Thierry Bardy
J'ai eu l'occasion très récemment d'interviewer M Tambourin dans le cadre de mes fonctions aux Orange labs, ce dernier m'avait prévenu que la publication de son rapport n'aurait rein de surprenant. On n'est donc pas surpris et c'est bien là le problème...
Ce rapport publié propose 19 mesures pour favoriser l'émergence d'une « culture de l'innovation ».
Il est urgent de faire de l'innovation une priorité, l'écart étant en train de se creuser entre la France d'un côté, les Etats-Unis, la Chine ou certains voisins européens de l'autre. Ce rapport propose 19 recommandations à mettre en oeuvre.
« Culture de l'innovation »
Vaste sujet, rarement pris à bras le corps : le rapport propose des mesures pour développer en France la
« culture de l'innovation et de l'entrepreneuriat ». Le système éducatif est, en premier lieu, concerné. Il s'agirait notamment d'instaurer l'apprentissage de la programmation informatique et de l'anglais dès le primaire, de valoriser la prise de risque et l'initiative, mais aussi de mettre en place un grand programme pour l'apprentissage de l'entrepreneuriat dans l'enseignement supérieur : le stage de fin d'études ou la thèse seraient transformés en projet d'entreprise, les grandes écoles intégreraient un stage obligatoire en PME, la formation à l'entrepreneuriat serait reconnue comme une discipline à part entière...
Autre recommandation : organiser une véritable politique d'attractivité des talents. Les procédures d'immigration seraient simplifiées pour ces « talents », les projets d'immigration entrepreneuriale seraient étudiés par des acteurs de l'innovation agréés par l'Etat, comme les incubateurs, la Banque publique d'investissement (BPI) ou encore le réseau de business angels France Angels ? Le rapport incite, à l'image de la Chine ou d'Israël, à une « politique plus agressive et plus ciblée de recherche de compétences à très hauts potentiels à faire venir en France » (capitaux-risqueurs, chercheurs, serial entrepreneurs...).
Le problème du transfert
Le rapport constate que la France possède une recherche publique de qualité mais que son impact économique est limité. Il préconise donc de contourner les barrières entre la recherche scientifique et l'application industrielle, en favorisant notamment la mobilité des chercheurs entre public et privé, ou en simplifiant les démarches de création d'entreprise pour les chercheurs et enseignants.
Financer les start-up
Plusieurs pistes sont envisagées pour combler les manques du système français, estimés à deux milliards d'euros par an. Le rapport propose que 2% de l'argent épargné par les Français chaque année via la collecte de l'assurance-vie (qui représente entre 100 et 120 milliards d'euros) soit investi dans les entreprises innovantes en France. Ces quelque 2 milliards d'euros constitueraient des fonds de fonds gérés par la BPI. Celle-ci devra participer à la constitution de fonds de capital-innovation de grande taille, gérant plusieurs centaines de millions d'euros et pouvant investir de gros tickets. Aujourd'hui, cette phase du capital-investissement est quasiment absente en France et oblige les champions français du secteur à se tourner vers les fonds étrangers.
Des initiatives "early stage" pourraient aussi être lancées dans des secteurs prometteurs, comme les biotech ou le big data. Enfin, les grands groupes et les grands établissements publics pourraient avoir des obligations
envers les PME innovantes (d'investissement, d'intégration dans leur R&D ou encore de commande).
Nouvelle politique publique
Si plusieurs vertus sont reconnues aux pôles de compétitivité, leur apport n'est pas complètement satisfaisant, selon le rapport, qui préfère mettre l'accent sur les « écosystèmes locaux d'innovation ». La politique publique d'innovation doit selon lui être à la fois « globale et territoriale », et s'appuyer sur un bras armé, la BPI, qui doit disposer de sa propre cellule innovation.
(1) Mission conduite par Jean-Luc Beylat, président d’Alcatel-Lucent Bell Labs France et président du pôle de compétitivité Systematic Paris-Region et Pierre Tambourin, directeur de recherche à l’Inserm et directeur général de Génopole à Evry.
Bref on le voit, que du politiquement correcte, les innovations de rupture feront certainement l'objet d'une prochaine commission parlementaire !!!
Personnellement, je suis toujours très surpris que l'on nomme pour rédiger ce type de rapport sur l'innovation des personnalités "sachantes", qui outre leur qualités d'expertises technologiques n'ont eu dans leur cursus que des relations Asymétriques, ou dit autrement n'ont jamais vu un client ou un compte d'exploitation de leur vie.
Dans la même histoire ou la même plaisanterie la commission innovation 2030 , cette fois ci , on ne peut pas reprocher à la Présidente de ne pas connaitre le business et la lecture d'un bilan. espérant qu'elle soit "disruptive"
Anne Lauvergeon, ancienne présidente d'Areva, s'est vue confier la présidence de la commission « Innovation 2030 » par Jean-Marc Ayrault, lors d'un déplacement à Tours sur l'innovation dans la cadre de la mise en œuvre des mesures du pacte de compétitivité. Cette commission sera chargée d'identifier les secteurs et technologies où la France pourrait devenir leader à l'horizon 2030.
Prochainement installée par Arnaud Montebourg, en présence de Fleur Pellerin, cette commission "Innovation 2030" sera composée d'industriels, de scientifiques et de représentants de la société civile.Sa mission sera de proposer au gouvernement d'ici à l'été les secteurs et les technologies où la France est susceptible d'occuper des positions de leader à l'horizon 2030, en privilégiant les activités qui répondront aux besoins de la société de demain et créeront la plus grande valeur et le plus d'emplois sur le territoire.
Voilà pour le communiqué officiel du gouvernement. Une commission donc pour doper les technologies et acteurs des secteurs qui dominent, de la start-up au grand groupe.
En effet, le gouvernement lancera un concours d'innovation pour chaque défi industriel qu'il aura ainsi sélectionné, ouvert à toutes les entreprises, start-up, ETI, grands groupes, et entreprises étrangères qui veulent se développer en France. Il consacrera 150M€ issus du programme Investissements d'avenir et gérés par la Banque publique d'investissement pour stimuler la créativité de nos entreprises et mobiliser des financements privés importants.
Les projets les plus prometteurs seront accompagnés dans la durée jusqu'à leur industrialisation et l'ensemble des instruments publics seront mobilisés et mis en cohérence pour accélérer leur développement et faire émerger les champions de demain.
Dans un récent entretien aux Echos, Fleur Pellerin, ministre déléguée à l'Economie numérique, explique que l'action du gouvernement vise à redéployer les Investissements d'avenir vers « des secteurs prioritaires, comme le Cloud, la sécurité informatique, le Big Data ou les objets connectés. Le Big Data va servir à améliorer notre compétitivité partout, dans l'administration ou encore dans la consommation d'énergie. L'effet de levier de l'innovation sur la société est immense ».
Vendredi dernier, le gouvernement a dévoilé un investissement de quelques 11,5 millions d'euros pour soutenir sept projets Big Data, toujours dans le cadre des Investissements d'avenir. Rappelons que le gouvernement semble déterminé à aller plus loin dans ce domaine, avec la création d'une véritable filière Big Data dans le cadre du futur quartier numérique de la capitale.
Dans la lignée du rapport Gallois, le gouvernement vient également de recevoir un rapport, écrit par Jean-Luc Beylat, président d'Alcatel-Lucent Bell Labs France et président du pôle de compétitivité Systematic Paris-Région, et Pierre Tambourin, directeur de recherche à l'Inserm et directeur général de Genopole à Evry, préconisant un travail de fond sur la culture de l'innovation en France à travers 19 recommandations précises.
Alors cette nouvelle commission est-elle une couche supplémentaire au millefeuille technocratique gouvernemental ou une nouvelle dynamique pour la croissance ?
Jean-Marc Ayrault précise bien que cette Commission est là pour "réfléchir à la manière dont la France doit se préparer, sur les plans technologique et industriel, à répondre aux nouveaux besoins qui naîtront, dans les vingt prochaines années, des évolutions de nos modes de vie et de consommation, mais aussi des impératifs écologiques". Il juge également qu'il est «urgent de redresser la barre, en dotant notre pays d'une politique d'innovation plus ambitieuse et plus cohérente». La France «stagne» en effet à la 11e place en Europe et à la 16e place mondiale.
Il souhaite «mettre en place un programme expérimental d'innovation dite "de rupture", celle qui ouvre des possibilités radicalement nouvelles et transforme notre rapport à la technique, afin de stimuler la créativité des entreprises dans quelques secteurs stratégiques».
La commission « Innovation 2030 », qui comptera une douzaine de membres, devrait être opérationnelle dans une quinzaine de jours », a confié à Reuters Anne Lauvergeon, qui a assuré « ne pas avoir hésité » avant d'accepter cette nouvelle fonction.
Elle aura aussi pour vocation d'alimenter la réflexion du Commissariat général à la stratégie et à la prospective, qui sera installée prochainement par le Premier ministre.
La nouvelle présidente de la commission « Innovation 2030 » est actuellement administratrice chez Vodafone, American Express et Total. Depuis peu, Anne Lauvergeon siège aussi au conseil d'administration d'EADS. Elle est également présidente du conseil de surveillance du journal Libération.
A la tête de si grands groupes, saura-t-elle aussi entendre les attentes des milliers de plus petites entreprises qui attendent des aides financières et administratives plus accessibles, moins éparpillées ? Et quid de la formation aux nouveaux métiers ? Sommes-nous sur une vision d'ensemble globale, une vraie feuille de route en réponses aux mesures prévues dans le Pacte de compétitivité, de croissance et d'emploi et surtout aux attentes des nombreuses entreprises innovantes ? L'avenir seul nous le dira...
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