Thierry Bardy - mots clés ; e commerce
Trois enseignants-chercheurs de l’INP à Toulouse ont lancé SecondSkin, un logiciel de marketing comportemental pour le commerce en ligne. Leur défi : en faire un succès commercial.
Crédits
photo : Devatics
SecondSkin
permet aux sites de e-commerce de s'adapter au comportement des
internautes
Cela fait plusieurs fois que vous naviguez sur ce site de bijoux à la recherche de promotions pour des modèles en argent ? La page s'adapte en mettant en avant les meilleures offres de prix dans cette catégorie. Vous recherchez du foie gras sur Internet ? Comme par enchantement, la vitrine Web du site gastronomique fait automatiquement la part belle à ce produit. Pas très doué pour acheter en ligne, vos actions sont lentes et vous êtes perdu ? Les coordonnées du service de vente par téléphone se matérialisent sur votre écran …
Ce n'est pas de la magie mais une technologie permettant à un site de e-commerce de personnaliser en temps réel ses pages en fonction du comportement de chaque internaute. Ce logiciel à intégrer sur n'importe quelle plateforme de vente en ligne a été développé par Romulus Grigoras, Vincent Charvillat et Benoit Baccot, trois enseignants chercheurs de l'Institut National Polytechnique (INP Toulouse), spécialisés en intelligence artificielle.
Des mathématiques au e-commerce
Baptisé « SecondSkin », leur « bébé » est le résultat de 10 ans de travaux autour de modèles mathématiques dans le domaine des parcours clients sur Internet. En 2010, les trois scientifiques sont finalement sortis de leur labo pour oser créer une start-up. « Nous savions que l'on tenait une innovation intéressante mais il fallait aller jusqu'au bout en la testant sur une grande masse d'utilisateurs, explique le cofondateur Romulus Grigoras. La seule façon de savoir si nos idées valaient quelque chose était de créer une société ».Les chercheurs coachés pour créer leur entreprise
Pour des enseignants chercheurs du public, très éloignés du monde des affaires, le saut est gigantesque. Mais, dès le départ, leur structure trouve un environnement favorable pour faire ses premiers pas. A peine créée, Devatics remporte plusieurs prix distinguant des innovations, comme celui d'Oseo (devenue depuis BpiFrance), lui offrant environ 150.000 euros en subventions. A l'époque, les chercheurs sont hébergés par l'incubateur Midi-Pyrénées où ils reçoivent des formations en finance-gestion et bénéficient d'un coaching afin de construire une vraie stratégie commerciale. En parallèle, Devatics acquiert le statut de jeune entreprise innovante (JEI), ce qui permet de payer des ingénieurs en étant exonéré de cotisations patronales. Sur les 15 salariés actuellement employés par la start-up, 10 travaillent dans la R&D.600.000 euros levés en France et en Grande-Bretagne
Au printemps 2013, une première levée de fonds de 600.000 euros est réalisée auprès de business angels français et britanniques. Le logiciel toulousain commence à être adopté par certains sites en France (Comtesse du Barry, le bijoutier Maty, Groupe Humanis), en Grande Bretagne, en Roumanie et en Israël. Selon Devatics, l'outil agit positivement sur le taux de transformation des internautes (visite/achat).Trouver de nouveaux clients en France et au Royaume-Uni, c'est le gros challenge des prochains mois. « Nous sommes encore trop techno et pas assez dans la vente, admet le chercheur-entrepreneur. C'est pourquoi nos dernières embauches concernent des marketeurs ». La start-up vient d'ouvrir une antenne à vocation commerciale à Paris et une autre à Londres. L'objectif est d'atteindre le premier million d'euros de chiffre d'affaires fin 2014. Les formules mathématiques du laboratoire toulousain se seront alors transformées en business d'avenir.
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