vendredi 10 janvier 2014

Innovation dans les télécoms, l'Europe aux abonnés absents ? Michel Combe

Thierry Bardy - Mots clés ; innovation , telco , Michel Combe , ALU.

Innovation dans les télécoms, l'Europe aux abonnés absents ?

Thierry Bardy , Quelque peu "telephoné" à mon gout,  mais toujours aussi intéressant de lire le plus visionnaire des managers des Telco.
Autre chose un peu gênant  du papier; l'utilisation du mot "innovation" à toutes les sauces et notamment dans le titre . Je ne ne vois pas en quoi la concentration du marché Europeen en un oligopole vertueux et des partenariats entre acteurs peuvent être connotés  "Innovation"...
Donner des axes de nouveaux business models et de nouvelles répartitions de revenus entre les acteurs auraient pu nous faire prendre conscience qu'agir dans l'ère OTT ne peut s'appréhender qu'avec de nouvelles logiques...

Texte des Echos,  Les fêtes qui viennent de s'achever ont été une célébration du numérique, avec des ventes records de terminaux et de services. Pourtant, les professionnels de la filière réunis cette semaine à Las Vegas pour le CES ont un sujet plus alarmant à traiter : celui de l'écart grandissant entre les possibilités des divers appareils connectés et la capacité des réseaux de télécoms européens. Car en matière de couverture très haut débit, l'Europe est désormais à la traîne.
Elle s'est engagée dans le cercle vicieux d'une concurrence focalisée uniquement sur les prix qui pousse les opérateurs à réduire leurs investissements et détruit leur capacité d'innovation. Mauvaise nouvelle pour l'Europe et ses consommateurs !
L'Europe a défini des objectifs ambitieux dans le cadre de son Agenda numérique. Seulement, il y a loin de la coupe aux lèvres : l'Association des opérateurs européens (ETNO) estime de 110 à 170 milliards supplémentaires les investissements nécessaires pour accomplir cette feuille de route d'ici à 2020, qui pourraient créer 5,5 millions d'emplois pour les jeunes diplômés européens.
En 2014, l'industrie européenne des télécoms a un besoin vital d'une stratégie plus favorable à l'investissement. L'Europe doit se lancer dans la course aux infrastructures de très haut débit. Elle a démontré qu'elle peut faire la course en tête, avec le lancement à grande échelle des services 3G, avant les Etats-Unis ou l'Asie. Il s'agit maintenant de prendre le virage de la 4G et de la fibre. Pour le coeur de réseau, le temps également est venu de bouger en passant au tout-IP (Internet Protocol) et au « cloud computing ».
Aujourd'hui, un nouveau partage international du travail semble se dessiner dans lequel les opérateurs profitables seraient aux Etats-Unis et les plates-formes Internet américaines viendraient capter l'essentiel de la valeur résiduelle en Europe, avec les centres de développement des logiciels en Inde et les industries en Chine.
Pour ne pas devenir le « naïf du village global », l'Europe doit :
Sortir d'un mode de concurrence consistant à casser les prix à court terme. Le chiffre d'affaires des opérateurs européens est attendu en baisse annuelle de 2 % dans les prochaines années. Il leur deviendra de plus en plus difficile d'investir, alors que les services rendus sont plus que jamais nécessaires à la société.
L'Europe doit revoir l'allocation du spectre de fréquences mobiles : cette ressource naturelle rare peut et doit être mieux utilisée qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Il faut aussi arrêter de penser que la filière télécoms peut continuer avec 120 opérateurs mobiles différents en Europe, soumis à des règles et procédures différentes d'un pays à l'autre. Aux Etats-Unis comme en Chine, on trouve 3 ou 4 champions qui mènent le jeu, coopèrent efficacement avec les grands acteurs de l'Internet et fournissent une grande diversité de services de qualité.
L'Europe a besoin d'édicter des règles partagées et efficaces au sujet de la neutralité du Net, qui permettraient aux opérateurs de se différencier en renouant avec l'investissement.
L'harmonisation des réglementations via le marché commun numérique est une nécessité, tout en permettant la consolidation des réseaux, par des accords de partage ou des fusions. Pour tenir l'Agenda numérique, les acteurs européens ont également à explorer la voie des partenariats.
La démarche permettra de faire renaître en Europe une concurrence favorisant l'innovation, dans un cadre où les consommateurs pourront avoir le choix, en fonction du niveau de qualité, de vitesse et de capacité effective de connexion - et aussi du prix.
Enfin, la concurrence à laquelle font face des équipementiers comme les autres acteurs de la filière doit se faire à armes égales. L'Europe peut s'assurer du respect des réglementations sociales et environnementales ainsi que des codes de responsabilité et d'éthique des affaires.
L'Agenda numérique pour l'Europe fixe un cadre ambitieux et clair. Pour que l'Europe refasse rêver et offre des perspectives à ses citoyens, l'innovation doit devenir son grand combat.
Michel Combes

Michel Combes est directeur général d'Alcatel Lucent.

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