lundi 14 octobre 2013

Notre futur en trois dimensions: Data. Hyper connection et Robotique.


Pour Jaron Lanier, nos données ne nous appartiendront plus. Pour Illah Nourbakhsh, les robots seront parmi nous. Et pour les experts du BCG, le monde de demain sera plus compétitif, plus global, mais aussi plus créatif.

A quoi ressemblera l'avenir ? Des données, de la robotique, des organisations nouvelles. C'est ce qui ressort de trois ouvrages en anglais, aux origines et observations différentes, mais qui n'oublient pas de rappeler que ce sont les comportements contemporains qui font le monde de demain.

1/ Désillusions numériques/ data
Jaron Lanier est un drôle d'oiseau. Prophète et gourou de la Silicon Valley, musicien et essayiste aux cheveux longs, il est salarié de Microsoft et spécialiste de réalité virtuelle. Connu pour avoir dénoncé ce qu'il appelle le « maoïsme digital » et le « collectivisme en ligne » (c'est-à-dire la captation de données gratuites par les géants du Net), il s'interroge sur qui, aujourd'hui, détient l'avenir. Sa thèse globale est celle d'une révolution numérique qui profite d'abord à l'élite et aux grandes compagnies, conduisant à une polarisation sociale croissante et au rétrécissement des classes moyennes. Celles-ci, attirées telles des Ulysse modernes par ce que Lanier baptise des « serveurs sirènes », se brûlent les comptes en banque et leur avenir en cédant gratuitement leurs données.
Si les tendances devaient se poursuivre, l'avenir appartiendrait totalement aux grandes entreprises régnant sur des fermes numériques et sur des populations appauvries et anesthésiées.
Pour Lanier, il faut que chacun puisse être rémunéré, par micropaiements, pour ses données. Dans cet ouvrage peu banal, ponctué d'interludes et de digressions, l'auteur se montre avant tout sceptique sur les conséquences de ce qu'il a lui-même un temps valorisé : le futur positif d'une vie numérique.

2/ Conseils pratiques / hyper connecte
Les consultants du BCG s'intéressent, de fait, à la question posée par Lanier : qui peut détenir le futur ?
À l'occasion des cinquante ans du cabinet de stratégie, 50 articles d'expertise sont proposés pour préparer les cinquante ans qui viennent. Il n'en ressort pas une matrice unique, mais un fourmillement d'idées. De cette « sagesse collective », on perçoit un monde où data et design compteront bien davantage. Un monde plus compétitif, avec des stratégies plus axées encore sur le low cost (voir, à cet égard, les remarques sur Gutenberg et l'imprimerie comme ancêtres du low cost).
Un monde où tout le monde peut entrer partout en concurrence pour tout. Un monde plus volatil, où la capacité d'adaptation mais aussi la confiance seront des avantages comparatifs. Un monde plus global, où l'on voit déjà poindre des sources de croissance (14 milliards de dollars d'investissements immobiliers d'ici à 2030 dans les villes des marchés émergents), avec l'affirmation des classes moyennes émergentes. Un monde composé d'individus hyperconnectés, qui sera plus efficient et plus créatif.
Au total, un ouvrage qui invite à naviguer à travers les turbulences et l'accélération du temps, avec une idée optimiste à l'esprit : on peut maîtriser les circonstances et ne pas demeurer leur prisonnier.

3/ Observations robotiques
À la différence de Jaron Lanier, devenu non pas technophobe mais au moins technosceptique, Illah Reza Nourbakhsh (qui enseigne la robotique à Carnegie Mellon) a conservé tout son enthousiasme. Dans un ouvrage percutant, comme savent les faire les Presses du MIT, l'auteur nous implique dans une prospective sensée et sensible de l'univers des robots.
La grande question est de savoir comment nous allons mieux vivre avec ces créations, de plus en plus présentes et puissantes, aux frontières des deux mondes (physique et numérique). Remplis de capteurs, de processeurs et de moteurs, les robots (qu'aucun spécialiste de robotique ne se risquerait à définir) vont révolutionner nos existences sur les trois plans de l'action, de la perception et de la cognition.
Plus seulement ménagers ou domestiques, ils vont pleinement investir l'espace public, qu'il faudra désormais aménager et partager avec eux.
Court mais copieux, le livre est composé de scénettes de science-fiction, aux horizons 2030, 2050 ou 2231, suivies de développements moins imaginés mais tout aussi instructifs. Nourbakhsh a une jolie formule. Vers 2035, il n'est certain que d'une chose : nous serons presque en permanence aux côtés de robots dont nous ne connaîtrons pas immédiatement grand-chose, mais qui, eux, sauront beaucoup de choses sur nous.
Pour lui, il convient de les envisager comme une nouvelle espèce, à la fois concrète et virtuelle (car amenée à communiquer plus encore que les humains sur le Net).
À plus long terme, des nanorobots pourront probablement équiper l'humanité et la réparer, au jour le jour. Et l'auteur de rappeler que la robotique a plus à voir, déjà, avec la biologie moléculaire qu'avec la mécanique.



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