mardi 28 mai 2013

Bye bye France Télécom !

L’opérateur doit décider mardi l’abandon définitif de sa dénomination sociale, pour passer sous la marque unique Orange. Histoire d’une mue.

Un agent de France Télécom téléphonant depuis son véhicule de service en 1997, alors que l’opérateur s’apprête à s’introduire en Bourse. - AFP
Un agent de France Télécom téléphonant depuis son véhicule de service en 1997, alors que l’opérateur s’apprête à s’introduire en Bourse. - AFP
France Télécom doit entériner mardi lors de son assemblée générale son changement de nom, ce qui lui permettra d’adopter au 1er juillet « Orange » comme bannière unique dans tous les pays où le groupe est présent, mais aussi de couper les ponts avec son passé. France Télécom va en effet demander mardi à ses actionnaires de voter la transformation de sa dénomination sociale en « Orange », lors d’une assemblée générale extraordinaire, dernière étape d’un processus engagé de longue date.
Le changement de nom parachèvera un chantier engagé depuis plusieurs années, avec l’unification sous le nom Orange de toutes les offres commerciales du groupe, la transformation de l’identité visuelle des boutiques et le changement des adresses internet des salariés.

216 millions de clients

Pour justifier ce changement, le groupe met en avant la « cohérence, la « simplification, ainsi que le besoin d’avoir une meilleure visibilité à l’international. « Lancée en 1994 au Royaume Uni, présente dans 35 pays, Orange incarne aujourd’hui notre groupe auprès de nos 216 millions de clients et 172.000 collaborateurs dans le monde », affirme France Télécom sur son site internet.
Le groupe dit également que le « territoire de la marque ne cesse de s’étendre au travers de nouveaux pays et de nouvelles activités » et qu’elle est aujourd’hui classée « à la 50e position des marques mondiales avec une valeur de 15,4 milliards de dollars selon le classement Millward Brown 2012 ». Mais l’abandon de sa raison sociale historique est aussi un moyen de mettre à distance le passé administratif, pas si lointain, du groupe.

60% de fonctionnaires

Si les PTT semblent loin aux clients d’aujourd’hui, l’opérateur historique emploie encore 60% de fonctionnaires sur les 100.000 collaborateurs du groupe en France. Ce pourcentage est toutefois amené à baisser fortement dans les prochaines années en raison des départs à la retraite de cette catégorie de personnel.
Cette mue ne revient pas pour autant à jeter l’histoire du groupe aux orties, selon France Télécom qui assure vouloir « garder les valeurs qui ont fait France Télécom ». « Nous sommes fiers du passé de France Télécom et nous assumons nos racines et notre héritage », avait répondu un porte-parole interrogé lors de la présentation du projet aux organisations syndicales en février.
« La personne morale ne change que de nom, il n’y a donc aucun impact sur l’organisation, les salariés, les clients et fournisseurs », avait également assuré la direction, à cette occasion. Les syndicats (CFDT, CFE-CGC/Unsa, CFTC, CGT et SUD) demandent de leur côté aux salariés de se mobiliser en début d’après-midi devant le lieu où se tiendra l’Assemblée générale « pour redire que les emplois, les salaires et les investissements valent mieux que les dividendes ».
Certains, à l’instar de SUD se demandent aussi si avec le changement de nom la direction espère « ainsi faire oublier la crise sociale qui a secoué l’opérateur historique » et « redonner du lustre au cours de l’action dans un secteur secoué par un modèle économique en évolution ».



Les grandes dates de France Télécom-Orange
Créée en janvier 1991 à partir de l’ancienne Direction générale des télécommunications, France Télécom s’apprête à voter mardi l’abandon de son appellation historique. A compter du 1er juillet, l’entreprise conservera le seul nom d’Orange. Voici quelques unes des grandes dates du groupe :
1991
Janvier: Naissance officielle de France Télécom qui devient un établissement public à gestion autonome, à partir de l’ancienne Direction Générale des Télécommunications.
1996
Décembre: France Télécom devient société anonyme. Ce changement de statut s’accompagne de deux restrictions: le personnel reste fonctionnaire et l’Etat doit conserver la majorité du capital.
1997
Octobre: Première ouverture du capital. L’Etat vend quelque 25%, dont 20% en Bourse. Quelque 3,8 millions de particuliers souscrivent à l’opération, d’un montant de 42 milliards de francs (6,4 milliards d’euros).
1998
Novembre: L’Etat met en vente une nouvelle tranche (12 à 13%) du capital de l’opérateur, ramenant sa participation à un peu plus de 62%.
2000
Mai: France Télécom acquiert l’opérateur mobile britannique Orange et devient le n° 2 européen dans ce secteur d’activité. La part de l’Etat français descend à 54%.
2001
Février: Orange est introduit en Bourse à Paris et à Londres.
Juin: France Télécom fusionne ses activités mobiles (Itineris) avec celles d’Orange.
2002
Automne: l’entreprise, endettée à hauteur de 70 milliards d’euros, entame un plan de redressement qui prévoit notamment 15 milliards d’euros d’économies en interne d’ici 2005. Le PDG, Michel Bon, cède sa place à Thierry Breton.
2003
Mars: France Télécom lance une augmentation de capital de 15 milliards d’euros. L’Etat détient à l’issue de l’opération, directement et indirectement, 58,89% du capital.
Septembre: l’opérateur lance une offre publique d’échange (OPE) sur la participation de 13,7% qu’il ne détient pas dans Orange.
Décembre: adoption de la loi qui autorise l’Etat à descendre sous le seuil de 50% du capital.
2004
Février: France Télécom annonce le rachat des minoritaires de sa filiale internet Wanadoo.
Avril: retrait de la cotation d’Orange, après une offre public de retrait (OPR) au cours de laquelle les actionnaires ont été indemnisés en numéraire.
Septembre: l’Etat fait passer sa part sous le seuil symbolique de 50%.
2005
Février: Didier Lombard succède à la tête du groupe à Thierry Breton, nommé ministre de l’Economie et des Finances. Mise en place du plan « NExT ».
Juin: Nouvelle cession de parts de l’Etat qui ne détient plus que 34,9% du capital.
2006
Orange devient la marque unique de France Télécom pour l’internet, la télévision, le mobile et tous les services numériques.
2007
Fin de la minorité de blocage de l’Etat, dont la participation tombe à 26,9%.
2010
Mars: une vague de suicides plonge France Télécom dans une crise sociale qui pousse vers la touche Didier Lombard. Ce dernier conserve la présidence mais abandonne les rênes opérationnels à Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, qui devient directeur général du groupe. .
2011
Mars: Stéphane Richard devient PDG.

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