jeudi 12 février 2015

Thierry Bardy "On assiste à une véritable uberification du marché de la santé au US"


Jeff Clavier : « Il y a une véritable uberification du marché de la santé »

Aux Etats-Unis, les dépenses de santé devraient atteindre en 2015 quelque 4 000 milliards de dollars. Un marché énorme sur lequel les startups commencent à se positionner. Décryptage avec Jeff Clavier, l'un des capital-risqueurs français les plus connus de la Silicon Valley.

Le corps humain constitue-t-il le nouveau terrain de jeu des startups, comme l'affirme Loïc Le Meur ?

Comment expliquer cette nouvelle tendance ?

J.C : « Je parle de perfect storm. Nous assistons à la réunion de trois facteurs primordiaux. D'abord, l'aspect technique. Aujourd'hui la disponibilité des plateformes a atteint maturité. Ensuite, nous sommes également arrivés à un stade où le particulier a compris qu'il avait besoin de prendre sa santé en charge. Pour finir, le lancement de l'Obamacare a forcé le système à innover. On compte désormais plus de 10 millions d'assurés supplémentaires. Cela coûte une fortune. Les économies d'échelles sont plus que jamais nécessaires. D'autant plus que les médecins vont être payés à l'acte (pour que leurs patients soient en bonne santé) et non plus au temps passé ».

Selon vous, quelles sont les startups "santé" les plus prometteuses ?

J. C : « Il y a bien évidemment Fitbit, qui est aujourd'hui leader sur le marché des trackers, sans pourtant avoir mis l'accent sur le marketing. (Fondée en 2007, l'entreprise californienne n'a déployé ses premières campagnes TV qu'en 2014.) Je pense aussi à Ubiom. Cette entreprise a développé une petite balise qui permet d'analyser notre salive. Les synthèses bactériologiques issues de ces analyses sont ensuite intégrées à une base de données. C'est en somme du big data appliqué au domaine de la santé. Il y a également la start-up 6SensorLab, dont l'objet connecté permet de détecter des allergènes (type gluten, ndlr) dans la nourriture. On peut également citer la start-up canadienne BioNym, à l'origine du bracelet Nymi, capable de mesurer l'activité électrique générée par le coeur pour en faire un mot de passe universel ».

Il y a donc énormément d'innovations du côté des devices. Qu'en est-il des services?

J.C : « On assiste à une véritable uberification du marché de la santé. Comme pour les utilisateurs du service Uber, les patients veulent pouvoir prendre leur smartphone et appuyer sur une application pour « commander » une visite médicale ou un docteur. Aux Etats-Unis, les médecins ne se déplacent pas à domicile comme peuvent le faire certains professionnels français. Il y a donc un véritable besoin en la matière. C'est dans cette optique que s'est développée la plateforme GoLantern.com, qui permet de mettre en relation les internautes avec des psychologues. Plus généralement, la question des économies à réaliser dans le secteur de la santé est énorme. L'objectif est de gagner en efficacité pour limiter les dépenses. Alors que les services et les devices étaient davantage dédiés aux particuliers, je pense que les innovations adressées au secteur B2B vont se multiplier ».

Selon vous, quelle « expérience » vivra le patient dans 10 ans ?

J.C : « Comme pour nos voitures, les patients se prêteront de façon régulière à des tests de contrôle de leur ADN et de leurs bactéries. Nous serons bien plus dans la prévention que dans les soins. Nous nous dirigeons également vers la médecine personnalisée. Le smartphone jouera un rôle prépondérant. C'est le Gateway (la passerelle en français). Il sera directement relié à une batterie de capteurs et toutes les informations récoltées seront transmises aux médecins. Le smartphone permettra ainsi de passer dans l'ère de la médecine en continu. Un mode sécurisé qui permettra d'accéder au dossier personnel des patients et de communiquer avec son médecin doit encore être défini ».

Pensez-vous qu'un Google de la santé puisse émerger ?

J.C : « C'est une question intéressante. Honnêtement, je ne suis pas sûr qu'un acteur puisse couvrir la totalité du spectre. Il y aura des gros acteurs certes, mais cela reste un marché extrêmement fragmenté ». 

Jeff Clavier : « Ce qui est certain c'est qu'il y a une réelle aspiration. Aujourd'hui, nous ne recensons pas encore des tonnes de startups dans le milieu de la santé mais on s'attend justement à la création de nombreuses nouvelles jeunes pousses dans ce domaine. Le marché est énorme.
En 2015, les dépenses de santé aux Etats-Unis devraient atteindre 4 000 milliards de dollars. Pouvoir bouger ne serait-ce que 1 ou 2% de cette masse serait monstrueux. Le marché reste toutefois délicat, car extrêmement régulé par la FDA (Food and Drug Administration). Pour se lancer, les startups doivent donc se demander quels produits ou services elles peuvent développer pour apporter une véritable valeur ajoutée aux consommateurs, sans passer par les voies épineuses des prescriptions ou des remboursements ».
premières campagnes TV qu'en 2014.) Je pense aussi à Ubiom. Cette entreprise a développé une petite balise qui permet d'analyser notre salive. Les synthèses bactériologiques issues de ces analyses sont ensuite intégrées à une base de données. C'est en somme du big data appliqué au domaine de la santé. Il y a également la start-up 6SensorLab, dont l'objet connecté permet de détecter des allergènes (type gluten, ndlr) dans la nourriture. On peut également citer la start-up canadienne BioNym, à l'origine du bracelet Nymi, capable de mesurer l'activité électrique générée par le coeur pour en faire un mot de passe universel ». 

Selon vous, quelle « expérience » vivra le patient dans 10 ans ?

J.C : « Comme pour nos voitures, les patients se prêteront de façon régulière à des tests de contrôle de leur ADN et de leurs bactéries. Nous serons bien plus dans la prévention que dans les soins. Nous nous dirigeons également vers la médecine personnalisée. Le smartphone jouera un rôle prépondérant. C'est le Gateway (la passerelle en français). Il sera directement relié à une batterie de capteurs et toutes les informations récoltées seront transmises aux médecins. Le smartphone permettra ainsi de passer dans l'ère de la médecine en continu. Un mode sécurisé qui permettra d'accéder au dossier personnel des patients et de communiquer avec son médecin doit encore être défini ».

Pensez-vous qu'un Google de la santé puisse émerger ?

J.C : « C'est une question intéressante. Honnêtement, je ne suis pas sûr qu'un acteur puisse couvrir la totalité du spectre. Il y aura des gros acteurs certes, mais cela reste un marché extrêmement fragmenté ».



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