lundi 30 novembre 2015

Thierry Bardy - L'Etat islamique diffuse un manuel pour djihadiste numérique

publie dans le Monde Informatique un article qui fait
froid dans le dos !!!  l'horreur numérique 

Un guide de 34 pages a été diffusé par l'Etat islamique pour prodiguer conseils et informations sur des outils de sécurité. (crédit : D.R.)

Un guide de 34 pages a été diffusé par l'Etat islamique pour prodiguer conseils et informations sur des outils de sécurité. (crédit : D.R.)
Le centre américain de lutte contre le terrorisme de l'académie militaire de West Point a découvert l'existence d'un manuel diffusé par l'Etat islamique présentant de nombreux outils et conseils pour chiffrer les communications entre ses membres.
Deux semaines après les terribles attentats qui ont frappé Paris en plein coeur et fait 130 morts et plus de 350 blessés, la France panse ses plaies. Alors qu'un vibrant hommage a été rendu aux disparus par le président de la République François Hollande aux Invalides, la volonté de mettre un terme aux agissements des terroristes est dans toutes les têtes. Malheureusement, ces derniers n'hésitent pas à utiliser tous les moyens à leurs dispositions pour monter leurs macabres projets, dont de nombreux outils numériques.
AdTech Ad Quelques jours après s'être interrogée sur l'utilisation des messageries chiffrées par les groupes terroristes, la rédaction du Monde Informatique a pris connaissance, par le biais d'un article publié par nos confrères de Wired, de l'existence d'un manuel diffusé par l'Etat islamique recensant de nombreux outils et conseils pour chiffrer les communications entre ses membres. Après réflexion, nous avons finalement décidé d'en présenter les grandes lignes. A l'origine, ce guide de 34 pages n'a d'ailleurs pas été réalisé par l'Etat islamique, mais s'avère être une traduction « augmentée » d'un manuel rédigé il y a près d'un an par la société de sécurité kowetienne Cyberkov à destination des journalistes et activistes politiques de la bande de Gaza pour protéger leurs identités, celles de leurs sources et l'intégrité des informations envoyées.

L'usage des téléphones Android et iOS adossés à Tor recommandé

Récemment, il s'avère que le centre américain de lutte contre le terrorisme de l'académie militaire de West Point a découvert une version remaniée par l'Etat islamique de ce guide, traduite en arabe et agrémentée de conseils destinés cette fois à ses membres et aux apprentis terroristes. Ce dernier propose ainsi une compilation de quelques dizaines d'applications et services garantissant l'anonymisation des échanges, incluant le navigateur Tor, le système d'exploitation Tails, les outils de chat chiffrés Cryptocat, Wickr et Telegram, les messageries chiffrées Hushmail et ProtonMail, ou encore les chiffreurs de communications RedPhone et Signals.
Certaines recommandations sont également émises, comme le fait de recourir à des terminaux mobiles Android ou iOS seulement lorsque les communications sont routées au travers de Tor ou encore le fait de désactiver la fonction de tag GPS de photos pour éviter de faire remonter des données de localisation. D'autres consistent également à ne pas utiliser Instagram du fait que sa maison-mère, Facebook, a peu d'engagement en matière de préservation de la vie privée et alerte sur le fait que les communications peuvent être interceptées, même sur des réseaux GSM chiffrés. Pour palier ce problème, le recours à des téléphones sécurisés comme Cryptophone ou BlackPhone sont conseillés.

mardi 24 novembre 2015

Thierry Bardy - Refonder, repenser l'entreprise afin qu’elle (re) devienne collective, créatrice et sociale.



Refonder, repenser l'entreprise afin  qu’elle (re) devienne collective, créatrice et sociale.

Cher(e)s ami(e)s du Club Open Prospective.
Pour cette derniere pléniere du club de l'année 2015,  nous avons décidé d'ouvrir notre cercle de reflexion et donc de nous réunir dans l'amphithéatre de Strat Design à Sèvres

Inventée il y a un siècle, l'entreprise incarnait l'inventivité technique, un travail organisé et un espace de négociations sociales. Son développement se confondait avec le progrès collectif.
Cette logique s'est brisée dans les années 1980. En imposant le primat de la société anonyme, donc des actionnaires, les doctrines de la " corporate governance " ont déstabilisé la mission des dirigeants et atrophié les règles de gestion.
Aujourd'hui, il faut repenser l'entreprise et son cadre juridique, parce que le droit, par son ambiguïté et ses lacunes, n'a pu empêcher le dérèglement.
Dès 2011, Michel Porter avec la «Corporate share value» s’était déjà interrogé sur les changements nécessaires pour l’entreprise.
Le dernier ouvrage de Blanche Segrestin et Armand Hatchuel propose de repenser l'entreprise comme une action collective et créatrice. Leurs auteurs jugent nécessaire de repenser le statut du dirigeant et de jeter les bases d'un "contrat d'entreprise " différent du contrat de société, orienté vers le progrès collectif.
Pour cette dernière réunion plénière du Club Open Prospective de 2015,
Nous aurons le plaisir d’accueillir Armand Hatchuel qui viendra présenter la genèse de ses réflexions et les solutions de refonte qu’ils préconisent pour aller vers une entreprise revisitée.
Cette plénière est totalement ouverte et nous vous invitons à relayer cette invitation autour de vous.
Nous vous attendons dès 13 h 30 à Strate, École de Design 27 Avenue de la Division Leclerc, 92310 Sèvres
Compte tenu des circonstances, seuls les inscrits munis d’une pièce d’identité pourront entrer.
Un parking est prévu sur le campus.
A bientôt
Thierry Bardy


Armand Hatchuel est professeur à Mines ParisTech, directeur adjoint du
Centre de gestion scientifique et membre de l’Académie des technologies.
Il est co-auteur de L’Expert et le Système (Economica, 1992), Les Processus d’innovation (Hermès, 2006), Les Nouvelles Fondations des sciences de gestion (Vuibert, 2008) et L’activité marchande sans le marché (Presses de l’École des Mines, 2010) et co-auteur de Refonder l'entreprise (Seuil, 2012)


Jeudi 10 décembre 2015 de 13:30 à 17:00
Strate, École de Design  
27 Avenue de la Division Leclerc, Sèvres
92310 Sèvres
 

lundi 23 novembre 2015

Thierry Bardy - Tendances FUTUR(s)15 : prenons en main notre destin


 Thierry Bardy - La revue Influencia  http://www.influencia.net à travers Isabelle Musnik
décrit  8 macro ou meta tendances du futur. A lire sans aucune modération


 Isabelle Musnik











« Contre l’imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l’avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses ». Avec cette citation de Anna Arendt en introduction, le tout nouveau rapport de tendances de Peclers,  FUTUR(s)15, Shaping Our Destiny, pose les bases d'une nouvelle relation entre les marques et le consommateur.

« Dans notre précédente édition FUTUR(s), nous invitions à avoir confiance en l’avenir face aux interrogations qu’il soulève, à prendre un peu de recul pour mesurer nos choix et leurs implications. Aujourd’hui, les crises humanitaires et sociales, l’urgence climatique et les scandales écologiques, les avancées de la technologie et les mutations socio-économiques, ainsi que les dramatiques confrontations internationales... tout nous intime l’ordre d’agir et de prendre en main notre destin », constate Emma Fric, Research & Future Insights Director chez Peclers. « Individus, réseaux sociaux, collectivités vivent déjà cet impératif à s’engager, à participer, à collaborer. Ils nous interrogent sur notre capacité à créer un avenir désiré et désirable, quitte à s’exposer plutôt que de subir! Rassembler, s’engager et agir pour construire l’avenir, ce mot d’ordre s’applique aussi aux marques, aux entreprises et aux institutions. Car elles s’adressent aujourd’hui autant à des consommateurs qu’à des communautés, qui risquent fort sinon de s’organiser sans elles. Elles doivent donc se mobiliser elles aussi pour la construction d’un nouveau modèle de société, fondé davantage sur le bien commun, la liberté d’expression, le vivre ensemble et un développement éthique qui protège la planète autant que l’humain. Cette démarche active, poursuit-elle, nous impose de construire, de façonner et d’inventer ensemble un futur véritablement durable pour tous... ».


Cette année, le rapport FUTUR(s)15 met en évidence 
8 « macro dynamiques » qui transforment la société et modèlent les enjeux d’innovation pour les trois à cinq prochaines années, enjeux auxquels les marques devront répondre pour convaincre et séduire le consommateur.

1 - Codes identitaires et modèles sociétaux : célébrer sa singularité.

2 - Hédonisme et bien-être : s’adonner à l’indulgence.

3 - La révolution collaborative : réhumaniser la valeur.

4 - La mondialisation et ses implications : recréer le vivre-ensemble.

5 - Rapport à la nature : se mobiliser pour notre planète.

6 - Quête de sens et de transcendance : capturer l’attention.

7 - Relations au temps et à l’espace : réenchanter la matérialité.

8 - Nouvelles frontières des techno-sciences : vivre avec les machines.


INfluencia a choisi de faire un focus sur une thématique : s’abandonner à l’indulgence. Un effort permanent nous est demandé pour comprendre et nous adapter à la complexité d’un monde en perpétuelle mutation. Le thème Refuser l’Excès de Futur(s) 14 relevait déjà « que le fait de subir des pressions de toutes parts et d’être épuisés par nos propres besoins et désirs, fait émerger le lâcher-prise comme une alternative essentielle à cet effort permanent. Désormais, il ne s’agit plus de s’autoriser simplement un peu de souplesse ou de répit », commente Emma Fric. Ces principes n’ont plus le statut de moments d’exception, mais s’intègrent durablement à la vie de tous les jours. Ils la structurent même en profondeur. L’allègement du contrôle de soi et la quête d’une plus grande simplicité caractérisent cette philosophie de l’indulgence. Intellectuellement, esthétiquement, gustativement, l’évidence reprend aussi ses droits. Ne cherchez plus, comme le disait le peintre américain Frank Stella : « What you see is what you see ». Entre retour aux fondamentaux et éloge de la normalité, l’indulgence s’impose avec bienveillance et en douceur.

 La "relâche attitude"

Et cette indulgence se manifeste de plusieurs façons : en lâchant prise et utilisant le premier degré. « La complexité d’un monde contemporain changeant et imprévisible alimente le désir d’un nouveau mode de vie basé sur le lâcher-prise. Une attitude d’indulgence envers soi-même est une réponse à l’effort permanent qui nous est demandé au quotidien pour composer avec le réel. Le lâcher-prise revêt les apparences d’une existence plus simple et spontanée. La normalité n’est plus un tabou : l’évidence et le premier degré sont à l’honneur dans la philosophie, l’esthétique, la mode, le design et même la gastronomie », ajoute Emma Fric.

Longtemps compris comme une entorse « aux règles » ou comme le résultat d’un moment d’épuisement, le lâcher-prise révèle au quotidien toutes ses qualités. Il invite à savourer l’instant présent et à profiter réellement des expériences. Qu’elle soit liée au plaisir des sens, au bien-être psychique ou à l’apprentissage intellectuel, cette attitude montre une ouverture à la richesse de la vie. Elle ne s’oppose pas aux règles que l’on se donne pour progresser : au contraire, elle s’y intègre et fait tomber les barrières qui empêchent de jouir de ce qui est en face de soi. Pour comprendre, inutile de s’obstiner à déchiffrer, il suffit de ressentir et d’en faire une règle de vie.

- La fabrique du plaisir : le chocolat, « petit plaisir » quotidien par excellence, est aujourd’hui célébré par l’art. La photographe Stéphanie Kiwitt le tourne en métaphore de nos pulsions viscérales par ses clichés ultra-réalistes (exposition Un-Scene III, Wiels, Bruxelles, mai 2015) et Paul McCarthy, par sa reconstitution d’une chocolaterie à la Monnaie de Paris (Oct. 2014 - Jan. 2015), met en scène sa fabrication, questionnant ainsi celle du plaisir dans ses aspects gustatifs, sexuels et plus « violemment sensoriels ».

- La réecriture des règles : à la croisée de l’art, de l’architecture et du design, l’exposition Hippie Modernism : The Struggle for Utopia (Walker Art Center de Minneapolis, Oct. 2015-Fev. 2016) explore la philosophie hippie. En ressort une critique sociale et esthétique du mouvement, dont l’influence se fait ressentir aujourd’hui. Yoga, légalisation du cannabis, spiritualité, solutions alternatives… un retour aux origines d’une libération qui n’est plus une contre-culture mais s’impose à nouveau comme un style de vie.

- La cannabis économie : en février 2015, Seattle a mis en service le premier distributeur automatique de cannabis. Cet appareil médical propose à ses clients d’acheter de l’herbe, des produits alimentaires à base de marijuana et autres accessoires. Alors que le débat autour de la légalisation de cette substance agite de nombreux pays, une économie, légale, organisée et rentable se diffuse autour d’un produit dont la désirabilité repose sur ses propriétés psychotropes.

- L'école complice : mère de jumeaux, l’actrice Tilda Swinton a souhaité pour ses enfants une éducation sans examens et sans bulletins de notes. Elle a donc créé la Drumduan Upper School (Ecosse) où les élèves, préservés du stress causé par le système éducatif classique, développent leurs capacités intellectuelles, sociales et artistiques dans un environnement qui place le plaisir et la spontanéité au centre de la pédagogie.

Alors, quels enjeux pour les marques demain ? « Se libérer du contrôle de soi et des normes sociales pour profiter pleinement du moment vécu. Et faire des logiques de l’indiscipline et de l’imperfection de réelles valeurs aspirationnelles », répond Emma Fric.

Le premier degré

« Au sein de la société globalisée, les individus sont confrontés à un nombre grandissant de modes de vie et de critères esthétiques qui leur paraissent étrangers, voire incompréhensibles. Dans les médias, le débat autour de cette complexité se fait aussi épuisant : un labyrinthe de contradictions qui a amené le philosophe slovène Slavoj Zizek à soutenir « le droit à l’ignorance de l’autre ». Lorsque la compréhension de ce qui nous entoure paraît impossible, le premier degré émerge comme un point de vue rafraîchissant. Loin de la paresse intellectuelle, il permet de renouer avec le bon sens, nos sensations primaires et ouvre même à une certaine forme de sagesse », souligne l’étude.

- La philosophie du réel : d’après le philosophe italien Maurizio Ferraris, la réalité nous rend simplement heureux ou malheureux et ne peut pas être réduite à la simple interprétation. Dans son livre Introduction to New Realism (Bloomsbury Academic, 2015) il questionne la philosophie selon laquelle la réalité relève d’une construction subjective, donc manipulable. L’auteur dénonce une pensée devenue fiction qui renonce à la vérité du réel. Le monde et ses faits existent en eux-mêmes, indépendamment de nous.

- La beauté vraie : à l’occasion de son exposition à la Galerie Perrotin à Paris (Avril 2015), l’artiste Lionel Estève se prononce à propos de sa recherche d’une beauté réelle et littérale. Sans céder à la spectacularisation, il remarque que la beauté est devenue une valeur presque « tabou » dans l’art contemporain, au profit de la provocation et du second degré. A Wander présente notamment d’immenses feuilles de végétaux recouvertes de feuilles d’or, magnifiant ainsi la nature par la beauté de la lumière.

- L'idéologie primaire : le projet Screamscape -Institut International de Recherche sur le Cri- a mis en scène à la Fri Art Kunsthalle de Fribourg (2015, Suisse) le cri comme proposition idéologique viscérale et inarticulée. Ne demandant aucune technique, gratuit et démocratique, le cri est magnifié en tant qu’instrument de libération. Artistes, musiciens, scientifiques, philosophes, designers et moines bouddhistes ont contribué à cette célébration publique de « l’esprit primaire ».

- Le cliché s'assume : véritable saga familiale explorant l’univers du show business, la série américaine Empire (Fox TV, 2015), assume des intrigues prémâchées. Sur le point de mourir, Luscious Lyon, riche producteur de disque américain, doit désigner son successeur parmi ses enfants, mais se heurte aux rivalités, vengeances et amours compliquées qui soulèvent sa famille. Abusant des personnages caricaturaux, la série devient jubilatoire. Elle a créé l’enthousiasme chez le public et a relancé le genre du soap-opéra.

Quels enjeux pour les marques demain ? Mettre en avant le ressenti, le pulsionnel et l’envie, sans recours à une médiation ou une explication rationnelle. Et faire appel à la spontanéité, à la sensibilité « viscérale » du consommateur. Un joli programme.










mardi 10 novembre 2015

Thierry Bardy - Frontières abolies entre « on » et le « off », naissance du "Phygital"

Thierry Bardy

 

 

 



 

Thierry Bardy - tags ; shopper, phygital
, showroming, beacon , web2stores

Frontières abolies entre  « on » et le « off » ou la naissance du "phygital"
Le  digital envahit la société et l’économie à un rythme effréné. Les usages numériques des clients des usagers, des salariés  se multiplient et envahissent notre vie de tous les jours. Même lors de notre sommeil, le digital nous accompagne pour mieux nous réveiller.

Il est de nos jours difficile de segmenter les comportements des individus entre leur  « on » et leur « off », tant la perméabilité de leurs comportements sont proches.

C’est le marketing qui a décelé rapidement l’importance de rapprocher ces deux usages, jadis très distincts. Offrir des solutions sans couture aux consommateurs est devenu le principal challenge du marketing moderne.
Le cross canal avait initié des comportements différents pour une même finalité. Mais cette fusion comportementale s’identifie aujourd’hui plus profondément à travers deux comportements que l’on nomme « web to stores » et « showrooming ». Pour le premier, le consommateur  se renseigne sur le net et concrétise son achat en off line ( achat d’une automobile, etc..) pour le second , il s’agit de l’inverse.
Le Beacon est une autre approche marketing qui tend à rendre le comportement du consommateur uniforme. En entrant dans un magasin, votre téléphone portable sonne. C’est un message de bienvenue. Vous passez ensuite dans un rayon, vous vous attardez devant un produit. Nouveau message: un bon de réduction.

Si la décision n’est pas faite, un vendeur vous sollicitera par votre prénom et vous rappellera votre comportement passé sur le net et sera donc mieux  vous conseiller.
Dans un domaine totalement diffèrent, l’abolition des frontières entre le travail et le domicile a trouvé racine à travers la perméabilité du ON et du OFF. Il s’agit du BYOD « Bring your own device »  pratique qui consiste à utiliser ses équipements personnels (téléphone, ordinateur portable, tablette électronique) dans un contexte professionnel. Ces appareils facilitent l’accès aux informations et applications de l’entreprise. Cette pratique pose des questions relatives à la sécurité de l'information et à la protection des données, ainsi que sociales et juridiques.
Apparu avec les premiers ordinateurs portables qui ont permis de gommer la frontière entre monde personnel et professionnel, ce phénomène a tendance à se répandre au sein des entreprises. Selon une étude menée par un cabinet d'étude indépendant, en 2013, 71 % des collaborateurs interrogés utiliseraient à titre professionnel des solutions non mises à disposition par leur entreprise.
Cette notion est relayée dans un excellent article d'Inflencia de novembre 2015   « remettre  du physique » dans l’expérience client ou ce qui exprimé sous le vocable "Phygital"
Tout comprendre du "Phygital"

Au travers de ses nombreuses études et réflexions sur le sujet du shopping et de la distribution, l’institut Ipsos perçoit un mouvement de fond qui fait évoluer la conception de la shopping experience. Immersion dans un monde nouveau : le phygital.

Un flashback s’impose, au moment où le digital fait une irruption fracassante dans la distribution, en virtualisant selon les secteurs tout ou partie des pratiques physiques. Depuis, chaque catégorie accueille maintenant au moins un pure player digital. S’est engagé dès lors un combat sans merci entre shopping physique et shopping virtuel. Arbitre de cette lutte entre deux mondes, la qualité de l’expérience shopper, qu’elle soit digitale ou physique, progresse constamment en tant qu’attente, et peut dans un futur proche devenir le véritable déclencheur de l’achat. Parce qu’on me propose un voyage fluide, positif et enrichissant dans l’offre de la marque depuis la prise de contact jusqu’au service après vente, je suis favorablement guidé vers la transaction.

La pièce manquante

Dans ce contexte, le digital n’a de cesse d’innover pour compenser ses faiblesses, pas de contact physique avec le produit, délais et modalités de livraison parfois handicapants. Plusieurs marques rivalisent ainsi de créativité pour trouver les systèmes de delivery les plus fluides et rapides possibles (citons Volvo On Call, qui inaugure la livraison des courses alimentaires directement dans le coffre de la voiture), d’autres proposent l’essai gratuit à domicile d’articles sélectionnés sur le site Web (aux États-Unis, l’enseigne de lunettes Warby Parker a lancé le service Home Try-On : 5 paires pendant 5 jours 100 % free). En d’autres termes, le digital « remet du physique » dans l’expérience client.

À l’inverse, les points de vente physiques, forcés d’évoluer, se développent dans deux directions. D’un côté ils opèrent un recentrage sur leur zone de force, via une interaction human-to-human soignée pour créer du lien émotionnel, du relationnel affectif, de la fidélité. Le conseil, l’écoute, le servicing, l’atmosphère du point de vente sont donc des priorités dans la plupart des enseignes physiques. De l’autre ils intègrent de plus en plus la « part digitale manquante » à leur expérience live : le point de vente physique métabolise lui aussi la technologie digitale au service d’une expérience client toujours plus fluide, personnalisée et surprenante. C’est l’expérience « phygitale », qui combine la capacité d’entertainment de la marque en point de vente pour capter la relation, et l’efficacité digitale pour augmenter le désir et concrétiser la transaction.

Du point de vue digital ou physique, il semblerait donc que l’opposition réel-virtuel ait vécu ; la vie « tout virtuel » ou la schizophrénie que l’on craignait du temps de Second Life a cédé la place à un monde où l’expérience virtuelle est au service d’une augmentation du plaisir et du confort dans la réalité physique. L’innovation autour du shopping en centre commercial confirme cette direction : 65 % des Français aimeraient voir les informations sur un vêtement s’afficher automatiquement en le décrochant du portant en magasin, un concept de cintre intelligent testé par la marque Vanquish au Japon (source « Observatoire du shopping »/Unibail-Rodamco 2015). Dans ce cas, le digital aide à mieux sélectionner le produit qui convient, à être averti, à optimiser son temps en point de vente. Autre exemple, 39 % des 16-24 ans ont déjà utilisé ou sont particulièrement intéressés par la possibilité de géolocaliser leurs proches au sein d’un centre commercial. Ici encore, l’application intervient bien pour générer une interaction physique optimisée : être ensemble, se retrouver, augmenter le plaisir de l’instant shopping.

La gestion du temps réel
 Les exemples foisonnent, qui viennent encapsuler un module digital soit avant, soit au moment de l’acte physique, pour le client, mais aussi en support pour les vendeurs. Avec MySephora, le personnel de l’enseigne dispose d’un iPod Touch intégrant les informations du client encarté pour un conseil personnalisé qui tient compte à la minute de son historique.

Le futur proche comptera sans doute avec les beacons, ces petites balises installées en point de vente qui se connectent en Bluetooth aux smartphones des clients, et utilisent les données captées pour orienter le parcours d’achat, proposer des promotions ou des offres pertinentes en temps réel. Apple a déjà équipé 250 de ses Apple stores en beacons, et Macy propose déjà d’activer son Bluetooth en entrée de magasin pour guider chacun vers les rayons les plus pertinents pour soi.

Reste bien sûr à inciter les utilisateurs à activer leur Bluetooth à l’entrée du magasin… ou à les rewarder pour s’équiper d’autres systèmes ne nécessitant pas forcément le passage en Bluetooth. Dans ce sens, la toute fraîche start-up Arenzi commercialise des puces RFID [implant électronique sous-cutané, ndlr] actives à longue portée permettant de tracer un visiteur, ou un caddie, dans un espace donné, recueillant ainsi les données de son parcours de visite pas à pas.

Défi majeur du phygital, rester fluide et seamless, sans heurts, dans l’expérience proposée. Car la surenchère de sollicitations digitales pendant le parcours client peut se révéler tout à fait contre- productive et venir saturer d’informations un visiteur en quête de bonnes surprises et de détente, qui décroche alors rapidement. Pire, si les informations ou propositions n’arrivent pas au bon moment, l’objectif de personnalisation se transforme en son contraire : un effet « hyper-massifiant » qui réactive la levée de bouclier contre l’utilisation abusive des données personnelles. À l’arrivée, les écueils du marketing miroir : en raison d’un léger décalage de temps, le client éprouve un sentiment de déjà-vu face à son clone virtuel, et se sent enfermé dans une boucle algorithmique qui lui propose de la répétition au lieu de la découverte, ou qui le place dans une étiquette trop étriquée dans laquelle il ne se reconnaît pas.

En bref, le réglage « phygital » pourrait bien être un travail d’orfèvre ! Proposer sans imposer, captiver sans capturer, stimuler sans irriter, tels sont les challenges que doivent relever les intégrateurs de solutions digitales aux espaces physiques.

Vers une gamification généralisée ?

Et pour compliquer la donne, à l’inverse, l’absence « d’augmentation » de la réalité de l’expérience shopping via le digital pourrait être bientôt pénalisante, à mesure que se forge l’expérience du consommateur dans ce domaine : devenu exigeant et impatient, le nouveau shopper ne comprend pas pourquoi ce qui est possible dans l’enseigne d’un secteur ne le serait pas dans une autre ! À tout le moins, cette exigence apparaît particulièrement forte à l’égard des réseaux chaînistes, dont il sait qu’ils ont les moyens d’investir dans la technologie à grande échelle et qu’ils exploitent toutes les données qu’ils peuvent capter de lui. On pourrait presque y voir un nouveau deal relationnel avec ces enseignes : si tu me sondes, utilise ce que tu apprends de moi pour améliorer ta pertinence, mon plaisir et mon confort.

Dans ce domaine, l’univers du gaming est très inspirant : créer des interfaces fluides et surprenantes pour construire une expérience ludique et sans effort est une compétence très prisée en dehors du domaine strict du jeu. Gamification de la société, des modes de travail, l’univers du shopping peut sans doute apprendre beaucoup de ses cousins de l’entertainment.

Quoi qu’il en soit, dans un environnement ultra concurrentiel, physique et digital semblent devoir définitivement s’additionner pour accroître la surface d’expérience d’un shopper devenu, lui aussi, augmenté.