jeudi 2 avril 2015

Thierry Bardy - COP (Club Open Prospective)



























"Nous souhaitons initier l'open prospective en créant
le COP Club Open Prospective"
  Thierry Bardy

Début 2014, une poignée de collaborateurs d'Orange décident de se réunir deux fois par mois  pour parler d'avenir. Un an plus tard, c'est près d'une trentaine d'entreprises qui sont invitées à participer au "Club Open Prospective 2030", un groupe de réflexion dont les résultats prendront notamment la forme d'un magazine imaginaire publié en 2031.
Rencontre avec l'instigateur de cette démarche iconoclaste, Thierry Bardy, Vice-Président Open Innovation et Business Développement d'Orange Labs.

Quelle est votre définition de la prospective ?

Vous commencez probablement par la question la plus difficile ! In fine, l'objectif est bien de s'extraire de la tyrannie du court terme pour nourrir des réflexions stratégiques prenant en compte l'évolution du monde et de notre écosystème direct. Mais il ne s'agit pas d'une simple observation passive. Bergson disait que "L'idée du futur est plus fertile que le futur en lui-même" : nous pensons également que le travail de réflexion prospective apporte intrinsèquement des connaissances précieuses sur le système observé, son fonctionnement, ses réactions… De plus, nous espérons bien peser sur notre avenir ! Autrement dit, nous préférons nous inscrire dans une logique où le futur est à inventer, que dans une démarche de prévision.

Comment êtes-vous passé d'un rendez-vous informel entre collègues à un club "open" interentreprises ?

A l'origine, nous étions effectivement 8 collaborateurs à plancher régulièrement. Rapidement, nous avons constaté d'une part que cela donnait des résultats probants, qui pouvaient intéresser d'autre collaborateurs de la maison, et d'autre part que l'on pouvait améliorer la réflexion en l'ouvrant à d'autres profils (d'âge, de métier, de formation…). Nous avons donc partagé le projet, baptisé "Blue Orange", avec différentes entités d'Orange au travers d'ateliers lors desquels les participants produisent des scenarii sous la forme d'articles de journaux du futur. Ces sessions nous ont permis d'affiner nos outils et méthodologies, et surtout de placer le curseur temporel à 2030. Puis nous avons pris conscience de la nécessité d'élargir encore la démarche à des partenaires externes, issus de secteurs d'activités variés : le Club Open Prospective 2030 était né.
Son lancement a eu lieu fin mars 2015 en présence d'une trentaine de membres comme
Alderabaran Robotics, Arte, Valéo, Bosch, EDF, GdfSuez L'Oreal, BNP Paribas, Total, La Poste, Club Med, Arte, l'ADEME, Renault,  SNCF, DCNS, Michelin, France TV , Fing, le pôle universitaire Leonard de Vinci…

Quelle sera la méthodologie de travail ?

Merci de souligner qu'il s'agit d'un vrai travail. Nous y sommes très attaché : c'est un club où l'on doit produire de la valeur ! La méthode consiste essentiellement en un "serious game" autour de la rédaction d'un magazine imaginaire, présentant une photographie de l'année 2030 sous plusieurs angles socio-économiques. Pour alimenter la réflexion des participants, nous avons identifié 12 lignes de fractures (ndlr : voir encadré), que nous croisons avec 60 leviers de transformations (par exemple : nanotech, drones, robot, colonisation de l'espace, cleantech, mooc…). Les équipes recevront donc une ligne de fracture et deux ou trois leviers, assortis de quelques contraintes (par exemple des conflits entre acteurs d'un marché, l'apparition de nouvelles réglementations…) puis auront le champs libre pour se documenter et rédiger leur article. Bien sûr tout ceci sera agrémenté d'outils collaboratifs en ligne.

Comment allez-vous partager les résultats ? Et avec qui ?

Tous les membres (ndlr : l'accès au club se fait par cooptation) auront accès à tous les travaux, sur le mode "creative commons"*. Libre à eux de les utiliser à une échelle stratégique et/ou comme outil d'animation et de créativité pour leurs équipes. On peut aussi imaginer la diffusion d'une partie des résultats à plus grande échelle, dans les médias, pour les partager avec nos filières, les pouvoirs publics, et le grand public. Tout cela reste à décider avec les premiers membres du COP 2030.


* Creative commons : inspirée de la mouvance "open source", cette organisation à but non lucratif (USA) a créé des licences-type de mise à disposition d'œuvres particulièrement souples afin d'en favoriser le partage.


Les douze lignes de fracture identifiées par le COP 2030 :

-         Sos, planète terre !
-         Demain, 9 milliards de terriens
-         Mégalopoles Vs déserts
-         Le capitalisme en quête d'un second souffle
-         Travailleurs cherchent emplois
-         La montée des inégalités
-         Le bonheur en 2030
-         L'individu hypermoderne vs l'action collective
-         Internet : instrument de libération ou de répression
-         De l'homme réparé à l'homme augmenté
-         Apprendre à l'âge robotique
-         Cherche gouvernance pour monde complexe


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