rôle central dans le redressement productif du pays - ou son contraire. Elle va aussi bousculer les règles de la propriété intellectuelle. Un choc comme celui qui a frappé hier l'industrie musicale pourrait bien toucher demain l'industrie tout entière, avec les plans d'objets qui circulent librement sur Internet. Enfin, la numérisation de la production va déplacer la chaîne de valeur. Elle pourrait amputer la base de la taxe sur la valeur ajoutée, premier impôt français. Quelqu'un pourrait-il prévenir Bercy ?


Menace ou opportunité ?

Il « craint » la prolifération de sites qui référenceront ce genre de fichiers, ce qui nous semble d’ores et déjà inévitable. Un brin alarmiste, il écrit qu’elle « risquerait, à terme, d'engendrer des effets aussi néfastes pour l'industrie que ceux que connaissent actuellement les secteurs de la musique et du cinéma ». A une différence près selon nous : les industries audio-visuelles n’ont pas anticipé l’essor des usages du Web actuels, du partage notamment. Ici l’occasion est apportée sur un plateau de prendre les devants et d’anticiper cette future vague de l’impression 3D. Les cartes sont dans les mains de la classe politique.

M. François Cornut-Gentille demande donc au ministre quels sont « les dispositifs envisagés » pour prendre les devants face à « ces dangers pour la propriété intellectuelle desquels il est nécessaire de se prémunir au plus vite ». On remarquera encore le vocabulaire utilisé dans le texte : risques, reproduction illégale, prolifération à craindre, effets néfastes, dangers… Il est amusant que le sujet inquiète et représente une menace, alors que cela pourrait être considéré comme une véritable opportunité pour la création industrielle ou le prototypage.

lundi 8 juillet 2013

Orange et Smartcities: fiançailles ou mariage


Ce matin, Orange tenait une conférence de presse pour exposer sa position et sa stratégie concernant les smartcities, ou villes connectées. Derrière ce concept un peu flou se cache l’exploitation de l’ensemble des données générées par les villes afin de faciliter la vie des citoyens. Orange a donc présenté les applications concrètes de son programme entièrement dévoué à ces villes connectées.

Si le concept de ville connectée reste encore quelque chose d’assez abstrait pour le grand public, les acteurs de l’IT eux semblent déterminés à ne pas laisser le sujet de côté. On a ainsi pu voir IBM lancer une campagne de pub très relayée autour de son propre programme consacré à la ville intelligente, ou encore Fleur Pellerin faire part de sa volonté de voir émerger des quartiers numériques en France. Orange semble également bien déterminé à entrer dans la danse et présentait ce matin son programme SmartCities. « Nous pensons que c’est un mouvement de fond » explique Nathalie Leboucher, directrice du programme Orange qui fait partie des 6 programmes stratégique lancés par l’entreprise à la fin de l’année 2011.

Orange s’appuie principalement sur ses acquis dans le domaine de la télécommunication pour se démarquer de ses concurrents dans ce domaine. Le programme smartcities s’articule autour de 5 axes : les transports publics, l’énergie, les voitures connectées, les services urbains et enfin les bâtiments et quartiers dits « intelligents. » Dans le domaine des transports, l’opérateur s’est ainsi associé à Streetline, une start-up de la Silicon Valley, pour proposer un service permettant aux utilisateurs de localiser les places disponibles pour se garer. Des capteurs sont disposés sur les différentes places de parking et détectent la présence ou non d’une voiture. Une application pour smartphone se charge ensuite de guider directement l’utilisateur vers les places libres les plus proches. Coût total de l’opération pour les municipalités intéressées ? Moins de quelques centaines d’euros par capteur avance Orange, à peine 5% de plus que pour une place de parking classique, mais aucun chiffre précis n’a été révélé.

Les quartiers connectés en France : pas pour tout de suite

Autre axe de développement mis en avant par Orange : la connectivité dans les transports. Le TGV Est qui relie Paris au nord est de la France bénéficie déjà d’une offre permettant aux voyageurs de profiter d’un réseau WiFi. Ce service sera également disponible à partir du 1er septembre 2013 dans les cars de la compagnie Keolis Atlantique. Le programme Smartcities ambitionne également de s’attaquer à la consommation d’énergie, et a déjà commencé à installer en île de France et au Havre des compteurs d’eau connectés, permettant aux sociétés exploitantes de contrôler à distance les consommations.

Pour les quartiers entièrement connectés, c’est à Riyad en Arabie Saoudite qu’Orange a choisi d’expérimenter ses premiers projets, en s’associant à la création bâtiments connectés. Au programme : accueil des visiteurs simplifiés par les mobiles, contrôle d’accès via NFC, pilotage de la consommation énergétique etc… Deux quartiers tout particulièrement sont au centre de ce programme, le King Abdullah Financial District et l’IT & Communication Complex tous deux situés dans la capitale saoudienne. Et effectivement, là on approche de la ville intelligente, mais pour l’instant ces évolutions semblent réservées aux pays du moyen orient. « C’est en effet bien plus facile de déployer de telles structures dans les nouvelles villes qui émergent du désert, sans le poids de l’existant » rappelle Nathalie Leboucher.


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vendredi 5 juillet 2013

Après la géolocalisation, place au geofencing !


« Après la géolocalisation », le geofencing : nouvelle technologie marketing permettant de contrer le showrooming

Selon la Seconde édition du baromètre annuel de l'Expérience Marchande Connectée de Digitas & Vivaki, près de 18 % des consommateurs vont en magasins pour rechercher « le produit de leurs rêves » mais repartent sans l'acheter, en ayant l'intention de réaliser leur achat en ligne (afin d'économiser sur le prix) et 39 % des consommateurs comptent en faire de même prochainement.

Pour contrer ce phénomène intitulé le showrooming et insuffler une nouvelle dynamique dans les promotions en points de vente, Fidzup a développé une nouvelle technologie, de geofencing, fondée sur les principes de la géolocalisation intérieure.

Les produits Spot-in Store et Spot-in Mall – qui s'adressent respectivement aux réseaux d'enseignes et centres commerciaux – une fois intégrés aux applications propres aux réseaux d'enseignes ou centre commercial, permettent d'envoyer des notifications (promotions, instants gagnants, ...) sur le mobile du consommateur et ainsi déclencher un achat impulsif.

Après la géolocalisation, place au geofencing

L'équipe de Fidzup a développé une nouvelle technologie marketing permettant de rendre la promotion en points de vente plus efficace, rapide et ciblée : le geofencing.
Cette technologie est une solution hybride fondée sur le principe de géolocalisation intérieure qui permet la détection d'un consommateur dès lors qu'il pénètre dans un espace délimité par des zones spécifiques telles que l'entrée d'un espace de vente, un rayon, une caisse (...). En intégrant cette technologie dans les applications mobiles iPhone et Androïd propres aux enseignes, Fidzup permet la diffusion de coupons de réductions, d'instants gagnants, de points fidélités et/ou de messages géolocalisés directement sur le mobile du consommateur.

Une technologie utilisée pour lutter contre le showrooming

Aujourd'hui, l'un des problèmes majeurs rencontré par les retailers, est la pratique du showrooming. Ce phénomène, qui a progressé de 12 % en France par rapport à l'année dernière*, consiste à aller regarder physiquement des produits en magasins (alors assimilés à des showrooms), à les tester, demander conseils à des vendeurs puis comparer les prix pour enfin faire son achat en ligne.

La solution développée permet aux centres commerciaux et réseaux d'enseignes, de dynamiser leur marketing promotionnel grâce aux produits Spot-in Mall et Spot-in Store. Les centres commerciaux et réseaux d'enseignes réveillent ainsi leurs applications mobiles grâce aux notifications et peuvent ainsi fidéliser les consommateurs via leur mobile en créant un achat d'impulsion. Ainsi, dès son entrée dans le centre commercial, le consommateur reçoit sur son mobile du contenu interactif avec un instant gagnant ainsi qu'une liste des promotions disponibles de suite dans le centre, permettant au centre commercial d'orienter le visiteur vers les enseignes.

Lancée depuis Avril 2013 au centre commercial de La Vache Noire (Arcueil, 94), la technologie Fidzup a réussi à avoir un taux d'impact de 92 sur les instants gagnants et de toucher 33 % des possesseurs de l'application du centre commercial ou des réseaux d'enseignes.

*Seconde édition du baromètre annuel de l'Expérience Marchande Connectée de Digitas & Vivaki

Un outil marketing qui arrive à point nommé

Les consommateurs utilisent de plus en plus leurs smartphones pour consommer. Pour répondre à ce nouveau comportement et contrer le showrooming, les points de vente doivent se réinventer et intégrer les outils digitaux dans leur démarche marketing.

Cette technologie permet à chaque centre commercial ou réseau d'enseignes, d'interpeller le consommateur au moment opportun avec du contenu interactif géolocalisés sur son mobile, préalablement configurée, que ce soit un message de bienvenue, un coupon de réduction, une publicité, l'instant gagnant ou encore des points de fidélité. L'enseigne peut facilement mettre en place, paramétrer et suivre sa campagne marketing grâce à une interface en ligne qui lui est dédiée. Une cellule de support -en ligne et téléphonique- est également présente pour accompagner le client et répondre à toute question.

À propos de Fidzup

Fidzup a été fondée en 2011 par 3 passionnés de mobile et de marketing qui ont décidé de mettre leur expérience et leur passion au service des réseaux d'enseignes et des centres commerciaux. Leur approche est guidée par une innovation permanente et l'ambition de fournir à leurs clients des solutions pertinentes et simple à mettre en place. La startup, incubée chez Paris Incubateurs, a gagné le prix NTIC Petit Poucet 2012 et a levée 300 000€ en 2013 auprès de Business Angels et de Fonds d'Investissement. www.fidzup.com

Olivier Blanchard, les doutes de l'économiste star du FMI


Rencontre avec l'économiste en chef du FMI. Olivier Blanchard est l'un des économistes les plus reconnus au monde, mais il est plongé dans le doute. La macroéconomie est cassée. Il n'y a pas d'autre choix que de changer.
Cet homme-là est un seigneur de l'économie. Il fait partie des chercheurs les plus cités au monde par leurs pairs. Il a dirigé le célèbre département d'économie du MIT. Il a aujourd'hui le poste le plus prestigieux de la profession. Et, en même temps, c'est un être en proie au doute. Les points d'interrogation parsèment désormais ses écrits. Les aveux émergent au fil de la conversation : « Nous avions sous-estimé le rôle de la finance » ; « Les économistes avaient oublié les leçons de l'histoire »... C'est à la fois inquiétant et rassurant. Inquiétant, car Olivier Blanchard est le « conseiller économique » du FMI. Autrement dit, la vigie de l'économie mondiale, un rôle qu'il assume jusqu'au physique - longue silhouette élégante de jeune homme malgré l'approche de ses soixante-cinq ans, regard bleu acier au loin. La vigie est dans le brouillard, comme nous tous. Rassurant aussi, parce que ce doute marque la fin d'une science des arrogances, où les économistes préféraient leurs modèles à la réalité.
Nous ne sommes pas à Washington, au siège du Fonds monétaire international, mais à Toulouse, à l'université. Olivier Blanchard intervient au Tiger Forum, trois jours de conférences académiques de haut vol organisé par la Toulouse School of Economics (TSE), dont il connaît bien le président, Jean Tirole. « Jet-lagué » encore une fois, enrhumé aussi, le professeur donne une brillante conférence où il décortique la crise, les trois vitesses et demie de l'économie mondiale (la demie, c'est le Japon), les boucles rétroactives dont les Etats-Unis se tirent si bien tandis que l'Europe s'y empêtre. Cette crise que les économistes du FMI n'ont pas vu venir, et qui met à bas tout un édifice intellectuel et politique bâti ces dernières décennies.
Flash-back, fin de l'été 2008. En août paraît un papier académique d'Olivier Blanchard titré « L'état de la macro ». Pour lui, cet état est bon. La science des grands flux économiques a connu d' « énormes progrès et une substantielle convergence », se remettant enfin de l'explosion des années 1970, quand la montée du chômage et de l'inflation avait prouvé les limites du système construit autour des idées de Keynes depuis la dernière guerre. Le 1 er septembre, Olivier Blanchard connaît une consécration : il devient « economic counsellor » au FMI, alors dirigé par Dominique Strauss-Kahn. Autrement dit, il pilote la plus grosse usine à économistes au monde. Le 15 septembre, la banque Lehman Brothers s'effondre. Les pays développés subissent la crise économique la plus profonde depuis les années 1930. La macroéconomie explose à nouveau.
Au début de la discussion, Olivier Blanchard admet l'échec du bout des lèvres : il était seulement « excessif » de dire en 2008 que l'état de la « macro » était bon. Un nuage de nostalgie passe sur l'époque où tout paraissait résolu… Mais le professeur sait bien qu'il faut refonder la macroéconomie. « Les économistes avaient oublié les leçons de l'histoire. » Les thromboses financières n'ont en effet rien d'une innovation. Les pays émergents, notamment en Asie, en ont vécu dans les années 1990. La faillite du fonds new-yorkais LTCM, en 1998, avait été considérée comme marginale. En remontant plus loin, la finance et ses accidents étaient très débattus il y a un demi-siècle, quand le souvenir des années 1930 était encore cuisant.
Mieux comprendre la plomberie de la finance
En oubliant les enseignements du passé « nous avons sous-estimé le rôle de la finance », constate le diplômé de l'université de Paris Dauphine. Les économistes la regardaient comme une simple plomberie ; ils pouvaient se contenter de prendre ce qui en sortait - des taux d'intérêt, des cours de bourse. C'était simple. Sauf que l'argent peut brutalement cesser de couler du tuyau, bloquant toute l'économie mondiale. « Des économistes comme Jean Tirole ou Bengt Holmstrom avaient montré l'importance de la liquidité, d'autres avaient travaillé sur le comportement des banques, mais ces réflexions n'avaient pas été intégrées », constate Blanchard. Il est donc urgent de mieux comprendre la plomberie, de savoir qui échange, avec qui et quels risques cela fait courir.
Cette urgence remet en cause la démarche du macroéconomiste, celle qu'il a menée tout au long de sa carrière en explorant des sujets très variés - le chômage, la croissance, l'inflation, la transition des pays de l'Est. « La macroéconomie suppose qu'on puisse s'abstraire de relations micro pour s'appuyer sur des grandeurs seulement macro, fût-ce au prix de simplifications majeures. » Or la crise montre que les explications microéconomiques sont incontournables. Le constat dépasse largement la finance. Dans les modèles néokeynésiens, comme ceux qu'a forgés l'ancien du MIT et de Harvard pendant des années, on introduit une à une des distorsions par rapport à un monde parfait, et on regarde ce qui se passe sur l'équilibre général de l'économie. « Mais si 500 distorsions peuvent se combiner en un effet macro, ce cadre ne fonctionne plus. Peut-on alors étendre les modèles, ou est-il impossible de capturer la réalité avec eux ? » Olivier Blanchard propose de repartir sur des modèles moins ambitieux d'équilibre « partiel », qui concernent une partie de l'économie comme par exemple les banques. Puis d'associer ces briques pour reconstruire le mur, une logique à rebours des grands modèles globaux qui valaient à leurs auteurs des publications dans les grandes revues et des postes jalousés. « Il faut donner du temps au temps, plaide l'universitaire. Dans dix ans, avec les nouvelles bases de données, l'arrivée du "big data" et des ordinateurs de plus en plus puissants, la compréhension du consommateur aura fait d'énormes progrès. Nous pourrons gérer, à la fois techniquement et conceptuellement, des modèles infiniment plus complexes. » Sans se faire d'illusions. Nous n'appréhenderons jamais totalement la réalité.
Besoin de modèles malgré tout
Mais, pendant les travaux, la crise continue et l'économie mondiale tourne. « Face à ce genre de rupture, l'attitude universitaire consiste à faire preuve d'une grande prudence. Mais le FMI ne peut pas attendre deux décennies ! Quand la Chine bascule sa croissance du moteur de l'investissement vers celui de la consommation, il nous faut un modèle qui relie ce changement majeur au Brésil et au reste du monde ! » Un modèle dont il faut se servir avec respect… et scepticisme. Blanchard évoque « un mélange d'art et de science ».
Il est vrai que la crise a fait vaciller bien des certitudes, au sein même des brillantes équipes d'économistes du FMI. Sur la politique budgétaire, c'est bien ce mélange de science et d'art qui sert désormais à formuler les recommandations du Fonds. Avant 2008, ses experts estimaient que les resserrements budgétaires freinaient peu la croissance. Leur « multiplicateur » était de 0,5 : un rééquilibrage budgétaire de 10 milliards d'euros était censé amputer la production de 5 milliards. A la Banque centrale européenne, on soutenait même que le multiplicateur était négatif - la rigueur budgétaire pouvait soutenir l'activité. Mais les plans européens ont au contraire plombé la croissance. Et pas seulement en Grèce ! Les estimations du FMI publiées fin 2012 indiquent un multiplicateur compris entre 0,9 et 1,7. « Nous avons révisé nos hypothèses de travail aussi vite que la réalité s'imposait », se défend Blanchard. Strauss-Kahn, lui, n'avait pas attendu pour prôner dès 2009, à Davos, la prudence sur la rigueur budgétaire.
Des chocs plus fréquents
La dégradation des finances publiques est telle que les chercheurs du Fonds ont lancé une série d'études, à la fois historiques et théoriques, sur les faillites d'Etat. « On ne peut pas s'offrir le luxe de ne pas penser aux restructurations de dette publique, explique l'économiste en chef du FMI. Si un pays a 0 % du PIB de dette publique, il n'a aucun problème. S'il a 400 % du PIB, c'est intenable. A quel moment assoit-on débiteurs et créanciers autour de la table ? A quel moment le créancier a-t-il intérêt à négocier, pour perdre 50 ou 70 % et non la totalité de son argent ? » On pense tout de suite au Japon. Blanchard ne s'exprime pas sur la politique de relance éperdue annoncée par le gouvernement, alors que la dette publique approche déjà 250 % du PIB. Mais dans sa conférence, il a employé à deux reprises le mot « pari »…
Le même séisme touche la conception de la politique monétaire, une politique qui « a été très loin ». Ses effets redistributifs sont massifs. Il faut la compléter par un volet « macroprudentiel » pour éviter l'effet domino où la chute d'une banque provoque l'effondrement du système financier. Le ciblage de la hausse des prix n'est peut-être plus l'idéal. Et pourquoi pas une bouffée d'inflation… On est soudain pris d'un léger vertige. Cet homme au sommet de sa carrière, qui n'a plus rien à prouver, impérieux et parfois cassant, aurait pu se retirer du débat sur la pointe des pieds dans cette crise terrible. Il fait l'inverse, s'exposant comme jamais, lançant et relançant le débat, organisant des séminaires « Repenser la politique macroéconomique » avec le gratin des chercheurs. En avril, lors du deuxième séminaire , il a été frappé par l'interpellation de Stefan Gerlach, un Allemand devenu numéro deux de la Banque d'Irlande. Faut-il vraiment rebâtir toute la macroéconomie pour un événement qui arrive une fois par siècle ? On lui pose la question. « D'abord, ça arrive plus souvent. David Romer, de Berkeley, a recensé six chocs en trente ans rien qu'aux Etats-Unis ! Ensuite, il y a des raisons de penser que ces événements pourraient se produire plus fréquemment que par le passé. Enfin, même si c'est une fois par siècle, il y a beaucoup, beaucoup de gens qui souffrent. »
Jean-Marc Vittori


Les points à retenir
Le 1er septembre 2008, Olivier Blanchard connaissait une consécration en devenant « conseiller économique » du FMI, alors dirigé par Dominique Strauss-Kahn.
Deux semaines plus tard, la banque Lehman Brothers s'effondrait, entraînant le monde dans une crise que les économistes n'ont pas vu venir.
Au sein des équipes du FMI, cette crise a fait vaciller bien des certitudes. Avant 2008, les experts du Fonds estimaient par exemple que les resserrements budgétaires freinaient peu la croissance. Les plans européens ont démontré le contraire.