Après l’ordinateur et le règne du "cliquer", le smartphone et l’ère du "toucher", une nouvelle révolution digitale est en marche avec la montée en puissance des assistants vocaux. Un nouveau monde du "parler" que les marques françaises encore peu investies sur le sujet doivent conquérir sans tarder, au risque de se voir une nouvelle fois imposer les règles du jeu par les géants du web.
En 2014, Spike Jonze imaginait dans le film
"Her" la rencontre amoureuse entre Théodore, fraîchement séparé, et
"Samantha", une voix féminine, intuitive et volontiers drôle. Née d'un
programme informatique ultramoderne capable de s'adapter à chaque
utilisateur, l'intelligence artificielle telle qu'imaginée par le
réalisateur visionnaire n'est plus, aujourd'hui, totalement une fiction.
Même si pour l'heure, les assistants
vocaux sont encore perçus comme "gadget" par les consommateurs, ils
devraient s'imposer rapidement dans nos foyers et les 1ers chiffres sont
parlants :
Aux États-Unis, 25 % des
foyers sont d'ores et déjà équipés d'un assistant vocal : c'était le
cadeau "must have" de Noël dernier. Et ce n'est qu'un début : Gartner
Group prévoit que 75 % des foyers américains seront équipés d'ici 2020 !
Google estime de son côté que d'ici 2021, 50 % des recherches seront vocales parce que la voix est jugée plus fiable et plus pratique que la recherche écrite (210 mots/minute à l'oral versus 70 à l'écrit et une réponse fiable à plus de 50 %), les assistants vocaux seront à coup sûr plébiscités par leurs utilisateurs dans les années à venir.
Google estime de son côté que d'ici 2021, 50 % des recherches seront vocales parce que la voix est jugée plus fiable et plus pratique que la recherche écrite (210 mots/minute à l'oral versus 70 à l'écrit et une réponse fiable à plus de 50 %), les assistants vocaux seront à coup sûr plébiscités par leurs utilisateurs dans les années à venir.
Cet
immense marché naissant attise la convoitise des géants du digital. Les
mastodontes bataillent pour équiper les foyers et devenir leur
interlocuteur unique. Sur les rangs : les GAFA, bien sûr, dont la
puissance devrait encore se renforcer. Ainsi, Google peaufine son
assistant vocal Google Duplex, qui permet de prendre des rendez-vous en
fonction de l'agenda, d'envoyer des mails. Cerise sur le gâteau : ces
assistants vocaux ont une rapidité et une capacité d'apprentissage
remarquables. Les poids lourds du e-commerce se lancent également dans
la course, comme Amazon, ou encore Tmall sur le marché asiatique.
Des enjeux considérables pour les marques
Pour
les marques, c'est donc une énième révolution digitale qui voit le
jour. Google, à l'origine de la première révolution, avait contraint les
marques à devenir des marques média et enclencher la bataille du
référencement. La seconde révolution est venue des réseaux sociaux qui
ont obligé les marques à engager le dialogue, à penser conversationnel.
Avec la troisième, emmenée par les applis mobiles, les marques ont du
penser "utilité" pour exister sur un smartphone où seule une trentaine
d'applications sont installées en moyenne. La quatrième révolution,
donc, sera celle du "vocal" et les questions que doivent se poser les
marques sont nombreuses.
a. Recherche vocale
La
recherche vocale va-t-elle impacter la visibilité des marques ? Nous
sommes déjà en train de constater une mutation du moteur de recherche en
moteur de réponse. Et les tests que nous pouvons actuellement réaliser
envoient un signal fort.
À chaque recherche vocale réalisée, Google ne
nous propose qu'une seule réponse (le fameux résultat 0)... Alors que
dans un moteur de recherche les internautes avaient le choix de cliquer
sur une multitude de résultats (publicitaires ou naturels), la recherche
vocale impose l'excellence pour continuer à exister.
Est-ce la fin de l'hégémonie Google ? Apple, Amazon, Tmall, etc. de nombreux acteurs souhaitent se partager ce nouveau marché,
et comme dans les 1eres années du web, il est fort à parier que le
marché saura se structurer, dans un 1er temps, autour de plusieurs
acteurs permettant une recherche vocale. Google conservera-t-il ses 95 %
de parts de marché dans un marché du Search en mutation...
b. Commerce vocal
Le
commerce vocal est-il l'avenir ? Domino's pizza, Amazon testent
actuellement des applications facilitant l'achat vocal, alors
qu'actuellement seuls 2 % des utilisateurs utilisent leur assistant
vocal pour acheter (source : The information) ou suivre l'état d'une
commande. Clairement les consommateurs privilégient encore les usages
basiques d'accès à la musique & aux news et n'ont pas encore le
réflexe vocal, mais pour combien de temps ?
Rappelons-nous du démarrage
des 1eres stratégies mobiles... un fiasco alors qu'aujourd'hui, le
commerce est devenu mobile.
Et si l'avenir
du commerce vocal était dans l'association voix/écran ? Le consommateur
fera-t-il confiance à une intelligence artificielle pour échanger,
interagir ou acheter uniquement par voix orale... pourquoi pas, après
tout il n'est pas rare de communiquer nos coordonnées bancaires à un
vendeur par téléphone. Mais il semble que l'un des enjeux sera également
de développer des stratégies complémentaires voix/écran permettant à
chacun de pouvoir engager un acte d'achat. Difficile par la voix
uniquement de réserver un logement à New York ou d'acheter une voiture
avec les finitions souhaitées. La vue reste, quoi qu'on en dise,
l'élément clé de décision dans l'achat digital.
Les marques françaises à la traine
On
l'aura compris : avec les assistants vocaux, une nouvelle mutation de
la marque s'impose. Reste à savoir quand et comment se lancer et à
dépasser certains freins. On le voit : outre-Atlantique, le marché des
assistants vocaux est déjà mature et certaines grandes marques sont
extrêmement avancées sur le sujet. La France, elle, accuse un retard
certain, avec 9 % seulement des Français qui ont fait l'acquisition d'un
assistant vocal, considéré encore plutôt comme un gadget qu'une
révolution comme a pu l'être l'iPhone.
La
faute en revient à des marques encore frileuses : elles ne sont qu'une
poignée à avoir développé des services et des contenus pour les
assistants vocaux. Même Sephora, l'exemple l'un des acteurs plus avancés
en France (*), ne propose encore qu'une expérience divertissante.
Monoprix, Darty, Engie, Guerlain, Pages Jaunes,... plusieurs "early
adopters" testent, tentent de construire une nouvelle relation avec
leurs clients.
Néanmoins les marques,
parfois encore enlisées dans des problématiques de transformation
digitale, n'ont pas encore appréhendé ce tsunami. C'est un tort. Nous en
appelons aux Chief Technology Officers et Chief Digital Officers et
tout autre acteur en charge du numérique : le combat sur les stratégies
mobile ou d'applications est déjà obsolète. C'est sur le vocal que la
bataille va dorénavant se jouer.
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