« L'innovation, c'est la rébellion ! » affirme
Robert Bozza. Dont acte. A soixante-deux ans, ce scientifique a sauté le pas.
Lui qui était, il y a quelque temps encore, vice-président, chargé de la veille
stratégique et technologique de Veolia Environnement, a troqué l'univers
tentaculaire de ses 315.000 salariés pour rejoindre France Cleantech, une
société de conseil en stratégie et en investissements dans les technologies
propres, où oeuvrent une poignée de jeunes visionnaires.
A vrai dire, la carrière de cet amateur de vieilles motos, devenu ingénieur
chimiste dans les pas de son oncle, riche industriel, n'a rien de classique.
Avant de rejoindre l'Ecole de chimie de Paris, cet enfant d'immigrés italiens,
dont le grand-père artiste a sculpté le fronton du château de la Napoule, a
décroché une bourse pour devenir le premier polytechnicien de sa commune de
Mandelieu-la-Napoule. « Mon père était ouvrier pâtissier. J'ai fait
partie du 1 % d'ouvriers de ma promotion. Nous étions trois »,
raconte-t-il, l'oeil malicieux.
Total,
Rhône-Poulenc, Veolia
Après six mois sabbatiques où il sillonne l'Asie avec
son épouse, l'uniforme de l'X lui ouvre, en 1977, les portes de Total. A Metz,
d'abord, puis à Gonfreville-l'Orcher, au sein du management. Mais en 1982, le
choc d'un accident industriel, qui coûte la vie à un salarié, le convainc de
quitter l'univers des industries dangereuses. L'événement ravive, au passage,
l'envie de découvrir le monde, de cet idéaliste, fasciné par l'Asie, au point
d'avoir arpenté la Chine interdite en 1985. Il entre alors chez Rhône-Poulenc,
autre fleuron de l'industrie française, délaissant, au fil des postes, la
production pour l'art d'anticiper. Devenu patron de la stratégie et de la
planification, il n'hésite pas à sortir des technologies des cartons. « J'aime
bien être un défricheur », souligne ce baroudeur, envoyé ensuite au
Texas pour piloter Acreon, un joint-venture avec Engelhard Corp, puis en Asie,
comme directeur financier et des systèmes d'information du groupe devenu
Rhodia. Son dernier poste chez le chimiste ? Vice-président de Teris, sa
filiale commune avec Sita, spécialiste du traitement des déchets. Une voie
tracée vers Veolia Propreté.
Cultiver la
différence
Le poids lourd de l'environnement le nomme bientôt directeur
industriel de Sarp Industries, filiale dédiée aux déchets dangereux. Un
domaine, dit-il, où « l'innovation est incontournable ». Ce
dernier, par ailleurs actionnaire d'une start-up baptisée Viewpoint, en sait
quelque-chose. Car cet esprit indépendant, « authentique, doté d'une
soif d'absolu », selon son ami médecin, Jean-Pierre Marolleau, a
souvent innové. Le nouveau « senior adviser » de France Cleantech
conserve d'ailleurs précieusement dans son bureau quelques échantillons de
matériaux inédits qu'il a contribué à lancer. « La différence est
toujours une source de richesse. Je la cultive », dit-il, humblement.
Chez Veolia, ce père de deux fils fut, dès 2010, à l'origine du Veolia Innovation Accelerator, un programme visant à détecter les « clean techs », issues de jeunes pousses et susceptibles de bénéficier au groupe : déjà 13 partenariats ont vu le jour...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire