jeudi 7 janvier 2016

Thierry Bardy - "Hyperloop défie notre logique du rapport au temps".

La promesse d'Elon Musk à travers   « Hyperloop » etait de surpasser  les performances du Shinkansen, le TGV japonais.

La description la plus détaillée  de l’Hyperloop était la suivante : « un croisement entre un Concorde, un canon électrique et une table de Air Hockey. »

San Francisco-Los Angeles en moins de 30 minutes et à bas coût : avec Hyperloop le rêve d'Elon Musk devrait bientôt être réalisé. Dirk Ahlborn, son CEO  présente le projet dans toutes ses dimensions, y compris énergétiques et sociales.

« Ce qui impressionne tout de suite le public, c’est la vitesse », concède Dirk Ahlborn. « Mais la vérité, c’est qu’il y a beaucoup d’autres aspects à évoquer ».
A commencer par la genèse même du projet : alors qu’Elon Musk commence à penser à l’Hyperloop, il n’a pas le temps de le développer. Dirk Ahlborn, co-fondateur de JumpStartFund, choisit alors d’incuber le projet sur sa plate-forme. « La communauté a tout de suite été excitée par l’idée, et voulait en faire partie ». Une équipe se forme sur la base d’une centaine de personnes, qui acceptent de travailler non contre un salaire fixe mais en échange de stock-options. Des entreprises s’associent au projet à travers le monde : Etats-Unis, Europe, Asie… « Ce qui séduit, ce n’est pas que la vitesse, mais la façon dont le système fonctionne ». L’utilisateur est placé dans une capsule à basse pression au sein d’un tube qui génère un coussin d’air. « Il n’y a pas de résistance, cela demande moins d’énergie ». Par ailleurs, l’Hyperloop a vocation à utiliser des énergies alternatives : solaires, éoliennes… « L’objectif est de produire plus d’énergie que nous n’en consommons ».
Et c’est bien là toute la différence avec les autres moyens de transport. « La plupart des gens ont conscience que les compagnies ferroviaires ne sont pas profitables et dépendent du soutien des gouvernements ». Le résultat, ce sont des prix souvent élevés… « Elles doivent investir dans les infrastructures, mais aussi les entretenir. Sans coûts énergétiques, c’est plus facile… ». Selon Dirk Ahlborn, Hyperloop pourrait être rentable en seulement 8 ans et proposer des tickets à un prix plus abordable. « Des trajets comme Paris-Amsterdam ou San Francisco-Los Angeles pourraient coûter moins de 50$ ».
Les perspectives sont multiples. En termes de déplacements récréatifs, évidemment, mais aussi au quotidien. Il est désormais possible d’envisager des relations longue-distance, de vivre à plusieurs centaines de kilomètres de son lieu de travail… « Quand Elon Musk a proposé le concept, nous ne voulions pas simplement nous attaquer aux problématiques strictement liées au transport, mais à tout le reste » : pollution, politique sociale… « Il faut tout repenser ».
La rapidité permise par « La technologie a changé nos vies en général, tout va plus vite ». Dans une société ultra-connectée, nous avons besoin de tout, très vite, plus vite. « D’une certaine façon, le monde apparaît plus petit ». Le projet vise donc à rendre accessible physiquement ce qui l’est déjà virtuellement avec la technologie, à portée de clics. Alors que certains voudraient ralentir la cadence, prendre le temps et évoluer à un rythme plus naturel, Dirk Ahlborn estime que tout est question de génération. « Quand on regarde les plus jeunes envoyer des SMS ou utiliser les réseaux sociaux, on constate qu’ils ne se posent pas la question de la rapidité : tout est et doit être instantané ». De très jeunes enfants sont capables d’être à l’aise avec les outils technologiques dernier cri sans avoir besoin d’explications. « Ils comprennent les nouveaux usages : c’est normal d’être connecté, d’être partout. C’est l’évolution ».

l’Hyperloop s’inscrit aujourd’hui dans la suite logique de notre rapport au temps.
Pour lui, l’arrivée de la télévision ou de la radio sont comparables aux innovations technologiques actuelles. « C’est pareil, sauf qu’aujourd’hui le rythme est différent. C’est plus excitant… ». Car qui dit innovation dit équipe. Il ne s’agit pas d’avancer seul, mais de faire collaborer les idées pour qu’elles évoluent. « Quand les gens pensent à Thomas Edison, ils imaginent un seul homme. La réalité, c’est que les plus grandes inventions ont été pensées à plusieurs ». Internet permet cette ébullition, ce partage et cette collecte du savoir. « De nombreux projets n’auraient pas pu voir le jour sans la communauté web. Prenez l’exemple de l’Oculus Rift, qui a été lancé sur Kickstarter ! ». De la même manière, quand Hyperloop a été proposé sur JumpStartFund, c’était avec cette idée de pouvoir fédérer et obtenir le plus de retours possible. « C’est assez naturel. Internet a bouleversé nos habitudes, la façon dont nous faisons les courses, dont nous tombons amoureux… Assez logiquement, on ne crée plus les entreprises dans un recoin sombre en écrivant nos idées sur une serviette en papier : on cherche des retours d’opinion, de l’aide, et des propositions pour enrichir les projets ». L’ingéniosité est toujours une affaire collective…  

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