lundi 15 avril 2013

Thierry Bardy accueillait Abderrahmane Kheddar, Directeur du laboratoire Franco-Japonais de robotique CNRS/AIST au japon, expert des robots humanoïdes.

 Thierry Bardy Orange Labs Recherche et Abderrahmane Kheddar CNRS













Regards Croisés d’Issy : rencontre avec Abderrahmane Kheddar, Directeur du laboratoire Franco-Japonais de robotique CNRS/AIST au Japon, expert des robots humanoïdes.
 « Robots Humanoïdes  »*… bientôt en vrai ?
Le 3 avril dernier, Abderrahmane Kheddar était l’invité des Regards Croisés d’Issy pour faire part de sa passion et de ses recherches en robotique humanoïde. Un rendez-vous auquel beaucoup de salariés ont répondu présents. Ce fut l’ocassion de découvrir le parcours de cet expert,  de faire le point sur les découvertes, les perspectives, mais aussi les fantasmes et les craintes que suscite la prochaine révolution robotique…
Comme le souligne d’entrée Thierry Bardy, Directeur Marketing & Management de l’Innovation et animateur des Regards Croisés d’Issy,  : « duTerminator de Cameron à l’ordinateur HAL de Kubrick, en passant par l’agent Smith de Matrix, les créatures artificielles peuplent depuis longtemps notre imaginaire ». Un constat qui explique le public, nombreux, présent ce soir-là. Tous ces salariés viennent écouter Abderrahmane Kheddar qui depuis sa jeunesse rêve de robotique. « A l’époque, il n’y avait qu’un seul livre de science dans ma bibliothèque, et il traitait de robotique. J’en ai donc fait un livre de chevet. Une passion n’a pas toujours été partagée puisqu’à l’université Paris-XIII, j’étais le seul à passer un Master spécialisé en robotique. Ensuite, il n’y a eu que moi pour vouloir étudier cette discipline au Japon ».
Des machines à décrire
Le but d’Abderrahmane Kheddar : dissoudre la frontière entre le corps humain et ses substituts. Plus clairement, « il s’agit de donner à la personne qui dirige un robot l’impression qu’elle se confond avec lui, et qu’elle agisse en conséquence. » La place de la France dans ce domaine de recherche ? « Excellente au niveau des connaissances académiques, mais peu performante en termes de produits ». A titre d’exemple, dans le domaine médical, la France est à l’origine de toutes les premières mondiales, où pourtant «  tous les robots sont américains »… Des machines impressionnantes, s’étonne Thierry Bardy puisqu’un « un scalpel de robot sait lorsqu’il est trempé dans de l’eau ou dans de l’huile !» Abderrahmane Kheddar rappelle la classification des types de robots : les robots industriels, de service – comme dans le domaine médical, nucléaire ou militaire – et enfin personnels. « Il se passe la même chose que dans l’informatique. Nous allons passer des ordinateurs de calculs aux ordinateurs personnels. » Reste à savoir quelle forme cela prendra. « Nous en sommes comme dans les années 1970, où l’on ne pouvait prévoir l’omniprésence actuelle de l’informatique », souligne-t-il.
Humains après tout
A la question de Thierry Bardy  : « Pourquoi développer des robots humanoïdes ? » Mr Kheddar répond « Parce que notre environnement a été façonné selon notre corps »,. Pour preuve : « Comment savoir si notre robot domestique sera capable d’effectuer une tâche précise s’il n’a pas de forme anthropomorphique ? » On le comprend, cette similarité faciliterait les interactions entre humains et avatars. Avatar, un film de James Cameron qui correspond d’ailleurs en de nombreux points aux recherches d’Abderrahmane Kheddar. « De même que le film Surrogates ! (Clones en VF, un film où l’on peut acheter une version robotisée de soi-même) ». J’ai d’ailleurs découvert ce film la veille de notre présentation du projet VERE – pour « Virtual Embodiment and Roboticre-Embodiment » - devant une commission européenne pour son financement. Nous leur avons donc expliqué que le but de nos recherches était tout simplement présenté dans ce film ! »
Les forces de l’esprit
« Sommes-nous capables diriger des choses pas la pensée ?  ». Une question à laquelle les travaux du chercheur répondent puisque son équipe est la seule à être parvenue à contrôler pleinement un humanoïde par ce biais. Leur machine est parvenue accomplir toute une série d’actions qui répondaient à des signaux du cerveau de l’un des chercheurs, sur lequel étaient placés des capteurs. Une performance qui nécessite pas moins de trois mois d’apprentissage, explique Mr Kheddar, « et ce pour chaque être humain, les données variant en fonction des personnes ».
Ces robots pourraient, à terme, aider des tétraplégiques ou faciliter le quotidien de personnes âgées. Mais avant cela, peut-être devraient-elles aider les humains à ne pas mettre inutilement leur santé en péril. Comme lors de la catastrophe de Fukushima, où ce sont bel et bien des hommes, et non des machines, qui ont été envoyés sur le site… « Et tout le monde sait qu’il ne vivront pas très longtemps. C’est pourquoi il faut agir et passer d’un désastre robotique, à une robotique du désastre », conclut Abderrahmane Kheddar.

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