mercredi 12 juin 2013

Innovation: peut mieux faire


Un léger mieux ! Mais avec une note de 6,8/10 en 2013, contre 6/10 en 2012, l’innovation n’est toujours pas la priorité des entreprises. Ces dernières conçoivent toujours plus leur compétitivité par la qualité (8.5/10) et la productivité (7.38/10) que par l’innovation.
" Pour autant, de moins en moins d’entreprises n’accordent aucune place à l’innovation, et elles sont de plus en plus nombreuses à la considérer comme très importante, même si globalement l’environnement externe est perçu comme plutôt défavorable à l’innovation ", observe Sylvie Bianco, professeur en Management et technologie et directrice valorisation.

Les 400 entreprises interrogées par l’Ifop pointent en effet un environnement politique, réglementaire et fiscal considéré comme défavorable. Un sentiment qui s’explique peut-être par le fait que très peu d’entreprises bénéficient des dispositifs d’aide à l’innovation : seuls 24 % disent avoir accès au crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l‘emploi, 23 % aux aides d’Oseo ou de la BPI, 20 % au crédit d’impôt recherche, 11 % aux pôles de compétitivité.
La nature de l’innovation change… lentement
" Avant, l’innovation n’était l’affaire que de quelques-uns, dans des bulles séparées du reste de l’activité de l’entreprise, les directions R&D. Et les entreprises à avoir des équipes dédiées n’étaient pas si nombreuses. Du coup, le CIR a réussi à toucher toutes celles qui pouvaient y souscrire. Aujourd’hui, l’innovation touche les business modèles, les services. Elle n’est plus uniquement l’affaire de ces entités à part ", analyse Sylvie Bianco.

De fait, l’étude montre qu’elles sont encore 26 % à n’avoir aucun budget dédié à l’innovation et 30 % n’ont aucun poste dédié. Et parmi celles qui disposent d’équipes dédiées, seules 40 % ont mis en place un système de suivi. "L’innovation se ferait donc un peu par hasard, sans se voir ", comprend Sylvie Bianco. Une innovation rarement de rupture. Les taux d’impact des innovations sur l’entreprise démontrent bien que l’innovation incrémentale reste reine. Elle sert à 75 % pour la production de nouvelles connaissances, mais seulement à 33 % pour la création de nouveaux métiers et 45 % pour l’introduction d’une rupture sur vos marchés. " On n’a pas de pionnier, mais des gens qui suivent leur marché ", résume la spécialiste de Grenoble école de management.
Pas d’outil de pilotage
L’analyste pointe surtout le fait que 60 % des entreprises qui mettent de l’argent dans l’innovation n’auraient rien pour piloter ou suivre. "Certes, aucun système de mesure et suivi n’a vraiment fait ses preuves. Mais, si on ne pilote pas, on ne peut pas progresser. En revanche, celles qui mesurent l’innovation pensent à 84 % que cela contribue à leur compétitivité. "
La diversité… plus une mode qu’une réalité

Mais le poids des ressources humaines, donc des hommes et du management, prend de l’importance dans les leviers d’amélioration. Et les souhaits de diversité et de mixité restent théoriques et difficiles à exaucer. L’innovation reste un univers plutôt masculin. C’est normal. Pour l’instant, il s’agit principalement de profil R&D, des ingénieurs ou scientifiques, recrutés dans des écoles ou à l’université dans des filières où il y a peu de filles. Quant à la mixité, "certes elle est dans l’air du temps, mais je pense qu’elle est vraiment très importante", avance Sylvie Bianco.

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