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Thierry Bardy |
Depuis plusieurs mois, Apple explore de nombreuses pistes pour acquérir des entreprises hors de son champ traditionnel. Automobiles, appareils médicaux… Verra-ton un jour l’iCar ou l’iDoc ? Cela semble de moins en moins impossible.
Adrian Perica. Ce nom ne vous dit probablement rien et pourtant c’est aujourd’hui l’un des personnages clés d’Apple bien qu’il n’apparaisse pas dans l’organigramme des principaux dirigeants. M. Perica occupe les fonctions de patron des fusions & acquisitions au sein de l’entreprise californienne et depuis 18 mois il parcourt le globe à la recherche des meilleures opportunités de rachats dans tous les domaines de l’informatique (big data, moteurs de recherche, analyse de données, logiciels de cartographie, puces de nouvelles générations…). Et M. Perica ne chôme pas. Si Apple demeure un nain dans sa politique d’acquisitions face à d’autres géants des technologies comme Google ou Intel, le rythme accélère rapidement. Durant le dernier trimestre de sa dernière année fiscale, Apple a investi 525 millions de dollars dans des acquisitions, soit le double de l’ensemble de l’année précédente. Beaucoup de ces acquisitions sont discrètes voire secrètes.
Hors des sentiers battus
Mais ce n’est pas dans le champ traditionnel de ses activités que M. Perica œuvre uniquement. Comme l’écrivent nos confrères Thomas Lee et David Baker du San Francisco Chronicle, « Apple voit plus grand. Beaucoup plus grand ». En effet, Apple est bien conscient du tassement à venir de la croissance des marchés des smartphones et des tablettes. Certes, il reste encore d’importants gisements mais ce marché va rapidement devenir principalement un marché de remplacement dans de nombreux pays, les taux d’équipements devenant très importants. Aussi, l’entreprise envisage de nouveaux secteurs d'activité. On pense évidemment aux projets de montre connectée iWatch ou de téléviseurs iTV mais Apple pourrait également partir très loin de son périmètre traditionnel et tenter de se positionner dans le « next big thing » qui seront assurément les objets connectés mais pas seulement. Dans ces conditions, pourquoi ne pas imaginer être partie prenante dans l’automobile de demain, un secteur où Google notamment avance posément ses pions. L’iCar n’est-elle qu’un doux rêve ? Pas sûr !Musk au volant de l'innovation
Docteur Apple et ses 160 milliards
L’autre domaine d’investissement d’Apple concerne tout ce qui touche à la santé et au bien-être. Apple embauche à tour de bras des docteurs, des ingénieurs, des scientifiques issus non pas de la technologie mais du monde médical à la fois pour des projets de développement, pour des brevets mais aussi pour des actions de lobbying auprès de la toute-puissante Food & Drug Administration américaine qui délivre les autorisations de mise sur le marché de tels produits. Les rencontres se multiplient entre les deux parties pour discuter des applications médicales mobiles sous la houlette de Jeff Williams, un autre cadre important et inconnu d’Apple. L’entreprise dépose également des demandes de brevets dans ces domaines, notamment pour la mesure de signaux cardiaques et sanguins permettant de prévenir l’apparition d’une crise cardiaque. Tout ceci se fait sous la houlette de M. Holman, un ancien de Lucasfilm, co-inventeur de la technologie THX, qui est arrivé chez Apple en 2011 pour s’occuper du son mais pas uniquement.On le voit, le jus de crâne fonctionne à plein du côté de Cupertino et la perspective d’un iCar, d’un iDoc, d’une iWatch, d’une iTV et autres ne semble pas relever uniquement du fantasme. D’autant plus lorsque l’on sait que l’entreprise dispose de plus de 160 milliards de dollars de cash. Les rendre aux actionnaires est une possibilité et Apple va s’y employer en partie. Mais telle n’était pas la volonté de Steve Jobs et tel n’est pas une caractéristique des gênes d’Apple. Il faut innover, innover encore et utiliser ses milliards dans ce but n’est certainement pas la stratégie la plus sotte.
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