Thierry Bardy - tags ; commerce , e-commerce , Showrooming, ROPO
Les annonces
de fermetures de magasins emblématiques – le magasin Virgin à Paris, par
exemple – et les statistiques prospectives pessimistes qui se multiplient – la
disparition de 4 magasins sur 10 en Grande-Bretagne d’ici 2016 suscitent les craintes chez les acteurs du secteur.
Le commerce électronique
(e-commerce) et le commerce mobile (m-commerce) constituent les principales
ruptures dans le paysage du commerce de détail, auxquels s’est ajouté il y a
peu de temps le commerce social, qui désigne l’activité de vente réalisée directement
à travers les réseaux sociaux numériques.
La dynamique du magasin physique ne peut s’appréhender qu’au regard de l’évolution récente de ces différentes formes de commerce.
Si le commerce social est marginal, l’e-commerce et le m-commerce connaissent une forte croissance.
Passé les désillusions de la bulle Internet du début des années 2000, l’e-commerce atteint aujourd’hui des volumes significatifs et enregistrait des taux de croissance de 12,9 % aux États-Unis et de 18 % en France en 2012. Son poids futur dans le commerce de détail est estimé de 15 % à 40 % en France à l’horizon 2020 et à 9 % aux États-Unis en 2016.
En ce qui concerne le m-commerce, le téléphone intelligent (smartphone) en a permis une adoption très rapide, avec des taux de croissance de 129 % aux États-Unis (8 milliards de dollars) et de 152 % en France (4,4 milliards d’euros) en 2012.
Son poids est encore infime dans le commerce de détail, mais il devrait quintupler aussi bien en Europe qu’aux États-Unis à moyen terme.
La dynamique du magasin physique ne peut s’appréhender qu’au regard de l’évolution récente de ces différentes formes de commerce.
Si le commerce social est marginal, l’e-commerce et le m-commerce connaissent une forte croissance.
Passé les désillusions de la bulle Internet du début des années 2000, l’e-commerce atteint aujourd’hui des volumes significatifs et enregistrait des taux de croissance de 12,9 % aux États-Unis et de 18 % en France en 2012. Son poids futur dans le commerce de détail est estimé de 15 % à 40 % en France à l’horizon 2020 et à 9 % aux États-Unis en 2016.
En ce qui concerne le m-commerce, le téléphone intelligent (smartphone) en a permis une adoption très rapide, avec des taux de croissance de 129 % aux États-Unis (8 milliards de dollars) et de 152 % en France (4,4 milliards d’euros) en 2012.
Son poids est encore infime dans le commerce de détail, mais il devrait quintupler aussi bien en Europe qu’aux États-Unis à moyen terme.
L’application Flow Powered d’Amazon ou la concurrence
directe en rayons
Cette
application permet aux consommateurs d’obtenir toutes les informations sur un
produit en pointant leur téléphone intelligent vers celui-ci, grâce à la
réalité augmentée. Une fois l’objet reconnu, l’application affiche son prix, sa
disponibilité, les critiques en ligne et des contenus multimédias provenant
d’Amazon.com pour inciter à acheter en ligne.
Si l’e-commerce et le m-commerce
progressent fortement, le taux de transformation, c’est-à-dire lorsqu’une visite
se transforme en achat y est cependant beaucoup moins élevé que dans les
magasins physiques: il reste inférieur à 2,5 % en moyenne pour
l’e-commerce, tandis qu’il atteint 20 % en moyenne dans les magasins
physiques.
De nombreux consommateurs restent très attachés à l’expérience réelle vécue, ce qui conduit des distributeurs virtuels à créer des boutiques traditionnelles pour tangibiliser leur offre.
De nombreux consommateurs restent très attachés à l’expérience réelle vécue, ce qui conduit des distributeurs virtuels à créer des boutiques traditionnelles pour tangibiliser leur offre.
Les magasins physiques des distributeurs virtuels
Les
distributeurs en ligne – tels Amazon aux États-Unis, Cdiscount ou Materiel.net
en France – multiplient l’ouverture de boutiques physiques. Ils sont placés
devant la nécessité d’enrichir leur positionnement et recherchent pour cela une
proximité réelle avec leurs clients. Ainsi, le magasin-concept éphémère d’eBay
à Berlin en décembre 2012 visait à indiquer aux consommateurs allemands que le
site n’est plus seulement un lieu d’enchères, tandis les Chrome Zones de Google
en Grande-Bretagne permettent aux consommateurs de tester les Chromebooks.
Le spectre de la mort
du magasin physique peut être raisonnablement écarté : il reste le
premier lieu de réalisation des achats. Les défis sont cependant considérables et exigent
des changements profonds pour que des difficultés majeures soient évitées.
Le consommateur, potentiellement toujours connecté à un téléphone intelligent, à une tablette numérique ou à un ordinateur, peut aujourd’hui acheter n’importe quel type de produit, n’importe où et à n’importe quel moment. Fabricants et responsables d’enseignes doivent donc savoir ce qu’un consommateur est susceptible de vouloir trouver dans un magasin physique afin de déterminer ce qu’il est intéressant d’y proposer. Une réflexion s’impose pour reconceptualiser le magasin physique : le secteur de la distribution est ainsi en plein questionnement, à la recherche de nouvelles voies de développement. Comment des magasins physiques peuvent-il contribuer, en articulation avec les autres points de contact, à enrichir l’expérience de magasinage ? Quelles peuvent y être les dimensions de la valeur de l’expérience de magasinage ?
Le consommateur, potentiellement toujours connecté à un téléphone intelligent, à une tablette numérique ou à un ordinateur, peut aujourd’hui acheter n’importe quel type de produit, n’importe où et à n’importe quel moment. Fabricants et responsables d’enseignes doivent donc savoir ce qu’un consommateur est susceptible de vouloir trouver dans un magasin physique afin de déterminer ce qu’il est intéressant d’y proposer. Une réflexion s’impose pour reconceptualiser le magasin physique : le secteur de la distribution est ainsi en plein questionnement, à la recherche de nouvelles voies de développement. Comment des magasins physiques peuvent-il contribuer, en articulation avec les autres points de contact, à enrichir l’expérience de magasinage ? Quelles peuvent y être les dimensions de la valeur de l’expérience de magasinage ?
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Afin d’offrir un cadre de réflexion
aux responsables d’enseignes et de marques, cet article dégage un panorama de
cinq voies d’avenir significatives : le magasin physique peut être pensé …
éphémère,
tiers-lieu,
vitrine,
digitalisé ou virtuel.
tiers-lieu,
vitrine,
digitalisé ou virtuel.
Encadré 1. À propos de l’étude
Cette étude
constitue un travail de synthèse nourri par quatre recherches menées sur les
aspects suivants : les hypermarchés et l’introduction des nouvelles
technologies en magasin, afin d’explorer, à partir du discours de
consommateurs, les freins et les motivations à l’adoption des nouvelles
technologies en magasin ; les magasins éphémères, dans le but d’analyser
les caractéristiques de ce format et les motivations de son choix, dans un
contexte international ; les magasins tiers-lieux, afin de comprendre dans
quelle mesure ce concept appliqué au magasin revêt un sens pour les
distributeurs et les consommateurs et peut constituer une voie d’avenir du
magasin physique ; enfin, les applications mobiles, afin d’explorer les
usages des applications mobiles et ce qui en fait la valeur aux yeux des
consommateurs.
Tout d’abord, l’article examine les
défis que le magasin physique doit relever et les atouts qu’il peut valoriser.
Puis, les cinq voies d’avenir de ce format sont analysées. Enfin, des
recommandations pour repenser le magasin physique sont formulées.
Des magasins physiques voués à changer
Si le magasin physique a
historiquement été pensé seul, le contexte actuel est radicalement
différent : il doit ainsi être reconsidéré en synergie avec d’autres points
de contact. Les défis à relever et les atouts à valoriser pour un magasin
physique s’en trouvent renouvelés.
Magasin physique, e-commerce,
m-commerce : moins concurrents que complémentaires
Les consommateurs ont adopté divers
comportements de magasinage qui articulent
terminal mobile (applications et Internet mobile), Internet fixe et magasin
physique. Les possibilités pour réaliser un parcours d’achat se sont ainsi
multipliées et enrichies : les consommateurs cherchent à établir des
combinaisons pour optimiser leurs expériences de magasinage, selon la
situation.
Du statut de canal unique à celui de
point de contact parmi d’autres
Le consommateur imbrique désormais
canaux physiques et canaux virtuels dans son comportement de magasinage :
le magasin a perdu son statut de canal unique. L’analyse des usages du téléphone
intelligent révèle, par exemple, qu’il est devenu un compagnon clé de
magasinage dont l’impact va s’accentuer à mesure de son utilisation croissante.
Le téléphone intelligent peut tout d’abord faire fréquenter un magasin physique : les occasions d’obtenir un trafic qualifié
Le trafic qualifié désigne le nombre d’internautes... sont réelles compte tenu du taux de transformation encore faible.
Le cadre expérientiel du magasin physique doit alors réussir la conversion. Il peut ensuite s’intégrer à l’expérience en magasin physique : lorsqu’un terminal connecté y est utilisé, il en enrichit la phase d’évaluation (recherche d’informations, sollicitations d’avis par téléphone ou à travers les réseaux sociaux numériques), la facilite (liste de courses, repérage en magasin par géolocalisation, carte de fidélité, paiement mobile), ou y met un terme par l’achat directement sur un téléphone intelligent.
Il peut enfin faire quitter le magasin physique sans achat : les mobinautes peuvent reporter leur achat après consultation de leur téléphone intelligent en magasin.
Le téléphone intelligent peut tout d’abord faire fréquenter un magasin physique : les occasions d’obtenir un trafic qualifié
Le trafic qualifié désigne le nombre d’internautes... sont réelles compte tenu du taux de transformation encore faible.
Le cadre expérientiel du magasin physique doit alors réussir la conversion. Il peut ensuite s’intégrer à l’expérience en magasin physique : lorsqu’un terminal connecté y est utilisé, il en enrichit la phase d’évaluation (recherche d’informations, sollicitations d’avis par téléphone ou à travers les réseaux sociaux numériques), la facilite (liste de courses, repérage en magasin par géolocalisation, carte de fidélité, paiement mobile), ou y met un terme par l’achat directement sur un téléphone intelligent.
Il peut enfin faire quitter le magasin physique sans achat : les mobinautes peuvent reporter leur achat après consultation de leur téléphone intelligent en magasin.
Les atouts de ces nouvelles formes
de commerce bousculent le format du magasin physique. Avant l’arrivée des
téléphones intelligents, le consommateur ne pouvait mobiliser les canaux que
successivement : il pouvait, par exemple, rechercher des informations en
magasin, puis acheter sur Internet et se faire livrer le produit à domicile. Le
téléphone intelligent, par ses caractéristiques d’ubiquité et d’accessibilité,
lui permet désormais de mobiliser simultanément plusieurs canaux. Cette
évolution des comportements de magasinage conduit à anticiper la fin de la
dichotomie entre commerce physique et commerce virtuel.
L’e-commerce, le m-commerce et le magasin physique doivent être vus moins comme des canaux distincts et concurrents que comme des points de contact complémentaires. Les enseignes et les marques cherchent à élaborer des stratégies qui intègrent tous les points de contact – stratégie dite « omnicanal » – pour se concentrer sur la relation avec le client afin de proposer un service cohérent et personnalisé créateur de valeur. Cela amène à redessiner le magasin traditionnel appelé à jouer des rôles différents dans un paysage commercial en recomposition.
L’e-commerce, le m-commerce et le magasin physique doivent être vus moins comme des canaux distincts et concurrents que comme des points de contact complémentaires. Les enseignes et les marques cherchent à élaborer des stratégies qui intègrent tous les points de contact – stratégie dite « omnicanal » – pour se concentrer sur la relation avec le client afin de proposer un service cohérent et personnalisé créateur de valeur. Cela amène à redessiner le magasin traditionnel appelé à jouer des rôles différents dans un paysage commercial en recomposition.
Des cadres d’expériences à repenser
Une double logique est au cœur de la
gestion du magasin physique : l’une de nature fonctionnelle, liée à
l’échange marchand, et l’autre de nature ludique et hédoniste de visite. De
cette combinaison naît un cadre d’expériences voulu par l’entreprise,
c’est-à-dire des principes d’organisation qui donnent un sens à une situation.
Ce contexte spécifique d’expérience
de magasinage permet de constituer l’offre et de mieux la positionner. Cet
angle d’analyse expérientiel de l’activité de magasinage est considéré comme
central en distribution. « Une expérience a lieu lorsque l’entreprise
utilise intentionnellement des services en tant que scène et des marchandises
en tant qu’accessoires, pour entraîner les clients individuels d’une manière
qui crée un événement mémorable »
Il s’agit ainsi de mêler l’offre de produits à l’atmosphère au point de vente pour orchestrer un temps fort pour le consommateur, que ce dernier s’appropriera. Dans la perspective de l’avenir du magasin physique, il importe donc d’imaginer et de mettre en œuvre de nouveaux cadres d’expériences pertinents qui en exploitent les atouts et répondent aux défis qu’entraîne l’articulation du magasin physique avec d’autres points de contact.
Il s’agit ainsi de mêler l’offre de produits à l’atmosphère au point de vente pour orchestrer un temps fort pour le consommateur, que ce dernier s’appropriera. Dans la perspective de l’avenir du magasin physique, il importe donc d’imaginer et de mettre en œuvre de nouveaux cadres d’expériences pertinents qui en exploitent les atouts et répondent aux défis qu’entraîne l’articulation du magasin physique avec d’autres points de contact.
Quatre défis à relever par les magasins physiques
La réalité physique du magasin
génère un ensemble de rigidités révélées à la lumière des caractéristiques clés
de l’e-commerce et du m-commerce. Quatre principaux défis sont à relever.
Défi 1 : Élargir, renouveler et
individualiser l’offre
La première rigidité est celle de
l’offre en magasin – qui compte un nombre de références limité par sa capacité –
faisant face à l’accessibilité et à l’immédiateté caractéristiques des nouveaux
points de contact. Le distributeur en ligne de mode ASOS compte ainsi 70 000
références offertes en permanence et 2 000 nouveautés mises en ligne chaque
semaine. La problématique de l’attractivité liée à l’assortiment, appréciée par
les consommateurs à travers la recherche de variété et la présentation des
nouveautés, se trouve ainsi renouvelée : comment établir un assortiment
face à une offre infinie et immédiatement consultable ? La mise au point
de dispositifs en magasin permettant d’accéder à l’ensemble des références
proposées dans les autres points de contact constitue une solution. Une autre
solution consiste à rendre l’offre spécifique au magasin physique par des
séries limitées, comme celles offertes chaque année par l’enseigne H&M et
un créateur.
Défi 2 : Synchroniser le contenu
informationnel avec celui des autres points de contact
La deuxième rigidité est celle du
contenu informationnel en magasin au regard du caractère informatif
caractéristique des autres points de contact. Le consommateur a un accès
immédiat et illimité à l’information, qu’il s’agisse de la comparaison de prix,
de la recherche de bonnes affaires, d’informations sur les produits ou d’avis.
Comment élargir l’information dans le magasin physique ? La dimension
d’aide au choix qui est sous-jacente conduit à s’interroger sur les moyens de
mieux informer le client en magasin. Il semble particulièrement important de
reconsidérer le rôle du personnel de la relation client et les outils à sa
disposition pour qu’il puisse répondre aux questions d’un client surinformé.
Défi 3 : Flexibiliser la localisation
et les heures d’ouverture
La troisième
rigidité est celle du format en termes de localisation et d’heures d’ouverture,
qui subissent la concurrence de la dimension ubiquitaire des autres formes de
commerce. Comment aller à la rencontre du client et rendre les ventes possibles
à tout moment ? Nomadiser le magasin constitue une piste de travail
intéressante, illustrée par la stratégie de Glagla Shoes – marque de chaussures
de sport ventilées –, qui propose ses produits à l’essai dans des salles d’entraînement
physique. Une autre piste consiste à intégrer des dispositifs numériques
digitaux à la vitrine afin d’en dépasser la dimension statique et d’ouvrir
virtuellement le magasin.
Défi 4 : Faire évoluer
continuellement le design et l’atmosphère pour susciter l’intérêt
La quatrième rigidité est celle du
design et de l’atmosphère en magasin, mis à l’épreuve de l’instantanéité des
nouveaux points de contact. Cette tendance du temps réel suscite un besoin de
renouvellement permanent et, dans le cadre du magasin physique, conduit à une
obsolescence rapide de l’offre expérientielle. Comment dynamiser la mise en
œuvre de stratégies expérientielles et en renouveler l’attrait pour le
client ? Émerge un besoin d’agilité organisationnelle en matière de design
et d’atmosphère en magasin – les outils de positionnement pour enrichir les
expériences de consommation – afin d’anticiper et d’innover en
permanence : l’organisation d’événements en magasin est un moyen de
répondre à cet objectif.
Cinq atouts à valoriser par les magasins physiques
La réalité physique du magasin est
une source d’atouts qui lui sont spécifiques et qui doivent être valorisés dans
les cadres d’expériences proposés aux clients.
Atout 1 : Voir, toucher, essayer et
tester le produit
L’interaction directe avec le
produit permet au consommateur de s’informer, de se rassurer tout en passant un
moment agréable, nourrissant trois sources importantes de valeur de
l’expérience de magasinage. La multiplication des points de contact où il est possible
d’acheter exige d’aller, en magasin, au-delà de la présentation des produits.
Il est important d’en montrer les usages possibles en mobilisant des axes tels
que le magasin comme lieu de pédagogie ou lieu d’expériences. Ainsi, l’enseigne
Du Bruit dans la Cuisine organise ses magasins comme des espaces de découverte,
de rencontre et d’initiation, avec un lieu dédié à la démonstration culinaire
où un chef partage sa passion et son savoir-faire chaque jour.
Atout 2 : Obtenir immédiatement le
produit
Un avantage clé du magasin physique
est que le consommateur peut y disposer du produit immédiatement. Cette
obtention du produit sans délai répond à l’objectif utilitaire du magasinage,
mais aussi à celui de stimuler les achats d’impulsion. C’est donc un atout à
exploiter sur le plan de la commodité et dans une perspective hédoniste.
Atout 3 : Offrir des expériences
immersives et une stimulation plurisensorielle directe
Dans un magasin traditionnel, le
cadre d’expériences s’inscrit dans le lieu physique : il peut alors
mobiliser les cinq sens. Ceux-ci sont autant de variables d’action – que les
autres points de contact ne peuvent mobiliser en totalité – dont dispose
l’enseigne pour que l’expérience en magasin physique soit créatrice de valeur
pour le consommateur. Le choix d’un thème pour le magasin physique dans une
logique de réenchantement est un axe d’un intérêt incontestable pour attirer le.
Afin d’en optimiser les chances de succès, il faut approfondir la réflexion sur
la stratégie expérientielle mise en œuvre, les Apple Stores fréquentés par plus
de 400 millions de clients en 2012 étant un exemple de référence. Le
magasin physique est, dans ce contexte, un outil de communication majeur en
dehors des médias et un vecteur d’image pour l’enseigne.
Atout 4 : Interagir en face à face
de manière personnalisée avec le personnel de la relation client
Le
développement de points de contact virtuels renforce les attentes
relationnelles en magasin tout en les réorientant dans différentes directions.
Il les réoriente d’abord vers une efficacité et des compétences accrues :
l’asymétrie de l’information est renversée ; très bien renseigné, le
client recherche une expertise ou fait partie d’une communauté d’experts. Il
les réoriente ensuite vers une écoute et une empathie plus grandes : face
au refus des sollicitations commerciales pressantes, le rôle du
« vendeur » est moins de vendre que d’accompagner. Il les réoriente
enfin vers une authenticité accrue : l’avenir du magasin exige de
restaurer un lien de confiance et de créer une relation plus profonde et plus
riche avec les consommateurs. Le lien social dans la relation de service peut
devenir un outil de fidélisation des consommateurs, mais il impose d’adopter
une logique innovante de gestion des ressources humaines
Atout 5 : Rencontrer d’autres
consommateurs
La socialisation entre clients est
un point fort d’attachement au magasin physique. L’influence de cette dimension
sociale appelle à faire de celui-ci un lieu signifiant pour ses clients. Il
importe donc de faciliter les modes d’expression de la socialisation entre
clients, par exemple en développant un esprit communautaire ou en favorisant
les rencontres. Dans cette logique, l’enseigne indépendante Le Chant de
l’Alouette propose à ses clients des stages de musique avec des musiciens
professionnels, faisant du magasin un lieu de rencontre.
La conception et la mise en œuvre de
cadres d’expériences adaptés exigent de décider quels atouts intrinsèques
mettre en valeur et de prendre position au regard des défis auxquels fait face
le magasin physique. Que faut-il offrir dans le point de contact « magasin
physique » dans un contexte omnicanal ? Les initiatives se
multiplient et les déclinaisons possibles du magasin physique de l’avenir sont
nombreuses. Face à la multiplicité des tentatives, une prise de recul permet de
dégager des axes forts montrant que l’avenir du magasin physique se dessine dans
la conception de différents formats de magasins qui répondent à des besoins
variés.
Cinq voies d’avenir du magasin physique
Face aux défis et aux atouts
précédents, le magasin physique a tout intérêt à considérer les cinq voies
d’avenir suivantes : le magasin éphémère, tiers-lieu, vitrine, digitalisé
ou virtuel.
Stimuler l’attrait en renouvelant la
théâtralisation : le magasin éphémère
Conçu pour durer, le magasin
physique peut devenir temporaire. Un magasin éphémère est un magasin
délibérément ouvert pour une courte période, de quelques jours à quelques mois.
Le cadre d’expériences proposé, différent à chaque opération, relève le défi de
l’instantanéité tout en exploitant la dimension des expériences immersives et
plurisensorielles. Il est une réponse au vieillissement rapide de l’attrait du
magasin physique, à travers une théâtralisation renouvelée. L’attraction y est
stimulée par le caractère passager de l’opération, qui suscite l’étonnement et
la curiosité chez les parties prenantes (clients potentiels, clients actuels,
prescripteurs, journalistes). Le magasin physique éphémère est un lieu
d’expression à part entière : l’originalité et la créativité des cadres de
participation et de stimulation sensorielles – architecture extérieure, localisation,
design, marchandisage, atmosphère – sont travaillées pour faire vivre une
expérience mémorable au bon endroit et au bon moment à la cible, qui la relaie
par un bouche à oreille réel ou virtuel. Ce point de contact physique éphémère
peut poursuivre différents objectifs : expliquer une compétence liée au
produit ou au métier (le bar à bottes éphémère Aigle pour le métier de
caoutchoutier), exposer l’univers et les valeurs de la marque (le magasin
éphémère du joaillier de luxe Hublot à Singapour), instaurer une relation
participative et ludique avec la marque (le magasin éphémère Sandro à Paris, où
le client vient personnaliser ses chaussures), offrir une vitrine physique à
une enseigne virtuelle pour aller à la rencontre de sa clientèle (Spartoo.com
Shoes & Spa dédié au bien-être des pieds), accompagner
l’internationalisation d’une marque (le magasin éphémère UNIQLO dans les
grandes capitales) ou enfin répondre à la saisonnalité de l’activité (Oxybul
Éveil et Jeux durant la période de Noël). L’opération prend tout son sens
à travers les synergies qu’elle génère avec les autres points de contact.
Le magasin éphémère Starbucks Expresso Journey à Tokyo
Dans un
contexte concurrentiel difficile, l’enseigne Starbucks s’efforce de consolider
sa place de leader au Japon. Dans cette perspective, elle a ouvert un magasin
éphémère. Situé dans un quartier à la mode, le magasin éphémère Starbucks
Expresso Journey ressemble à une bibliothèque. Le client feuillette l’espace où
chaque livre de la bibliothèque a une couleur symbolisant une boisson :
expresso, cappuccino, café au lait, etc. La commande se fait par l’échange d’un
livre sur la tranche duquel est indiqué le café souhaité.
Ce magasin
éphémère cible les clients usuels de l’enseigne pour renforcer le rapport à la
marque et la fréquentation des magasins usuels.
Source : http://blogs.wsj.com/japanrealtime/2012/09/14/starbucks-opens-first-ever-pop-up-store-in-tokyo/
Établir une relation riche et profonde
avec le consommateur : le magasin tiers-lieu
Le magasin physique peut être
décentré de sa finalité marchande, mise au second plan, pour se focaliser sur
sa dimension relationnelle : il a pour atout d’être le seul point de
contact à pouvoir permettre les relations interindividuelles. Le cadre d’expériences
valorise alors la socialisation au lieu de vente, renouvelant la thématique du
réenchantement axé sur l’extra-ordinaire ou l’infra-ordinaireet offrant à la
marque des perspectives nouvelles en matière de positionnement. Qualifiés de
« magasins lieux de vie », ces magasins physiques répondent, au
regard des projets qui les sous-tendent, au concept sociologique de tiers-lieu,
qui désigne un lieu hospitalier et confortable, fréquenté par un public
d’habitués. Il prolonge la maison (premier lieu) dans la sphère publique
indépendamment du travail (deuxième lieu). Les échanges et les conversations en
sont le cœur. Il s’agit d’un lieu de rassemblement et de socialisation informel
et d’un point d’ancrage de la vie communautaire.
Un magasin tiers-lieu représente un
endroit dont l’atmosphère chaleureuse invite le client à entrer pour se
détendre et qui est façonné par les rencontres entre clients. Si la marque
propose un cadre, l’atmosphère du magasin est le résultat d’une co-production
collaborative. Ainsi, la marque Adidas a ouvert l’Adidas Runbase à l’entrée
d’un parc très apprécié des coureurs à Tokyo, magasin qui fait office de club de
sport avec douches et casiers où les coureurs se retrouvent. Le magasin
tiers-lieu revêt un sens comme voie d’avenir dans sa capacité de nourrir une
relation entre une marque et une communauté, relation qui va irriguer les
autres points de contact. Les clients y sont moins conseillés par des vendeurs
qu’accompagnés de « médiateurs » qui donnent, en dehors de scripts
préétablis codifiant les relations, des suggestions favorables à la marque. Ce
cadre d’expériences tourne le dos à l’industrialisation de la relation
client ; il est une forme de retour aux sources du commerce.
L’Apartment
32 de Weatherproof à New York
La marque
américaine de vêtements Weatherproof a ouvert l’Apartment 32, magasin physique
pensé comme un véritable appartement où les clients peuvent se détendre,
prendre un verre en sympathisant avec d’autres personnes présentes notamment au
cours de la nocturne hebdomadaire. Il leur est recommandé de laisser leurs
téléphones portables avant d’entrer. L’assortiment de produits exposés est
limité afin de ne pas surcharger l’espace. Les clients, appelés
« invités », doivent s’y sentir comme chez des amis ; ils y sont
accueillis par des « résidents ».
L’Apartment
32 est un lieu créateur de lien social, où la marque Weatherproof communique
avec ses clients en entretenant le dialogue entre eux, sans démarche de vente
intrusive.
Donner à voir la marque et les
produits : le magasin vitrine
Dans une logique de salle
d’exposition assumée, le magasin physique peut être pensé dans son intégralité
comme une vitrine, c’est-à-dire comme un espace dédié à la présentation d’une
marque et de ses produits, sans qu’un achat puisse y être réalisé. Inscrit dans
une stratégie omnicanal, le magasin physique est mis au service des autres
points de contact dans lesquels la transaction sera finalisée : il devient
ainsi un lieu indirect de vente. Le cadre d’expériences d’un magasin vitrine
valorise à l’extrême l’atout de rapports directs au produit et au personnel de
la relation client, et cherche à répondre aux attentes hédonistes,
informationnelles et de rassurance des consommateurs. Ce cadre d’expériences
est orchestré pour accompagner le client dans sa recherche d’informations et
lui donner confiance en lui offrant de vivre un moment agréable. Il met en
récit l’histoire et la culture de la marque (L’Atelier Renault « donnant à
voir l’univers d’une marque mythique »), retrace le processus
d’inspiration et de fabrication des produits ou des services (l’espace Réunica
Domicile, ouvert par la mutuelle du même nom, dédié à la problématique de la
dépendance des personnes âgées) et constitue un espace de démonstration de
leurs usages possibles (la Galerie Miele, où le cuisiniste fait intervenir un
chef cuisinier). Les modèles sont présentés de façon exhaustive, avec un
marchandisage abouti. Le magasin vitrine se consacre ainsi à l’enrichissement expérientiel
du territoire de la marque. Il supporte l’établissement de relations avec les
consommateurs mais aussi avec les différentes parties prenantes – fournisseurs,
détaillants, revendeurs ou journalistes.
Intégrer les technologies
numériques : le magasin digitalisé
Le magasin digitalisé est
aujourd’hui la voie d’avenir la plus explorée. Les technologies numériques sont
vues comme une occasion au service de la valeur de l’expérience de
magasinage au sein du magasin physique. L’objectif est de faire vivre au client
une expérience marquante grâce à un aménagement spatial et des stimulations
sensorielles liées aux technologies numériques, qui enrichissent le magasin
physique usuel. Un magasin digitalisé désigne un lieu de vente physique
intégrant une ou plusieurs technologies numériques interactives (bornes,
tablettes tactiles, applications mobiles dédiées, sites mobiles, etc.) qui
peuvent être utilisées par les clients ou par le personnel de la relation
client. Elles peuvent être connectées au Web. Une telle démarche est pensée
comme un pont entre le magasin physique et le site Web de la marque.
Le Rendez-Vous Toyota à Paris
Le
Rendez-Vous Toyota est la vitrine unique de la marque en Europe. Toyota formule
la promesse suivante aux clients ainsi qu’aux revendeurs et aux professionnels,
les cibles de cet espace : « Expositions des dernières technologies,
voitures Toyota d’aujourd’hui et de demain, événements permanents et
saisonniers : il y a tant à voir, à vivre et à expérimenter dans notre salle
d’exposition ! »
Le cadre
d’expériences s’inspire des valeurs fondamentales de Toyota que sont le design,
la qualité supérieure et l’innovation, pour améliorer son image et son
positionnement auprès de ses visiteurs dans une localisation commerciale
prestigieuse, l’avenue des Champs-Élysées à Paris, fréquentée par une clientèle
aussi bien étrangère que française.
30
Le cadre d’expériences d’un magasin
digitalisé relève les défis de l’immédiateté et du caractère informatif à
travers le recours à différents dispositifs numériques dont la nature et les
intérêts sont exposés dans le tableau 1. Ceux-ci renforcent le contact direct
avec le produit en y apportant un contenu informationnel et un rapport ludique
(le Fragrance Finder de Sephora, borne tactile permettant de guider les clients
de cette enseigne vers le parfum le mieux adapté à leurs goûts), en améliorant
la qualité de la relation client en magasin (des conseillers Mercedes équipés
de tablettes tactiles pour accéder aux préférences des clients) et en
personnalisant la relation par sa dimension interactive (la personnalisation de
l’instant d’essayage chez Gomus avec des vêtements équipés d’une puce
d’identification par radiofréquence [RFID] contenant des informations sur le
style du vêtement concerné et déclenchant la diffusion en cabine d’une musique
adaptée au vêtement). Ces dispositifs peuvent être utilisés à bon escient pour
fluidifier l’expérience en magasin, en éliminant l’attente à la caisse ou en
cartographiant le magasin sur un téléphone intelligent afin d’offrir de la
géolocalisation intérieure.
Burberry au 121 Regent Street à Londres
Incarnation
physique de son site Web, le nouveau lieu de vente de la marque Burberry a pour
ambition de faire converger le monde numérique et le monde physique et utilise
pour cela divers dispositifs. Les employés sont équipés de tablettes pour
consulter l’historique des achats et les préférences d’un client. Grâce à ce
terminal, le client peut créer « le trench-coat de ses rêves » comme
sur burberry.com. Certaines fonctionnalités présentes sur les lieux visent à
répondre aux attentes précises des clients en temps réel. Cinq cents enceintes
et 100 écrans sont déployés pour diffuser le monde virtuel dans le monde réel.
Des écrans interactifs sont disposés en tête de chaque rayon et projettent des
vidéos dédiées aux vêtements. Des puces RFID sont intégrées à certains articles
pour proposer des produits associés au client, qui peut régler ses achats sur
un terminal de paiement mobile. Des expositions temporaires et permanentes sont
organisées dans une galerie numérique.
Source : http://fr.burberry.com/store/store-locator/regent-street-store/?WT.ac=LP_OCT_H_B9_REGENTS-ST
Tableau 1 - Description
des dispositifs et de leurs fonctions à chacune des étapes du parcours client
dans le cadre d’un magasin digitalisé
Développer l’ubiquité : le magasin
virtuel
Le magasin physique peut être
repensé de façon radicale pour répondre aux nouvelles pratiques de mobilité des
consommateurs. Ces derniers s’efforcent d’optimiser leur mobilité dans une
double dimension temporelle et spatiale. Ils ne se déplacent plus pour
magasiner, mais ils magasinent au fil de leurs déplacements (travail, loisirs,
école). Le magasin physique peut alors être repensé pour se trouver « au
bon endroit au bon moment », avec un cadre d’expériences qui relève le
défi de l’ubiquité.
Cette évolution la plus radicale du
magasin physique a commencé à la mi-2011 avec Tesco et sa filiale sud-coréenne
Homeplus, qui a créé le premier magasin physique virtuel. Situé au cœur des
pérégrinations des consommateurs, dans des zones de transit et de flux comme
les gares, les aéroports ou les métros, un magasin virtuel consiste en un mur
ou un cube équipé d’une borne Wi-Fi sur lequel un nombre limité de références
présentées en photos est proposé à la vente. Le magasin se résume à un linéaire
virtuel où le client balaie les codes-barres 2D avec un téléphone intelligent
et l’application mobile de l’enseigne pour constituer son panier, puis passer
la commande. S’inscrivant dans une perspective omnicanal, il imbrique de façon
indissociable, dans le comportement de magasinage des consommateurs, les points
de contact réels et virtuels. Le magasin virtuel donne une dimension physique à
l’application mobile.
Le supermarché virtuel Tesco à l’aéroport de Londres
Gatwick
Le concept
consiste à proposer aux voyageurs, pendant les 70 minutes de temps libre en
moyenne qu’ils ont avant d’embarquer, d’effectuer les achats alimentaires dont
ils auront besoin à leur retour de vacances à travers quatre linéaires virtuels
ainsi que six écrans numériques tactiles répartis dans la zone de départ. Le
client balaie le produit souhaité à l’aide de son téléphone intelligent et de
l’application préalablement téléchargée. Le délai de livraison se différencie
des délais proposés usuellement : les achats peuvent être livrés jusqu’à
trois semaines après la commande. Le client commande en partant et reçoit ses
achats à son retour, ce qui le libère de la corvée des courses ordinaires.
Finie l’angoisse du frigo vide !
Présentées successivement, ces
différentes voies d’avenir du magasin physique peuvent être mobilisées
simultanément, entre autres dans des magasins éphémères digitalisés ou dans des
magasins vitrines tiers-lieux.
Le succès de la mise en œuvre de ces
voies d’avenir requiert toutefois de nombreuses adaptations.
Repenser le magasin physique : implications et
conditions de succès
La réalisation de différents cadres
d’expériences, qui s’inscrivent dans la perspective du client sous-jacente à
une stratégie omnicanal, sollicite l’ensemble des compétences de l’entreprise
et remet en question bien des choses. Les implications stratégiques et
organisationnelles, qui sont importantes, demandent à être maîtrisées pour que
l’évolution soit réussie.
Repenser le modèle d’affaires : de
la vision du magasin comme usine à vendre à de nouveaux critères de performance
Historiquement, un magasin physique
a pour mission de vendre et sa performance est appréhendée quantitativement.
Dans un contexte omnicanal, il
devient un point de contact parmi d’autres, entre lesquels le chiffre
d’affaires se répartit. Selon les critères classiques de performance d’un
magasin, le diagnostic d’une dégradation de celle-ci est posé, justifiant une
rationalisation du réseau de magasins physiques. Or, dans un contexte
omnicanal, aborder la performance d’un magasin physique demande une vision
élargie : est-il capable de constituer un relais de rassurance dans l’acte
d’achat, de nourrir la relation avec la marque et de jouer le rôle de
média ? Quel est son rôle dans le chiffre d’affaires généré dans les
autres points de contact ? La performance ne peut être corrélée avec le
chiffre d’affaires réalisé en son sein. La rentabilité perd de son sens au
niveau individuel : certains magasins vont peu vendre – voire ne pas
vendre du tout dans le cas des magasins vitrines – pour permettre à d’autres de
vendre beaucoup. Certaines structures organisationnelles – notamment les réseaux
franchisés – sont particulièrement sensibles à ce défi.
Repenser la stratégie marketing :
imaginer un magasin physique à l’échelle de son rôle au sein du réseau
À l’échelle du réseau, les
différents magasins physiques auront des objectifs et des rôles
différents : une spécialisation des différents magasins dans les objectifs
qu’ils poursuivent s’avère nécessaire. Il importe d’expliciter au client
l’enrichissement que chacun d’eux apporte à l’expérience de magasinage afin de
l’orienter entre les différents cadres d’expériences proposés. Pour organiser
le réseau comme un portefeuille de points de contact répondant à des attentes
différentes, la nature des expériences recherchées à chacun de ceux-ci doit
être comprise. Les contextes expérientiels doivent en effet être imaginés en
fonction des situations : pour cela, il faut mettre au point des moyens de
connaissance du parcours du client.
Repenser les systèmes d’information pour
établir des moyens de connaissance du parcours du client
Il est crucial de pouvoir intégrer
les données en provenance de tous les points de contact afin de suivre
l’historique du parcours du client. Dans ce contexte, les systèmes
d’information actuels se révèlent obsolètes. Il s’agit non seulement de
multiplier les points de contact avec le client, mais d’être en mesure de
reconnaître ce dernier tout au long de son parcours. Cela exige d’unifier de
multiples bases de données qui ont été initialement conçues pour chaque canal
de vente. Un système d’information transversal est nécessaire si l’on veut
cartographier les parcours des clients actuels et découvrir les points de
blocage éventuels dans un parcours omnicanal de magasinage. Le stockage et
l’analyse de grandes masses de données représentent un enjeu majeur pour
réussir à transformer celles-ci en informations signifiantes, puis en actions.
Repenser la logistique
La problématique de gestion des
stocks est renouvelée par les pratiques d’achat en magasin après une recherche
d’informations en ligne ou de retrait en magasin après l’achat en ligne. Ce
service constitue un trait d’union entre le magasin physique et le magasin en
ligne, mais il rend plus délicate la gestion des stocks. Le produit doit être
disponible au bon endroit et de façon immédiate pour le client habitué au temps
réel.
Repenser la gestion des ressources
humaines
Quel que soit le point de contact où
la personne travaille, celle-ci doit être concernée par la réussite de tous.
Les enjeux en termes de recrutement, de formation, de rémunération mais aussi
d’engagement au travail sont nombreux. Le contenu du travail du personnel de la
relation client se trouve modifié. Home Depot se dote ainsi d’une technologie
qui simplifie les processus (gestion des stocks, analyse des ventes,
encaissement) pour libérer du temps de conseil au client pour les vendeurs. De
même, il faut revoir la rémunération afin d’inciter ces derniers à favoriser
l’offre, quel que soit le point de contact. Il peut alors être pertinent
d’indexer la prime des collaborateurs non plus sur le chiffre d’affaires d’un
magasin, mais sur celui d’une zone géographique beaucoup plus large.
Repenser les rôles d’un magasin
physique et le transformer exige une évolution à tous les niveaux de
l’entreprise pour s’orienter vers une plus grande transversalité. La
gestion du changement est au cœur de la réussite du dispositif.
Conclusion
Conclusion
L’avenir du magasin physique n’est
pas sa mort mais sa transformation, qui se révèle complexe pour être en
cohérence avec la multiplicité des comportements de magasinage des
consommateurs. Ceux-ci demeurent attachés aux magasins physiques, tout en
aspirant à une évolution stimulée par les nouvelles formes de commerce dont ils
souhaitent trouver un prolongement dans ces magasins physiques. Certaines voies
d’avenir tirent profit d’atouts intrinsèques ou dépassent les rigidités
devenues inacceptables au regard de la proposition de valeur d’autres points de
contact. Les magasins demeurent des lieux physiques de rencontre entre un
consommateur, un produit et un vendeur, qui est un conseiller de la marque ou
de l’enseigne : ils sont une source de valeurs essentielles pour
l’expérience de magasinage que les points de contact virtuels ne peuvent
offrir. Si le changement est amorcé, le défi est sérieux dans le cas de modèles
d’affaires non stabilisés : le magasin est mort, vive le magasin !
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