dimanche 6 juillet 2014

Thierry Bardy " l'économie de la seconde vie des produits pourrait être une chance pour l'Europe"

Thierry Bardy
Tags ; consommation en 2020 , économie future  de la 2 eme vie , marché d'occasion, obsolescence programmée... 















Themes des prochains billets ....
- Le prosumerisme ou la consommation utile  
- L’économie de fonctionnalité ou servicielle ; de « own » à « use, not own »
- Réemploi et réparation ou l’avènement des marchés de l’occasion 
- La location entre particuliers.
- Mort du e –commerce, vive le commerce connecté
- Circuit alimentaire de proximité
-
Le marketing de 2020 ou l’emergence de l’intelligence du silicium
- de la monnaie virtuelle aux  programmes de fidélisation consommateur


 Réemploi et réparation ou l’avènement des marchés de l’occasion 

Analyse de cadrage Le Parisien 18 avril 2021

Dès 2018 une dichotomie assez nette s’est opérée en matière de pratiques de consommations de biens.
D’un côté les «consuméristes accomplis» pour qui le renouvellement des biens neufs est un véritable mode de vie, et de l'autre les plus nombreux, les consommateurs aux revenus limités qui ont recours de plus en plus au marché de l’occasion.
Ces 2 pratiques sont économiquement  très vertueuses, car l’une nourrit l’autre.
Aujourd’hui, quelles que soient les couches socio professionnelles,  l’achat d’occasion est revendiqué et même recherché pour un grand nombre de consommateurs.
Cette  tendance sociologique dite de l’occasion a été poussée par les entreprises qui ont rapidement vu leurs intérêts.

Le développement  des marchés bifaces (neuf/occasion) est devenu une stratégie d’entreprise à part entière. Le marché de l’occasion en 2020 est estimé par le cabinet Xerfi  à 10, 6 milliards d’€, soit un quasi doublement depuis 2012. Il dépasse aujourd’hui 2% de la consommation totale des ménages, dans certains secteurs comme dans la téléphonie il a dépassé les 10 %.

L’économie de la seconde vie est maintenant une réalité.
A l’instar de l’automobile, les entreprises dans bon nombre de secteurs ont créé des filières de réparation organisées et ont parfois fait de cette activité leur principal levier de croissance. Pour ce faire, Ils ont dû rompre avec les logiques de l’obsolescence programmée et du consumérisme exacerbé.
Les produits commercialisés sont maintenant pensés dès leurs conceptions pour être facilement réparables, inter opérables, modulables et donc durer plus longtemps.
Le secteur de la téléphonie est souvent cité en exemple. Si la durée d’usage d’un smartphone était de 2 ans et sa durée de vie de 6 ans en 2012 , elle est aujourd’hui en 2020 respectivement de 4 et 8 ans .
Concernant les pouvoirs publics, cette économie de la 2eme vie a largement été encouragée.  La préservation  des ressources naturelles et la perspective d'une plus grande socialisation des consommations ont guidé les politiques dans cette voie. La TVA circulaire mis en place en 2018 a privilégie la conception des produits  « renouvelables » et a obligé  les manufacturiers à produire vert. Il est malheureux que la mise en place de la déclaration des revenus liés aux ventes de biens et services entre particuliers soit venue altérer le développement de cette 2eme économie.



L’économie du DIY ( do it yourself)  n’a pas encore totalement trouvé sa place
On ne compte plus aujourd’hui les initiatives de mises en relation entre particuliers pour réparer un bien. Et pour autant, ce phénomène reste économiquement marginale. Seules les initiatives très thématisés  comme le bricolage, le petit électro ménagé,  ou les prothèses dentaires ont trouvé une appétence auprès des consommateurs. Il aura fallu l’appui de grandes organisations, mais aussi et surtout, de l’émergence des imprimantes 3D de deuxième génération pour que ce marché du DIY trouve sa place auprès des consommateurs .


Réemploi et réparation ou l’avènement des marchés de l’occasion 

Edito l daté du 13 mai 2020

Bruxelles ne nous avait pas habitué à autant de pragmatisme et de détails dans ses arrêts parlementaires. Celui concernant le réemploi et la réparation des biens de consommation rompt avec la technocratie Bruxelloise.
Le commissaire Européen Yann Pordlof en charge de la consommation a souhaité fixer 20 mesures qui sonnent le glas de «l’obsolescence programmée » des biens  manufacturés.
De l’interchangeabilité, l’inter-operabilité , la modularité des composants, l’éthique écologique, tout y passe jusqu’à la normalisation des têtes de visses des matériels afin de donner la possibilité aux particuliers de réparer eux-mêmes leurs matériels défectueux.
Dès 2025, les manufacturiers devront répondre aux normes de durabilité et d’obsolescence dictées par Bruxelles. Pour certains produits comme les machines à laver, l’objectif de durée de vie sera fixée à 15 ans alors que la durée de Vie actuelle  est de 12 ans. « Je sais l’effort demandé , mais il en va de la compétitivité Européenne  en la matière, une survie en quelque sorte» nous dit M Pordlof.
Les plate formes et enseignes actuelles de l’économie de l’occasion ont accueilli ces mesures avec enthousiasme.
N’ont-elles pas contribué par leurs lobbies à cette normalisation. Selon L’étude Conso CSA 2020 , le consommateur place le critère de  l’interchangeabilité ou la modularité d’un produit avant le prix lors de son acte d’achat.
Au-delà de ces mesures en amont de la production , comment ce marché peut –il fonctionner et avec quels acteurs ?
La quasi disparition  d’e-bay  en 2016 pour les raisons que l’on connait, la création du marketplace d’occasion d’Amazon « Garage place » et le rachat du «  bon coin » en France par le Japonais Rokuten  a largement consolidé ce marché de la 2eme vie.
Mais c’est incontestablement  la technologie, une fois encore, qui a donné à ce marché ses lettres de noblesse. Quelques exemples d’usages …

Le développement des imprimantes 3D et leurs évolutions vers des baquets de matières différenciées permet un DIY de nouvelle génération . Il est naturel aujourd’hui de se rendre dans le corner Castorama ou la franchise de « tiers lieu » 3D’s pour numériser et imprimer la pièce défaillante de sa tondeuse ou de sa coque de smartphone.

La réussite de ce DIY 3.0 réside dans la  création d’un réseau de proximité dense ; la reconversion des boutiques physiques de mobiles et de vapoteurs ont permis la création de ces « mortar » d’un nouveau genre.
La reconnaissance par l’image a incontestablement  favorisé l’émergence des sites de mise en relations et d’échanges entre particuliers et manufacturiers dans le domaine du réemploi et de la réparation.

Si jadis,  il était impératif de connaître les références précises d’un produit pour trouver son sosie,  un simple scan via son mobile suffit  maintenant pour le retrouver dans le moteur « Picture » de Google.
En cas de non réponse, le partenariat mis en place entre Picture et 3D’s permet de digitaliser l’objet en moins de 15 minutes et de l’imprimer en guère plus de temps.
La digitalisation facilitée d’un bien dans la perspective d’être reproduit via une imprimante 3D est devenue partie intégrante d’une expérience client ( user experience) digne de ce nom. Les manufacturiers en sont totalement convaincus, ils en font un véritable argument de vente pour leurs produits.

L’on voit déjà ce que nous réserve les prochaines années en la matière. Il nous est possible aujourd’hui  d’acheter en 2 clics, il nous sera possible demain de produire en 2 clics et ceci en choisissant son usine de production de son fauteuil .












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