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D'après
Clayton Christensen, Jeff Dyer et Hal Gregersen, on possède tous cinq
compétences nous permettant d'innover.
Qu’est-ce qui constitue la singularité des innovateurs ?
En quoi sont-ils différents des autres individus ? La majorité d’entre nous
répond d’emblée : ils possèdent une particularité génétique. Chez certaines
personnes, l’hémisphère droit du cerveau est prépondérant, ce qui favorise
l’intuition et la pensée divergente. C’est une aptitude que certains ont et
d’autres pas. Mais que dit la science à ce sujet ?
Nos études confirment
d’autres travaux montrant que la créativité ne se résume pas à une particularité
génétique reçue en venant au monde, mais qu’elle peut être volontairement
développée.Cette hypothèse a été confirmée par l’étude
exhaustive de Marvin Reznikoff, George Domino, Carolyn Bridges et Merton
Honeymon, qui ont analysé les capacités créatives de 117 paires de vrais et faux
jumeaux. En observant des vrais jumeaux âgés de 15 à 22 ans, soumis à une
batterie de dix tests de créativité,
ils ont établi que seuls 30 % de
leurs performances étaient attribuables à la
génétique(1). Par opposition, environ 80 à
85 % des résultats aux tests d’intelligence générale (QI) relevaient de la
génétique
(2). Il ressort donc que l’intelligence générale (du moins
telle que la mesurent les scientifiques) a un fondement génétique, ce qui n’est
pas le cas de la créativité. L’éducation l’emporte sur la nature en ce qui
concerne la créativité.
Des innovateurs imitant d'autres personnes
Six autres études sur la créativité, menées sur de vrais jumeaux, vont dans
le même sens que les conclusions de Reznikoff et al. : ce que nous inventons ou
créons dépend pour 25 à 40 % de notre patrimoine génétique(3).
Ce qui
signifie qu’environ deux tiers de nos capacités de création proviennent de
l’apprentissage – d’abord de l’assimilation de la technique, ensuite de la
pratique et en dernier ressort de la confiance en notre aptitude à créer.
C’est une des raisons pour lesquelles les individus appartenant à des
sociétés qui privilégient la communauté sur l’individu et la hiérarchie par
rapport au mérite personnel, telles que le Japon, la Chine, la Corée et
nombre de pays arabes, ont peu tendance à défier le statu quo par la création et
à produire des innovations (ou à obtenir le prix Nobel). Bien sûr, plusieurs
innovateurs cités dans ce livre semblent disposer d’un don génétique.
Mais, et c’est important, ils expliquent souvent qu’ils ont acquis
leur talent d’innovateur en imitant l’exemple d’autres personnes qui
ont su les conforter dans leur prédisposition et leur inculquer la passion de
découvrir une nouvelle manière de faire. S’il s’avère que l’
on ne naît
pas innovateur mais qu’on le devient, comment procède-t-on pour générer
des idées révolutionnaires? La présente étude, comparant environ 500 innovateurs
à environ 5 000 Cadres/dirigeants d’entreprise, nous a permis de dégager cinq
compétences de découverte qui distinguent les véritables innovateurs des
cadres/dirigeants traditionnels.
La pensée associative ou "l'effet Médicis"
A propos des auteurs
-
Clayton Christensen occupe la chaire Robert et Jane Cizik à
la Harvard Business School. Il est considéré comme l'un des principaux experts
mondiaux de la festion de l'innovation et du changement technologique et a été
élu numéro 1 du Thinkers50, classement mondial des penseurs les plus influents
du business.
Jeff Dyer occupe la chaire Horace Beesley, à la Marriott
School de Brigham Young University, et est professeur adjoint à la Wharton
School.
Hal Gregersen est professeur de leadership à l'Insead. Il
est également coach et consultant.
Tout d’abord,
les innovateurs exploitent une capacité cognitive
spécifique que nous appelons la
« pensée associative » ou, tout simplement, l’
« association ». Il y a association quand le cerveau tente de
synthétiser et de donner un sens à des informations nouvelles. Ainsi est
favorisée l’exploration de nouvelles voies en établissant des relations entre
des questions, des problèmes ou des idées apparemment sans lien. Les percées
novatrices se produisent souvent à l’intersection de disciplines et de champs
divers.
L’auteur Frans Johanssen a décrit ce phénomène comme l’
« effet Médicis » en référence à l’explosion de création qui a marqué
Florence à l’époque où la famille Médicis avait pris sous sa protection les
représentants des arts et des sciences – sculpteurs, savants, poètes,
philosophes, peintres et architectes. Tous ces talents ont produit de nouvelles
idées au croisement de leurs domaines respectifs, inaugurant la Renaissance,
l’une des périodes les plus fertiles de l’histoire. Les esprits novateurs
jettent un pont entre des activités, des problèmes ou des idées dont les
corrélations échappent aux autres individus.
Quatre compétences qui forment le gène novateur
En
s'appuyant sur l'exemple de Steve Jobs, les trois auteurs développent les quatre
compétences du gène novateur.
Les quatre autres compétences de découverte favorisent la pensée associative
en aidant
les
innovateurs à accroître leur stock d’idées fondatrices d’où jailliront
des intuitions nouvelles. Les esprits novateurs adoptent fréquemment les
comportements suivants :
-
Le questionnement. Ils ne cessent de poser des questions qui
témoignent de leur soif de connaître et remettent en cause ce qui
existe, à l’instar de Steve Jobs quand il demandait : « Pourquoi un
ordinateur a-t-il besoin d’un ventilateur ? » Ils suggèrent : « Si nous tentions
cela, qu’arriverait-il ? » Comme lui, ils posent des questions pour
connaître la situation, la comprendre, évaluer si elle peut être modifiée ou
révisée et comment. Leurs questions impliquent d’envisager les choses sous un
autre angle, laissant entrevoir de possibles liens entre elles, des opportunités
et des voies à explorer. Les innovateurs affichent en permanence un rapport Q/R
(questions/réponses) élevé, dans lequel les questions non seulement dépassent en
nombre les réponses, mais sont également jugées aussi importantes.
-
L’observation. Les innovateurs observent avec soin ce qui
les entoure – les clients, les produits, les services, les technologies et les
entreprises – et en tirent des conclusions qui leur inspirent des idées inédites
ou de nouveaux modes d’action. À partir de ce qu’il a observé dans le PARC de
Xerox, Steve Jobs a imaginé le système d’exploitation révolutionnaire et la
souris du Macintosh, puis l’oSX, le système d’exploitation de
l’Apple.
-
Le réseautage. Les innovateurs consacrent beaucoup de temps
et d’énergie à trouver et à tester des idées à travers un réseau de personnes
aux opinions et aux parcours divers. Au lieu de réseauter à des fins sociales ou
pour trouver des ressources, ils recherchent activement de nouvelles
idées en s’adressant à des interlocuteurs susceptibles de leur fournir une
vision différente ou originale. Steve Jobs, par exemple, discutait
volontiers avec Alan Kay, un collègue d’Apple qui lui conseilla un jour : « Va
rendre visite à ces gars un peu dingues de San Rafael, en Californie. » Les
individus en question, ed Catmull et Alvy Ray, étaient à la tête d’une petite
société spécialisée dans les interfaces graphiques, Industrial Light &
Magic, qui créait des effets spéciaux pour les films de George Lucas. Fasciné
par leur activité, Jobs racheta l’entreprise pour dix millions de dollars, lui
donna le nom de Pixar et l’introduisit quelque temps plus tard en Bourse pour un
milliard de dollars. S’il n’avait pas discuté avec Alan Kay, il n’aurait jamais
acquis Pixar et le public n’aurait jamais eu le plaisir de voir des films
d’animation aussi charmants que Toy Story, WALL-E et Là-haut.
-
L’expérimentation. Ils tentent inlassablement de nouvelles
expériences et essaient des idées inédites. Ils explorent le monde, tant
intellectuellement que physiquement, échafaudant des hypothèses qu’ils testent
ensuite. Ils visitent des lieux nouveaux, expérimentent de nouvelles
solutions, recherchent des informations et lancent des essais pour
enrichir leur connaissance. Steve Jobs a multiplié les expériences tout au long
de sa vie – il a pratiqué la méditation, séjourné en Inde dans un ashram et
s’est initié à la calligraphie. Plus tard, ce vécu a été à l’origine de
plusieurs innovations d’Apple Computer.
Ensemble, ces compétences de découverte – la faculté cognitive d’associer des
éléments épars et l’habitude de poser des questions, d’observer, de réseauter et
d’expérimenter – forment ce que nous nommons le gène de l’innovateur, un code
générateur d’idées neuves.
Titre : Le gène de l'innovateur - Cinq compétences qui font
la différence;
Auteurs : Clayton Christensen, Jeffrey Dyer
et Hal Gregersen
29,95 €