L’IT en
2030
La prospective… un sujet toujours délicat, qui doit
permettre à la créativité et à l’imagination de se projeter dans l’avenir tout
en gardant à l’esprit les réalités concrètes du business et des organisations
d’aujourd’hui. 2030 ne parait plus si lointain, et pourtant comment définir à quoi
les acteurs de l’IT – et le reste de l’économie – vont être confrontés en à
peine 15 ans ? La vitesse à laquelle le monde a changé depuis l’an 2000 en
est un rappel flagrant. Les invités du Club des Partenaires IT ont malgré tout
accepté de se prêter au jeu, mercredi 10 juin. Dans les salons de SwissLife
Banque Privée, le dernier dîner-débat avant l’été avait pour thème :
« L’IT en 2030″.
De l’économie collaborative à l’usine du futur, les
intervenants ont essayé de brosser le paysage de leurs univers respectifs, qui
– d’ores et déjà – change à grande vitesse. Il y a seulement 5 ans, rares
étaient d’ailleurs ceux à prédire le succès foudroyant d’un BlaBlaCar, justifié
d’après son CEO par une approche technologique fortement innovante, au côté
d’un business model différent. Parmi les facteurs les plus influents dans le
changement, mis en avant par les intervenants de la soirée, on retrouve des
phénomènes forts : l’Internet des Objets (IoT), l’agilité des hommes et
des organisations autant que celles de leurs outils informatiques, mais aussi
l’ouverture. Car, en filigrane des changements décrits par les participants à
ce dîner-débat du Club, l’importance de pouvoir échanger – en sortant de son
secteur immédiat de spécialité – apparait comme l’un des moyens les plus
crédibles pour pouvoir prévoir et s’adapter. De l’open-source à
l’open-prospective, en passant par l’open innovation… le temps où un acteur
seul pouvait espérer grâce à sa R&D imposer sa vision à plusieurs années
parait révolu.
Décryptage de nos intervenants :
- Pascal Brosset – Senior VP Innovation – Chief
Technology Officer – Schneider Electric
« Le monde de Schneider Electric est aujourd’hui
numérique. Dans la gestion des datacenters par exemple, avec des systèmes
fondamentalement techniques et complexes, tout est en train de changer. Des
bytes jusqu’au SCADA, ce monde était fermé, peu flexible… Face à la rapidité
des changements sur les marchés, les verrous sautent. De nouvelles approches
réseaux permettent à des capteurs autoalimentés, autonomes, de remonter dans le
cloud immédiatement toutes les données intéressantes, sans passer par la
multitude de couches complexes des systèmes historiques. Offrant à de nouveaux
acteurs la possibilité de s’en emparer.
Nous avons dû nous adapter en permettant la prise en compte
des possibilités de l’IoT jusqu’aux plus bas niveaux des pièces et des
composants. Le problème c’est que cela à en parallèle « ouvert la porte
aux Barbares » : nous ne sommes plus protégés par des protocoles
fermés, propriétaires, sur lesquels nous étions les seuls à avoir la main. Mais
jusqu’en 2030, de l’IoT au cloud, en passant par le software-defined network,
notre centre de gravité continuera de changer, vers beaucoup plus de
simplicité, d’accessibilité, d’optimisation, de flexibilité pour des structures
qui ne l’étaient pas du tout par avant, des usines aux mines, en passant par
les raffineries. »
- Thierry Bardy, Vice-Président Open Innovation et Business
Développement d’Orange Labs
« Nous avons initié il y a peu COP2030, un
club d’open-prospective. Comme dans tout grand groupe, il est toujours délicat
d’appréhender les sujets d’avenirs, plus ou moins lointain, en des termes qui
permettent de définir ce qui va changer concrètement pour l’entreprise. Nous
avons essayé d’ouvrir le plus possible cette réflexion à la créativité et à la
sérendipité, et nous avons étendu notre groupe originel au-delà de ses
frontières initiales, en intégrant d’autres acteurs. Entre 2010 et 2015, nous
voyons maintenant que nous avons évolué d’une économie de l’attention à une
économie de la contribution, du partage… Quels vont être les évolutions
suivantes ? Pour scénariser des pistes possibles, il faut être plusieurs,
amenant des visions différentes – être capable d’organiser le transfert de la
prospective à la R&D. Pour prévoir, il est essentiel d’être ouvert et de
travailler en mode collaboratif. C’est une obligation pour réussir dans un
monde aussi complexe. Il faut aller chercher au-delà de son secteur, en
utilisant le dénominateur commun à tous : la technologie, les plateformes
informatiques, qui sont autant de plateformes de mise en relation. »
- Philippe Dewost, Directeur adjoint en charge
de l’économie numérique – Mission programme d’investissement d’avenir à la
Caisse des dépôts
« Quand on évoque la dissolution de la DSI dans les
années à venir, les gens entendent « disparition » alors qu’il s’agit
exactement du mouvement contraire. Emmanuel Macron souhaitait il y a peu voir
le CAC40 renouvelé pour 75% à horizon 2030. J’ai la conviction profonde que le
quart restant sera celui où le DSI sera entré au Comex, profitant d’un
changement de génération et d’une adaptation forte. Mais ce n’est pas tout, à horizon
2030, l’un des plus grands différenciateurs pour les organisations aura été
l’Internet des Objets. On peut imaginer que la loi de Moore aura fait son
travail, au-delà de la multiplication déjà exponentielle du nombre d’objets
lui-même. Les deux combinés vont rendre, d’après une étude récente, très
difficile la gestion des écosystèmes d’objets de manière centralisée, changeant
la nature des approches technologiques autant que des business models. Le peer-to-peer
ne sera plus seulement une histoire de piratage qu’une nouvelle forme
d’organisation de nombreux systèmes complexes. Une logique qui se voit bien
avec une rupture technologique aussi forte que Blockchain, alors que tous les
regards se contentent d’observer uniquement son premier usage, le bitcoin. ».
- François Stephan, Directeur de Programme, IRT
SystemX
« En 2030, la ligne 18 du métro sera opérationnelle et
reliera la capitale avec le cluster Paris-Saclay. Ce plateau exceptionnel
réunit énormément d’intelligence et de matière grise, des grandes écoles, des
universités, des laboratoires de recherche, des centres R&D de grandes
entreprises de Danone à Safran. L’IRT SystemX est au cœur de cet
écosystème : nous sommes le bras armé du pôle de compétitivité Systematic,
pour avancer beaucoup plus vite sur certains sujets technologiques de pointe,
où l’innovation vient souvent des jeunes pousses. Nous les aidons à entrer en
relation avec les grands groupes, avant tout autour des problématiques
techniques les plus complexes à résoudre. En mélangeant au sein d’un même lieu
des profils et parcours différents, nous débloquons l’innovation. Parmi nos
sujets de prédilection : aider les très grands à être beaucoup plus agile
dans leur ingénierie ; permettre à l’écosystème français de se positionner
sur le transport autonome, comme le font Google, Apple ou Uber ; enfin
développer les Smart Territories, du transport jusqu’à la gestion de l’eau,
afin de rendre plus attractifs et compétitifs tous les territoires. »
Le prochain dîner aura lieu mercredi 7 octobre 2015.
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