L'Open Innovation progresse en France, des freins persistent
De droite à gauche, Christian Travier, de Laval Mayenne Technopole, Jean-Luc
Beylat, de Bell Labs France, et Bernard Scherrer, d'EDF. Hors champ, Jean-Louis
Liévin (cliquer sur l'image / Crédit : LMI)
De nombreuses initiatives favorisent déjà l'Open Innovation dans
l'Hexagone, mettant en relation les compétences et les idées entre grandes
entreprises, laboratoires de R&D, PME et start-up. Mais il faut de la
persévérance pour faire aboutir les partenariats. Et la France manque toujours
de capitaux à investir dans les start-up. Une table ronde a réuni ce matin au
Labo de l'Edition (Paris 5ème) quatre spécialistes du sujet : Jean-Luc Beylat de
Bell Labs France, Bernard Scherrer d'EDF, Christian Travier de Laval Mayenne
Technolopôle et Jean-Louis Liévin, d'ideXlab.
L'Open Innovation se traduit déjà
concrètement dans de grands groupes français et trouve un écho naturel dans
nombre de PME, à Paris et en région. Mais il reste toujours des freins à son
développement, en partie culturels, mais pas seulement. Plusieurs acteurs très
impliqués sur ce terrain s'étaient retrouvés ce matin à Paris pour en discuter,
dans les locaux du Labo de l'Edition (5ème), lieu qui héberge notamment un
incubateur de start-ups.
Co-auteur d'un rapport sur la croissance des entreprises innovantes, remis en avril dernier, Jean-Luc Beylat, président d'Alcatel-Lucent Bell-Labs France, et également président du Pôle de compétitivité Systematic, a d'abord rappelé que la pratique de l'Open Innovation impliquait une volonté de partager du capital intellectuel industriel et de le porter jusqu'au marché. « Cela va au-delà du périmètre de la recherche partenariale et il y a de plus en plus d'exemples marquants, comme ce qui s'est passé dans l'écosystème des smartphones avec Android, dans l'Open Source, ou ce qui se passe en ce moment dans le cloud ». Ce sont des acteurs qui créent des dynamiques sur le marché avec leurs différences. Dans ce domaine, « il est plus important de partager que de posséder », souligne-t-il.
ideXlab a détecté 5 millions d'experts
Pour Bernard Scherrer, directeur Innovation au sein du groupe EDF (2 000 chercheurs, 14 laboratoires communs avec plusieurs organismes de recherche), l'Open Innovation permet de jouer à plusieurs et de courir plus vite, la notion de temps étant liée au marché, à la concurrence. Pour EDF, qui n'est pas un fabricant, il faut trouver des partenaires, des PME souvent, pour mettre en oeuvre la propriété industrielle et la commercialiser. Et il existe aujourd'hui des outils pour détecter les compétences de façon beaucoup plus efficace qu'auparavant et se mettre en relation avec ceux qui les détiennent. « Nous avons développé une plateforme qui permet à une entreprise qui bute sur une question d'aller chercher des idées à l'extérieur », a expliqué de son côté Jean-Louis Liévin, président de la société ideXlab. « Nous avons détecté 5 millions d'experts à travers le monde dans tous types d'activités : physique/chimie, sciences humaines et sociales... ».
Si les grandes entreprises de plusieurs dizaines de milliers d'employés peuvent innover en circuit fermé, les PME font depuis longtemps de l'innovation ouverte, a souligné à sa suite Christian Travier, directeur de Laval Mayenne Technolopôle, qui accompagne à la fois des start-ups et des PME. Il relate l'expérience réalisée dans sa région où des étudiants en master de réalité virtuelle ont pu proposer des maquettes à des entreprises. Et cite l'exemple d'un mouliste qui a profité de cette initiative pour développer un outil de marketing expliquant son métier, outil que cette société emporte maintenant avec elle sur les salons internationaux.
800 start-ups identifiées en un an par EDF
« Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup concentrés sur notre capacité à détecter ce que font les start-ups. En trois ans, nous en avons identifié 800 et nous en rencontrons environ 100 par an », a indiqué pour sa part Bernard Scherrer, directeur Innovation d'EDF, en insistant sur l'intérêt à mettre rapidement à l'épreuve de petits projets en partenariat. Il donne l'exemple d'un GPS pour les véhicules électriques qui tient compte du relief et du vent, ou encore la start-up Greenpriz, en région PACA, et ses modules pour suivre sa consommation électrique utilisés dans les écoles et le tertiaire. Le président de Bell-Labs France cite par ailleurs le cas de GreenTouch, consortium d'acteurs IT lancé il y a deux ou trois ans avec l'objectif de développer des technologies permettant de réduire la consommation énergétique. « Il a été décidé d'associer tout le monde et de faciliter l'accès à la propriété intellectuelle si ces transformations devaient aller sur le marché », a expliqué Jean-Luc Beylat.
Le président de la plateforme ideXlab apporte de son côté son témoignage sur la recherche de compétences qui permettent de débloquer des situations. Après avoir cherché au Japon, au Canada et dans plusieurs autres pays, c'est en Allemagne, dans une PME spécialisée sur les fêtes foraines, qu'une solution a été trouvée sur une problématique de freinage sur des véhicules très lourds, « dans le domaine des courants de Foucault », relate Jean-Louis Liévin, qui fut précédemment directeur de la recherche et de l'innovation de British Telecom. « Autre exemple, on nous a demandé de travailler sur des problèmes de mouvements de foule, ce qui nous a amenés vers des spécialistes de l'hydrodynamique. » Reparamétrés, leurs modèles peuvent s'appliquer aux déplacements d'individus en groupes.
Un chantier autour de la propriété intellectuelle
Néanmoins, il arrive aussi que les bienfaits de l'Open Innovation peinent à se manifester concrètement. La démarche suscite-t-elle encore de l'espoir ou se teinte-t-elle de désillusion ? « On ne peut pas parler de désillusion », considère Jean-Luc Beylat. « Il y a un appétit assez clair et ce qui s'est passé dans les smartphones avec Android, ou dans le cloud avec des acteurs qui émergent vite, sont des cas concrets. Mais les gens n'ont pas été préparés et il y a un chantier autour de la propriété intellectuelle qui montre ses limitations. » Quand il y a trop de propriété intellectuelle, les coûts grimpent et il faut changer de modèle, souligne le président de Systematic. Il pointe aussi la réflexion menée dans le secteur public sur la monétisation de la propriété intellectuelle, alors que celle-ci devrait être réinjectée. « Il y a culturellement encore beaucoup de freins dans les pratiques et également beaucoup de méconnaissance, une mauvaise appréhension de ce qui se passe en ce moment », regrette-t-il.
Co-auteur d'un rapport sur la croissance des entreprises innovantes, remis en avril dernier, Jean-Luc Beylat, président d'Alcatel-Lucent Bell-Labs France, et également président du Pôle de compétitivité Systematic, a d'abord rappelé que la pratique de l'Open Innovation impliquait une volonté de partager du capital intellectuel industriel et de le porter jusqu'au marché. « Cela va au-delà du périmètre de la recherche partenariale et il y a de plus en plus d'exemples marquants, comme ce qui s'est passé dans l'écosystème des smartphones avec Android, dans l'Open Source, ou ce qui se passe en ce moment dans le cloud ». Ce sont des acteurs qui créent des dynamiques sur le marché avec leurs différences. Dans ce domaine, « il est plus important de partager que de posséder », souligne-t-il.
ideXlab a détecté 5 millions d'experts
Pour Bernard Scherrer, directeur Innovation au sein du groupe EDF (2 000 chercheurs, 14 laboratoires communs avec plusieurs organismes de recherche), l'Open Innovation permet de jouer à plusieurs et de courir plus vite, la notion de temps étant liée au marché, à la concurrence. Pour EDF, qui n'est pas un fabricant, il faut trouver des partenaires, des PME souvent, pour mettre en oeuvre la propriété industrielle et la commercialiser. Et il existe aujourd'hui des outils pour détecter les compétences de façon beaucoup plus efficace qu'auparavant et se mettre en relation avec ceux qui les détiennent. « Nous avons développé une plateforme qui permet à une entreprise qui bute sur une question d'aller chercher des idées à l'extérieur », a expliqué de son côté Jean-Louis Liévin, président de la société ideXlab. « Nous avons détecté 5 millions d'experts à travers le monde dans tous types d'activités : physique/chimie, sciences humaines et sociales... ».
Si les grandes entreprises de plusieurs dizaines de milliers d'employés peuvent innover en circuit fermé, les PME font depuis longtemps de l'innovation ouverte, a souligné à sa suite Christian Travier, directeur de Laval Mayenne Technolopôle, qui accompagne à la fois des start-ups et des PME. Il relate l'expérience réalisée dans sa région où des étudiants en master de réalité virtuelle ont pu proposer des maquettes à des entreprises. Et cite l'exemple d'un mouliste qui a profité de cette initiative pour développer un outil de marketing expliquant son métier, outil que cette société emporte maintenant avec elle sur les salons internationaux.
800 start-ups identifiées en un an par EDF
« Ces dernières années, nous nous sommes beaucoup concentrés sur notre capacité à détecter ce que font les start-ups. En trois ans, nous en avons identifié 800 et nous en rencontrons environ 100 par an », a indiqué pour sa part Bernard Scherrer, directeur Innovation d'EDF, en insistant sur l'intérêt à mettre rapidement à l'épreuve de petits projets en partenariat. Il donne l'exemple d'un GPS pour les véhicules électriques qui tient compte du relief et du vent, ou encore la start-up Greenpriz, en région PACA, et ses modules pour suivre sa consommation électrique utilisés dans les écoles et le tertiaire. Le président de Bell-Labs France cite par ailleurs le cas de GreenTouch, consortium d'acteurs IT lancé il y a deux ou trois ans avec l'objectif de développer des technologies permettant de réduire la consommation énergétique. « Il a été décidé d'associer tout le monde et de faciliter l'accès à la propriété intellectuelle si ces transformations devaient aller sur le marché », a expliqué Jean-Luc Beylat.
Le président de la plateforme ideXlab apporte de son côté son témoignage sur la recherche de compétences qui permettent de débloquer des situations. Après avoir cherché au Japon, au Canada et dans plusieurs autres pays, c'est en Allemagne, dans une PME spécialisée sur les fêtes foraines, qu'une solution a été trouvée sur une problématique de freinage sur des véhicules très lourds, « dans le domaine des courants de Foucault », relate Jean-Louis Liévin, qui fut précédemment directeur de la recherche et de l'innovation de British Telecom. « Autre exemple, on nous a demandé de travailler sur des problèmes de mouvements de foule, ce qui nous a amenés vers des spécialistes de l'hydrodynamique. » Reparamétrés, leurs modèles peuvent s'appliquer aux déplacements d'individus en groupes.
Un chantier autour de la propriété intellectuelle
Néanmoins, il arrive aussi que les bienfaits de l'Open Innovation peinent à se manifester concrètement. La démarche suscite-t-elle encore de l'espoir ou se teinte-t-elle de désillusion ? « On ne peut pas parler de désillusion », considère Jean-Luc Beylat. « Il y a un appétit assez clair et ce qui s'est passé dans les smartphones avec Android, ou dans le cloud avec des acteurs qui émergent vite, sont des cas concrets. Mais les gens n'ont pas été préparés et il y a un chantier autour de la propriété intellectuelle qui montre ses limitations. » Quand il y a trop de propriété intellectuelle, les coûts grimpent et il faut changer de modèle, souligne le président de Systematic. Il pointe aussi la réflexion menée dans le secteur public sur la monétisation de la propriété intellectuelle, alors que celle-ci devrait être réinjectée. « Il y a culturellement encore beaucoup de freins dans les pratiques et également beaucoup de méconnaissance, une mauvaise appréhension de ce qui se passe en ce moment », regrette-t-il.
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