Thierry Bardy - tag: musique, Major.
L'exemple de la Major est symptomatique d'une industrie qui, après avoir
critiqué Internet, y voit sa dernière bulle d'oxygène.
Le marché de l'industrie musicale est un marché extrêmement concentré,
contrôlé à 75% par trois acteurs, Sony Music, Universal Music et Warner Music.
Des majors qui ont vu leurs revenus en provenance des ventes physiques
dégringoler d'année en année et qui ont réussi à endiguer cette érosion de leur
chiffre d'affaires en concentrant leurs efforts sur une offre digitale en plein
boom. Les contrats noués avec des pure players comme Deezer ou Spotify, qui
reversent l'équivalent de 60% de leurs recettes à chacun des acteurs (au prorata
de leur part de marché) ont fait vivre le tiroir-caisse. Ainsi 2013 a-t-il
permis aux trois groupes de renouer avec la croissance de leur chiffre
d'affaires, après trois exercices périlleux.Longtemps considéré comme l'ennemi à abattre, Internet a, sans aucun doute, constitué une véritable bulle d'oxygène pour ces majors, avec des ventes digitales qui n'ont cessé de croître au fil des années, pour dépasser les 4,3 milliards d'euros en 2012 (soit une part de marché de 35%).
Warner Music, qui pèse à peu près 15% du marché de la musique, a poussé la logique encore plus loin, multipliant les partenariats avec des acteurs tels que la plateforme Myxer (dont il alimente la communauté en clips vidéos et sonneries de téléphone), Qtrax (une plateforme gratuite de téléchargement de musique) ou MySpace. Warner Music a ainsi vu ses ventes digitales passer de 255 millions d'euros en 2006 à 776 millions d'euros en 2013, alors que dans le même temps ses ventes physiques chutaient de 177%, pour passer de 1,9 milliards d'euros à 700 millions. Warner Music gagne donc plus avec la vente digitale qu'avec la vente physique !
Entre, d'une part, une offre par abonnement portée par des pure players comme Deezer, Spotify et bientôt Beats, et, d'autre part, un achat à l'acte initié par les iTunes, Amazon et consorts, on se rend compte que la situation diffère énormément selon les marchés. Ainsi l'Hexagone, la Suède ou la Corée du Sud donnent-ils la part belle à l'abonnement alors qu'aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Royaume-Uni, le rapport de force est inversé.
Source
L'étude "Industries du film de et la musique. Analyse de marché – tendances à l'horizon 2019 – stratégies des acteurs" est publiée par Xerfi, éditeur indépendant d'études économiques sectorielles.
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