Le gouvernement lance l'expérimentation d'automobiles "intelligentes" en France, premier pas vers des véhicules sans chauffeur.
Tout se connecte. Après le téléphone, les montres et les lunettes, les transports veulent leur part de
"smart". De Ford à Audi, en passant par Général Motors et Peugeot, mais aussi
Google et Apple, tous planchent sur la voiture de demain.
Par peur de se faire doubler par les Américains, le gouvernement se penche également sur la question. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a annoncé, mercredi 11 février, le lancement d'une large expérimentation de routes et véhicules connectés sur cinq ou six sites, notamment en Ile-de-France, sur la rocade bordelaise et sur les routes départementales de l'Isère. Au total, 2.000 km de routes connectées pour 3.000 voitures "intelligentes".
"Les routes et les véhicules communiqueront grâce à des bornes en bord de route et des récepteurs Wi-Fi dans les véhicules, via les réseaux publics de téléphonie mobile", explique le ministère. "Les voitures envoient leur position, leur vitesse et peuvent signaler des obstacles (objets sur la chaussée, véhicule à contre-sens)." En somme, l'automobile 2.0 avertira le conducteur de la moindre anomalie sur la route (des travaux à l'accident) via une tablette tactile fixée sur le tableau de bord.
L'expérimentation est chiffrée à 20 millions d'euros, financée par l'Etat, les collectivités territoriales et des constructeurs automobiles (l'Europe pourrait également mettre au pot). Selon "les Echos", Renault et PSA devraient fournir à parité 2.000 véhicules connectés neufs, le reste étant des véhicules professionnels déjà en circulation et appartenant à des collectivités ou des sociétés autoroutières. Objectif affiché : un déploiement à l'échelle nationale à l'horizon 2016.
Le gouvernement se mobilise aussi pour éviter un potentiel retard par rapport aux Etats-Unis, qui rendrait la France dépendante des technologies qui s'y seront imposées. Dans "Direct Matin", Frédéric Cuillier assume :
A cette évocation, la voiture made in Google est dans toutes les têtes. Le géant de l'internet planche depuis plus de trois ans sur sa "Google car", une voiture totalement automatisée. Elle se conduit toute seule grâce à des caméras vidéo, des radars et un capteur laser.Mais Google n'est pas le seul. Croisée lors du salon LeWeb, la voiture Link & Go a été développée par le groupe français d'ingénierie Akka Technologies.
Surmontée d'un capteur laser en forme de canon, elle détecte tout ce qui se passe à l'avant et à l'arrière du véhicule. Elle compare ainsi ce qu'elle "voit" avec sa cartographie embarquée pour se repérer "à une dizaine de centimètres près", explique à "l'Obs" Luc Barthelemy, responsable du centre de recherches d'Akka Technologies.
L'Institut national de la recherche en informatique et automatique (INRIA) a
également développé son propre concept de voiture conduite par un ordinateur
épaulé par des caméras et capteurs pour suivre la route. France-Info a pu tester le prototype : "Cela secoue un
peu dans les virages et on est encore loin de l'industrialisation mais ce
dispositif coûterait, selon ses promoteurs, bien moins cher que le système de
Google. Même prudence chez Luc Barthelemy :
Il faut dire que le secteur de l'automobile était présent en force lors du salon de l'électronique CES, en janvier dernier à Las Vegas. A ainsi été présentée un Range Rover capable de se garer tout seul. Concrètement, le conducteur lance une appli sur son mobile et la voiture se rangera automatiquement grâce à des capteurs ultrasons et des caméras.
Valeo a également dévoilé, lors du salon automobile de Francfort, un système permettant d'ouvrir et de faire démarrer son véhicule avec son smartphone, qui fait office de clef de contact.
De leurs côtés, des chercheurs australiens ont développé une voiture qui décélère dès que l'attention du conducteur baisse, selon ce que détectent des capteurs posés sur la tête qui détermine la concentration. Lorsque le conducteur répond à son téléphone, change de station de radio, se penche sur une carte, etc., la voiture ralentit d'elle-même.
Au-delà des acteurs traditionnels, les géants de l'informatique (comme Apple et Microsoft), de l'internet (comme Google) et des télécoms (comme Cisco et BlackBerry) convoitent également le marché naissant des automobiles intelligentes, qui pourrait représenter 135 millions de véhicules d'ici 2018. Tous rêvent déjà de prendre le contrôle du "système d'exploitation" de la voiture de demain, qui permettra de faire fonctionner le système de navigation et des applications. En somme, de fixer les règles du jeu de la consommation dans l'habitacle, comme ce fut le cas sur le téléphone.
Et l'issue de la bataille est encore ouverte, le marché étant totalement nouveau. Si QNX (filiale de BlackBerry) a annoncé un partenariat avec le fabricant de puces Qualcomm, Google a lui dévoilé une alliance pour imposer son système Android dans les voitures de General Motors, Audi (groupe Volkswagen), Honda et Hyundai. De son côté, Microsoft coopère depuis longtemps avec Ford, et Apple permet que le système de l'iPhone se connecte au système de navigation des véhicules.
Aux Etats-Unis, le Nevada, la Floride et la Californie ont déjà donné leur feu vert aux voitures automatisées. La loi impose toutefois aux propriétaires de posséder son permis de conduire (obligation qui devrait être levée en 2040).
A l'échelle européenne, la Commission a fait savoir que l'Institut européen des normes de télécommunications (ETSI) et le Comité européen de normalisation (CEN) ont défini des standards de sécurité pour que véhicules automnes et classiques cohabitent. Un premier pas vers une législation claire.
Interrogé sur ce point, Frédéric Cuvillier a confirmé que les automobiles autonomes "nécessiteront une nouvelle réglementation", et la France voudrait apparaître en précurseur avec des textes qui "pourront ensuite être copiés dans d'autres pays."
De son côté, le PDG de Ford, Alan Mulally, a pointé lors du dernier salon automobile de Detroit une autre problématique : la protection des données personnelles. "Nos maisons, nos voitures, tout sera bientôt relié à internet. Et quelles sont les directives ? Que voulons-nous ?", a-t-il interrogé, avant d'appeler les gouvernants à y réfléchir. Effectivement, la question n'est pas inintéressante.
Par peur de se faire doubler par les Américains, le gouvernement se penche également sur la question. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier a annoncé, mercredi 11 février, le lancement d'une large expérimentation de routes et véhicules connectés sur cinq ou six sites, notamment en Ile-de-France, sur la rocade bordelaise et sur les routes départementales de l'Isère. Au total, 2.000 km de routes connectées pour 3.000 voitures "intelligentes".
"Les routes et les véhicules communiqueront"
"Les routes et les véhicules communiqueront grâce à des bornes en bord de route et des récepteurs Wi-Fi dans les véhicules, via les réseaux publics de téléphonie mobile", explique le ministère. "Les voitures envoient leur position, leur vitesse et peuvent signaler des obstacles (objets sur la chaussée, véhicule à contre-sens)." En somme, l'automobile 2.0 avertira le conducteur de la moindre anomalie sur la route (des travaux à l'accident) via une tablette tactile fixée sur le tableau de bord.
L'expérimentation est chiffrée à 20 millions d'euros, financée par l'Etat, les collectivités territoriales et des constructeurs automobiles (l'Europe pourrait également mettre au pot). Selon "les Echos", Renault et PSA devraient fournir à parité 2.000 véhicules connectés neufs, le reste étant des véhicules professionnels déjà en circulation et appartenant à des collectivités ou des sociétés autoroutières. Objectif affiché : un déploiement à l'échelle nationale à l'horizon 2016.
Le gouvernement se mobilise aussi pour éviter un potentiel retard par rapport aux Etats-Unis, qui rendrait la France dépendante des technologies qui s'y seront imposées. Dans "Direct Matin", Frédéric Cuillier assume :
Les véhicules intelligents représentent un enjeu considérable pour la compétitivité économique et industrielle. Une compétition internationale s'est engagée et la France doit faire partie des précurseurs. [Cette expérimentation] permettra à la France de rivaliser avec les Etats-Unis, très avancés dans ce domaine."
Il faut dire que le gouvernement a vite lorgné sur les transports dits "intelligents", qui représentent un gâteau évalué à 4,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 45.000 emplois directs, et la création de 500 à 1.000 PME.Des voitures sans chauffeur dans 20-25 ans
Pour le ministre des Transports, cette expérimentation française constitue une première étape avant l'arrivée des voitures sans chauffeur. "On y viendra", lance-t-il au quotidien gratuit.A cette évocation, la voiture made in Google est dans toutes les têtes. Le géant de l'internet planche depuis plus de trois ans sur sa "Google car", une voiture totalement automatisée. Elle se conduit toute seule grâce à des caméras vidéo, des radars et un capteur laser.Mais Google n'est pas le seul. Croisée lors du salon LeWeb, la voiture Link & Go a été développée par le groupe français d'ingénierie Akka Technologies.
Surmontée d'un capteur laser en forme de canon, elle détecte tout ce qui se passe à l'avant et à l'arrière du véhicule. Elle compare ainsi ce qu'elle "voit" avec sa cartographie embarquée pour se repérer "à une dizaine de centimètres près", explique à "l'Obs" Luc Barthelemy, responsable du centre de recherches d'Akka Technologies.
Pour l'instant, il ne s'agit que de concepts. La vision optimiste table sur une arrivée sur le marché dans 20-25 ans."
En effet, une voiture connectée à internet capable de se mouvoir seule semble relever de l'unique exploit technique, mais elle imposte aussi que tout le milieu urbain s'adapte. Feux, panneaux et routes doivent se moderniser pour pouvoir communiquer avec des automobilistes transformés en passagers. "Il reste encore beaucoup à faire, mais cela donne une idée du visage de la voiture du futur", conclut Luc Barthelemy.Un Range Rover capable de se garer tout seul
Le marché de l'automobile va toutefois changé bien plus tôt. Avant de voir s'imposer des véhicules sans conducteur, les voitures vont tirer profit des technologies pour améliorer la conduite classique. Outre des régulateurs de vitesse, les constructeurs imaginent une automatisation du parking ou des détecteurs de fatigue.Il faut dire que le secteur de l'automobile était présent en force lors du salon de l'électronique CES, en janvier dernier à Las Vegas. A ainsi été présentée un Range Rover capable de se garer tout seul. Concrètement, le conducteur lance une appli sur son mobile et la voiture se rangera automatiquement grâce à des capteurs ultrasons et des caméras.
Les manoeuvres de parking, c'est ce qui est le plus demandé, car c'est le plus difficile à faire", souligne à l'AFP Guillaume Devauchelle, vice-président de l'équipementier français Valeo, qui équipe le Range Rover.
Valeo a également dévoilé, lors du salon automobile de Francfort, un système permettant d'ouvrir et de faire démarrer son véhicule avec son smartphone, qui fait office de clef de contact.
De leurs côtés, des chercheurs australiens ont développé une voiture qui décélère dès que l'attention du conducteur baisse, selon ce que détectent des capteurs posés sur la tête qui détermine la concentration. Lorsque le conducteur répond à son téléphone, change de station de radio, se penche sur une carte, etc., la voiture ralentit d'elle-même.
Au-delà des acteurs traditionnels, les géants de l'informatique (comme Apple et Microsoft), de l'internet (comme Google) et des télécoms (comme Cisco et BlackBerry) convoitent également le marché naissant des automobiles intelligentes, qui pourrait représenter 135 millions de véhicules d'ici 2018. Tous rêvent déjà de prendre le contrôle du "système d'exploitation" de la voiture de demain, qui permettra de faire fonctionner le système de navigation et des applications. En somme, de fixer les règles du jeu de la consommation dans l'habitacle, comme ce fut le cas sur le téléphone.
Et l'issue de la bataille est encore ouverte, le marché étant totalement nouveau. Si QNX (filiale de BlackBerry) a annoncé un partenariat avec le fabricant de puces Qualcomm, Google a lui dévoilé une alliance pour imposer son système Android dans les voitures de General Motors, Audi (groupe Volkswagen), Honda et Hyundai. De son côté, Microsoft coopère depuis longtemps avec Ford, et Apple permet que le système de l'iPhone se connecte au système de navigation des véhicules.
Quid de la loi ?
Reste que toute cette automatisation de la voiture n'est pas sans poser des questions. Et en premier lieu d'ordre législatif. En effet, en cas d'accident de véhicules sans chauffeur, qui sera considéré comme responsable : le propriétaire du véhicule, le constructeur ou le concepteur du système ?Aux Etats-Unis, le Nevada, la Floride et la Californie ont déjà donné leur feu vert aux voitures automatisées. La loi impose toutefois aux propriétaires de posséder son permis de conduire (obligation qui devrait être levée en 2040).
A l'échelle européenne, la Commission a fait savoir que l'Institut européen des normes de télécommunications (ETSI) et le Comité européen de normalisation (CEN) ont défini des standards de sécurité pour que véhicules automnes et classiques cohabitent. Un premier pas vers une législation claire.
Interrogé sur ce point, Frédéric Cuvillier a confirmé que les automobiles autonomes "nécessiteront une nouvelle réglementation", et la France voudrait apparaître en précurseur avec des textes qui "pourront ensuite être copiés dans d'autres pays."
De son côté, le PDG de Ford, Alan Mulally, a pointé lors du dernier salon automobile de Detroit une autre problématique : la protection des données personnelles. "Nos maisons, nos voitures, tout sera bientôt relié à internet. Et quelles sont les directives ? Que voulons-nous ?", a-t-il interrogé, avant d'appeler les gouvernants à y réfléchir. Effectivement, la question n'est pas inintéressante.
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