Thierry Bardy - tags ; Médecine personnalisée , Bionique ....
© Inria -
Asclepios
Ce jeune champ de recherche, à la croisée de l'informatique, des sciences numériques et de la médecine, a pour objectif de concevoir et développer des logiciels de traitement informatique des images médicales pour assister le médecin dans sa pratique clinique. Ces logiciels visent notamment à enrichir le diagnostic en extrayant, à partir d’images médicales, des informations objectives et cliniquement utiles. Ils visent également à assister la pratique thérapeutique avec des algorithmes de planification et de simulation appliqués à un modèle numérique du patient.
L’essor des images médicales
Divergence du flux de
déformation dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer: la couleur représente
les régions changeant de volume. - © Inria - Asclepios
Les images médicales sont aujourd’hui omniprésentes dans la pratique médicale
courante et hospitalière. Outre les radiographies, quatre grandes modalités
d’imagerie sont couramment utilisées : le scanner, l’IRM, l’échographie, ou la
scintigraphie1. Les images produites par ces quatre modalités sont
volumiques : elles fournissent en chaque point du corps humain des informations
mesurées dans un petit élément de volume appelé voxel, l’extension
volumique du pixel.
Divergence du flux de
déformation dans l’évolution de la maladie d’Alzheimer: la couleur représente
les régions changeant de volume. - © Inria - Asclepios
Il existe d’autres modalités d’imagerie du corps humain, et de nouvelles techniques émergent régulièrement. Citons par exemple l’élastographie2 qui permet de mesurer l’élasticité des tissus à partir d’IRM ou d’ultrasons, et l’endomicroscopie qui permet de visualiser l’architecture microscopique des cellules à l’extrémité de fibres optiques.
La plupart des images médicales sont très volumineuses. L’image anatomique d’un organe, voire du corps entier peut contenir entre quelques millions et plusieurs centaines de millions de voxels, stockés dans d’immenses matrices 3-D de nombres. La quantité d’information augmente rapidement lorsque plusieurs images sont acquises sur un même patient pour exploiter la complémentarité des différentes modalités, ou pour suivre une évolution temporelle ; il s’agit alors d’images 4-D avec trois dimensions spatiales et une dimension temporelle.
Comme si ce déluge d’images ne suffisait pas, de grandes bases de données d’images deviennent progressivement accessibles sur la Toile d’Internet. Ces images sont souvent accompagnées de métadonnées sur l’histoire du patient et sur sa pathologie.
Le rôle de l’informatique et des sciences numériques
Maillage de calcul des 4
cavités cardiaques pour la simulation électromécanique du coeur. - © Inria
- Asclepios
L’informatique et les sciences numériques jouent alors un rôle crucial pour exploiter de façon rigoureuse et optimale cette surabondance d’information. Elles sont essentielles pour l’analyse des images reconstruites dont le but est d’extraire de façon objective l’information cliniquement pertinente et de la présenter dans un cadre unifié et intuitif au médecin. Elles offrent également la possibilité de construire un modèle numérique du patient pour la simulation : simulation de l’évolution d’une pathologie ou de l’effet d’une thérapie par exemple, ou simulation de gestes médicaux ou chirurgicaux pour l’entrainement du praticien.
Orientations des fibres
cardiaques mesurées in vivo par IRM de diffusion. - © Inria -
Asclepios
Analyse et simulation informatiques des images médicales
reposent sur des algorithmes qui doivent prendre en compte la spécificité de
l’anatomie et de la physiologie humaines à l’aide de modèles mathématiques,
biologiques, physiques ou chimiques, adaptés à la résolution des images. Ces
modèles du corps humain dépendent eux-mêmes de paramètres permettant de modifier
la forme et la fonction des organes simulés. Utilisés avec un jeu de paramètres
standard, les modèles sont génériques : ils décrivent et
simulent la forme et la fonction moyennes des organes dans une population. Mais
avec les images médicales et l’ensemble des données disponibles sur un
patient spécifique, les paramètres d’un modèle générique
peuvent être ajustés grâce à des algorithmes pour reproduire plus précisément la
forme et la fonction des organes de cet individu. On dispose alors d’un modèle
personnalisé.
Orientations des fibres
cardiaques mesurées in vivo par IRM de diffusion. - © Inria -
Asclepios
Patient numérique personnalisé et médecine computationnelle
Tractographie dans des images
IRM de diffusion pour révéler la
connectivité du cerveau. - © Inria -
Asclepios
Les modèles numériques et personnalisés du patient sont destinés à assister le médecin dans sa pratique médicale : assister le diagnostic en quantifiant l’information présente dans les images ; assister le pronostic en simulant l’évolution d’une pathologie ; assister la thérapie en planifiant, simulant et contrôlant une intervention. Voilà ce qui préfigure la médecine computationnelle de demain, une composante informatique de la médecine qui n’a pas vocation à se substituer au médecin, mais qui est destinée à lui fournir des outils numériques pour l’assister dans l’exercice de sa pratique médicale au service du patient.
Des images médicales au patient numérique
Variabilité des sillons
corticaux mesurée sur 98 cerveaux sains, les zones rouges étant les zones de
plus forte variabilité. - © Inria - Asclepios
Conclusion
Maillage du foie pour la
simulation de chirurgie laparoscopique. - © Inria - Asclepios
Les progrès actuels dans ces domaines permettent d’entrevoir comment l’informatique et les sciences numériques peuvent accompagner le passage d’une médecine normalisée et réactive à une médecine plus personnalisée, préventive et prédictive4. Ils reposent en grande partie sur des avancées algorithmiques en traitement d’images et dans la modélisation numérique de l’anatomie et de la physiologie du corps humain.
Les cours à venir, ainsi que les séminaires et le colloque de clôture approfondiront les fondements algorithmiques, mathématiques et biophysiques de ce domaine de recherche en plein essor, tout en illustrant son caractère pluridisciplinaire et ses avancées les plus récentes. On y retrouvera des scientifiques et des médecins de spécialités variées, au chevet du patient numérique.
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