"Nous souhaitons initier l'open prospective en créant
le COP Club Open Prospective" Thierry Bardy
Début 2014, une poignée de collaborateurs d'Orange décident
de se réunir deux fois par mois pour parler
d'avenir. Un an plus tard, c'est près d'une trentaine d'entreprises qui sont
invitées à participer au "Club Open Prospective 2030", un groupe de
réflexion dont les résultats prendront notamment la forme d'un magazine
imaginaire publié en 2031.
Rencontre avec l'instigateur de cette démarche
iconoclaste, Thierry Bardy, Vice-Président Open Innovation et Business
Développement d'Orange Labs.
Quelle est votre
définition de la prospective ?
Vous commencez probablement par la question la plus
difficile ! In fine, l'objectif est
bien de s'extraire de la tyrannie du court terme pour nourrir des réflexions
stratégiques prenant en compte l'évolution du monde et de notre écosystème
direct. Mais il ne s'agit pas d'une simple observation passive. Bergson disait
que "L'idée du futur est plus
fertile que le futur en lui-même" : nous pensons également que le
travail de réflexion prospective apporte intrinsèquement des connaissances
précieuses sur le système observé, son fonctionnement, ses réactions… De plus,
nous espérons bien peser sur notre avenir ! Autrement dit, nous préférons nous
inscrire dans une logique où le futur est à inventer, que dans une démarche de
prévision.
Comment êtes-vous
passé d'un rendez-vous informel entre collègues à un club "open" interentreprises
?
A l'origine, nous étions effectivement 8 collaborateurs à
plancher régulièrement. Rapidement, nous avons constaté d'une part que cela
donnait des résultats probants, qui pouvaient intéresser d'autre collaborateurs
de la maison, et d'autre part que l'on pouvait améliorer la réflexion en
l'ouvrant à d'autres profils (d'âge, de métier, de formation…). Nous avons donc
partagé le projet, baptisé "Blue Orange", avec différentes entités
d'Orange au travers d'ateliers lors desquels les participants produisent des
scenarii sous la forme d'articles de journaux du futur. Ces sessions nous ont
permis d'affiner nos outils et méthodologies, et surtout de placer le curseur
temporel à 2030. Puis nous avons pris conscience de la nécessité d'élargir
encore la démarche à des partenaires externes, issus de secteurs d'activités
variés : le Club Open Prospective 2030 était né.
Son lancement a eu lieu fin mars 2015 en présence d'une trentaine de membres comme
Alderabaran Robotics, Arte, Valéo, Bosch, EDF, GdfSuez L'Oreal, BNP Paribas, Total, La Poste, Club Med, Arte, l'ADEME, Renault, SNCF, DCNS, Michelin, France TV , Fing, le pôle universitaire Leonard de Vinci…
Son lancement a eu lieu fin mars 2015 en présence d'une trentaine de membres comme
Alderabaran Robotics, Arte, Valéo, Bosch, EDF, GdfSuez L'Oreal, BNP Paribas, Total, La Poste, Club Med, Arte, l'ADEME, Renault, SNCF, DCNS, Michelin, France TV , Fing, le pôle universitaire Leonard de Vinci…
Quelle sera la
méthodologie de travail ?
Merci de souligner qu'il s'agit d'un vrai travail. Nous y
sommes très attaché : c'est un club où l'on doit produire de la valeur ! La
méthode consiste essentiellement en un "serious game" autour de la
rédaction d'un magazine imaginaire, présentant une photographie de l'année 2030
sous plusieurs angles socio-économiques. Pour alimenter la réflexion des
participants, nous avons identifié 12 lignes de fractures (ndlr : voir
encadré), que nous croisons avec 60 leviers de transformations (par exemple : nanotech,
drones, robot, colonisation de l'espace, cleantech, mooc…). Les équipes
recevront donc une ligne de fracture et deux ou trois leviers, assortis de
quelques contraintes (par exemple des conflits entre acteurs d'un marché,
l'apparition de nouvelles réglementations…) puis auront le champs libre pour se
documenter et rédiger leur article. Bien sûr tout ceci sera agrémenté d'outils
collaboratifs en ligne.
Comment allez-vous
partager les résultats ? Et avec qui ?
Tous les membres (ndlr : l'accès au club se fait par
cooptation) auront accès à tous les travaux, sur le mode "creative
commons"*. Libre à eux de les utiliser à une échelle stratégique et/ou comme
outil d'animation et de créativité pour leurs équipes. On peut aussi imaginer
la diffusion d'une partie des résultats à plus grande échelle, dans les médias,
pour les partager avec nos filières, les pouvoirs publics, et le grand public. Tout
cela reste à décider avec les premiers membres du COP 2030.
* Creative commons :
inspirée de la mouvance "open source", cette organisation à but non
lucratif (USA) a créé des licences-type de mise à disposition d'œuvres
particulièrement souples afin d'en favoriser le partage.
Les douze lignes
de fracture identifiées par le COP 2030 :
-
Sos, planète terre !
-
Demain, 9 milliards de terriens
-
Mégalopoles Vs déserts
-
Le capitalisme en quête d'un second souffle
-
Travailleurs cherchent emplois
-
La montée des inégalités
-
Le bonheur en 2030
-
L'individu hypermoderne vs l'action collective
-
Internet : instrument de libération ou de
répression
-
De l'homme réparé à l'homme augmenté
-
Apprendre à l'âge robotique
-
Cherche gouvernance pour monde complexe
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